Passé et regrets

Eowyn

Ce matin, réveil brutal après un cauchemar violent. Je me suis levée, en sueur, tremblante de la tête jusqu'aux pieds. Ma main est venu machinalement caresser les petites cicatrices sur mon ventre causé par des balles, il y a quelques année de ça...

A la sortie du réfectoire, la gardien Ahodren et moi marchons côte à côte. Le silence s'est installé entre nous, je sens que sa curiosité le fait bouillir d'impatience :

- C'est bon, pose la ta question, fais-je en souriant. J'ai eu le droit hier, à toi maintenant !

- Comment t'as fait pour en arriver là ? Dans cette prison, je veux dire.

-C'est idiot, j'ai honte de cette histoire...

- J'ai été franc, à toi de l'être, je te jugerais pas.

- Quand j'avais 17 ans, je suis tombée amoureuse d'un garçon en apparence bon sous tous rapports. Après un an de relation, un emménagement ensemble un peu rapide et des absences répétés quasiment tous les soirs, j'ai fini par lui poser un ultimatum : soit il m'explique, soit je le quitte même si ça me brise le cur. Il m'a finalement expliqué qu'avec des amis de l'université, ils braquaient des petites banques...

- Il t'a sorti ça comme ça ?! Et puis, il a pas hésité à propos de ton ultimatum ?

- Ils avaient besoin de coéquipiers donc me convaincre grâce à du chantage de les accompagner était sa solution. J'ai accepté et j'ai découvert qu'ils se réunissaient dans un vieux hangar miteux non loin de chez nous. Ses potes étaient des bourrins sexistes et gras. Mais ils avaient tous de la suite dans les idées...

Rapidement, j'ai réussi à les convaincre de les accompagner. La première année était super, on se faisait du pognon, ça ratait jamais. C'était jouissif cette montée d'adrénaline lorsque tu pénètres dans la banque et que tu braques ton arme sur les clients.

Au fur et à mesure, les affaires et nos relations se dégradaient doucement : on passait notre vie à s'engueuler. Je sais pas pourquoi je suis restée avec lui ? Par dépit, je suppose...

Un jour, tout a basculé. J'avais 21 ans. On braquait une plus grosse banque que d'habitude, il avait levé la main sur moi la veille. Je sais pas ce qui s'est passé. On s'est fait chopper par les flics. En essayant de m'enfuir, je me suis fait tirer dessus. Cinq balles sont venues se loger dans mon ventre. Ils ont réussi à presque toutes les retirer. Il me reste des cicatrices.

- C'est trop te demander que de les voir ?

Je soulevais mon uniforme et montrais mon ventre. Cinq petits cercles rosés s'y dessinaient.

- Bon, la suite, tu t'en doutes... Un procès, le verdict et l'enfermement.

- T'as pris combien ?

- Six ans. J'ai déjà purgé trois ans.

- Tu regrettes ces années ?

- Je sais pas vraiment...

Nous sommes finalement arrivés devant l'atelier. Les souvenirs continuent à m'assaillir : en parler à Ahodren en remuent des bons et des mauvais. J'entre dans l'atelier, confuse.