Passé et regrets

Sergent J.Hower

Je fais les cents pas dans mon bureau, l'esprit préoccupé. Les fugitives me mettent dans une situation délicate : la police me met la pression, je mets la pression aux gardiens, la situation financière de la prison empire chaque jour, les prisonnières sont de plus en plus difficiles à gérer. Le stress m'empêche de dormir la nuit. Il me change. Je deviens désagréable, agressive, irritable. Heureusement, aucun homme n'a plus à me supporter depuis longtemps.

Il y en a eu un, il y a longtemps. On s'est rencontré au lycée, une erreur de jeunesse et une petite fille est venue illuminer ma vie. Lui est parti au bout de trois mois de grossesse. J'ai tenté du mieux que j'ai pu d'élever mon rayon de soleil. Je lui ai donné le prénom de ma grand-mère.

Chaque jour, je me dis que j'ai pas aussi bien réussi que je ne le pensais. Mon service militaire m'a éloigné d'elle... Je ne l'ai pas vu grandir : durant son enfance, j'étais en Afghanistan. Je l'ai "rencontré" à l'âge de 10 ans. Notre seul et unique lien est seulement génétique.

On toque à la porte de mon bureau. Il y a quelques minutes, j'ai demandé à Ahodren de m'apporter Eowyn. La porte s'ouvre sur le séduisant gardien et sa détenue. Je les fait asseoir sur deux chaises et m'installe derrière mon bureau.

- Vous devez sûrement vous demander pourquoi je vous ai fait venir ?

- Je vais pas vous cacher que cet entretien me rend perplexe, fait le gardien Ahodren.

- J'ai besoin de vous deux.

- En quoi pouvons-nous vous être utile, Sergent ?

- J'ai besoin que vous jouiez les taupes , je m'explique : vous, gardien Ahodren, vous interrogerez vos collègues afin de déterminer si l'un d'entre eux aurait pu aider les fugitives à s'évader. Et vous, détenue Eowyn, vous questionnerez vos codétenues pour savoir lesquelles aurait éventuellement eu des problèmes avec les évadés. J'ai besoin de vous, je vous en prie. J'ai de la pression de mes supérieurs, il faut que je mène une enquête au sein de la prison.

Eowyn et Ahodren réfléchisse quelques instants :

- Très bien, j'accepte mais à une seule condition, une prime sur mon salaire, fait le gardien en se levant.

En revanche, la détenue est réticente. Elle plisse les yeux comme pour essayer de voir si mes intentions s'afficheront sur mon visage.

- Je refuse. Espionner mes camarades pour vous, plutôt crever, fait elle en se levant également.

- Très bien, je me débrouillerai pour trouver une autre taupe.

Je suis déçue car je considérais Eowyn comme ma meilleurs chance de pouvoir enquêter au sein des détenues.

Je les raccompagne tous les deux à la porte et au moment de franchir le pas, j'attrape Eowyn par le bras et lui chuchote :

- Je t'en conjure, fais attention à toi. Je suis si inquiète.

- Je sais. Je ferais attention, maman.