Passé et regrets

Aelie

Que fait Vitalie en ce moment ?

Selinda dort profondément à côté de moi. Je me demande comment elle fait ? J'ai dormi peut-être trois heures.
Je songe au baiser que Vitalie et moi avons échangé quelques semaines auparavant. Je sens encore le goût de ses lèvres contre les miennes, son souffle sur ma peau mais je regrette tellement qu'elle ai fait ça. Même si je paraissais naturelle auprès d'elle, dans ma tête, tout était différent... Et en isolement, je me suis mis à y penser encore plus et ça me faisait souffrir. Je me torturais toute seule. Quand la lourde porte de la cellule d'isolement c'est ouverte sur Selinda, j'y ai vu un échappatoire...

Cette dernière bouge légèrement à côté de moi puis elle ouvre ses yeux en baillant :
- T'es réveillée depuis longtemps ?
- Environ six heures.

- Tant que ça ?! et t'es resté là tout ce temps ? T'aurais dû me réveiller !

- Non, sûrement pas ! Il faisait nuit alors je me suis dit que je pouvais aller marcher quelques heures.

- Et si il t'était arrivé quelque chose ? Il faut plus qu'on se sépare ! Rien ne nous protège désormais à part nous même et l'autre.

- Je sais, je suis désolé, c'était idiot.
- C'est pas grave, c'est juste une règle qu'on doit mettre en place entre nous.

- Bon, je suppose qu'on va passer pas mal de temps ensemble et vu qu'on à la vie et la liberté de l'autre dans les mains, le mieux, c'est qu'on se dise tout maintenant pour éviter les mauvaises surprises. Tu penses pas ?

- C'est pas faux... Mais ça va être compliqué...

- On ne se juge pas à propos de tout ce qui s'est passé avant ou pendant notre détention.

Elle prit un profonde inspiration :

- Ma sur et moi avons été condamnées à 20 ans de prison pour avoir torturé et tué un homme. Notre ancien manager, en fait. On était toutes les deux mannequins à l'époque, on a posé et défilé pour de grandes marques. Et puis un jour, on a appris que notre manager comptait nous virer parce qu'on était trop "grosses". On faisait quasiment de l'anorexie à cause de ses conseils !

Alors on s'est rendu chez lui et... Une semaine plus tard, les flics était à la maison. Ils sont vite remontés jusqu'à nous.

Et à partir du procès, avec ma sur, on a commencé à s'éloigner. Nos parents ne cherchent même plus à nous voir depuis notre arrestation. On étaient leurs sublimes petites filles modèles et puis on a tué cette homme. Je n'avais plus de parents, plus de sur et plus de carrière possible, murmura-t-elle en essuyant ses larmes. J'ai pas résisté, je l'ai prise dans mes bras malgré le fait que nous nous détestions il y a moins de 24h :

- Il s'appelait...
- Marcello Anderson, j'ai deviné.
- C'est pour ça que je t'ai sauté dessus, hier. c'est comme si t'avais remué mon malheur, celui que je tente d'oublier depuis quelques années. Je suis désolée... chuchota-t-elle dans mes cheveux blonds.
- C'est pas grave, j'imagine pas ce que tu as du ressentir à ce moment.
- Je ne souhaite cette sensation à personne, a-t-elle murmuré en se relevant, déterminé.