Milio

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Mes pas résonnent dans le couloir, de manière précipitée. Je suis sorti de la réunion du Sergent depuis une vingtaine de minutes mais je suis restée discuter avec Aslan beaucoup trop longtemps. Si je ne suis pas auprès de Syara dans deux minutes chrono, c'est mon poste encore récent que je mets en jeu. Je dois traverser les bâtiment qui constituent le pénitencier et ça risque de prendre beaucoup plus de deux minutes. Je ne suis pas fier de moi. Même pas une semaine que je suis arrivé et déjà, je fais des conneries.

Je me suis tant battu pour ce poste. L'armée, les études, l'avis négatif de mes parents sur mon choix, tant de choses que je ne regrette certes pas mais qui m'ont tant coûté. Lorsque tout mes amis du lycée allaient en boîte boire et s'envoyer en l'air, je passais mes soirées à faire du sport pour pouvoir intégrer l'armée. Après mes examens, j'ai passé un an dans une base de formation. J'ai terminé major de ma promo et ils m'ont envoyé en Syrie. Trois ans de ma vie ont été passé dans un camp non loin d'Alep. Les combats étaient rudes et féroces. Trois ans en état d'alerte permanent. A la longue, c'est terriblement épuisant : j'ai demandé à être rapatrié.

J'ai survécu à la guerre mais c'est un accident de voiture qui a manqué de me faire rencontrer la mort. Plusieurs mois au fond d'un lit d'hôpital, une greffe de poumon et je sortais avec une idée en tête : devenir gardien. J'avais déjà ma formation de soldat et le sang froid nécessaire alors passer le test physique ne fut pas compliqué mais le test psychologique fut plus difficile à réussir. Je sais être social et diplomate tout en étant ferme. Je crois que je ferai un excellent père. Malheureusement, il me manque une présence féminine dans ma vie. Alors rien ne m'empêche de rester plus longtemps au travail. Personne ne m'attend dans mon petit appartement.

Je cours maintenant à perdre haleine. J'aperçois l'entrée du réfectoire et m'y engouffre. Dieu merci, elle n'est pas encore sortie : elle discute avec Eowyn dans un coin tout en grignotant son pain. Elle m'aperçoit mais n'a aucune réaction. Je respire profondément avec le nez, histoire de calmer mon coeur qui bat à mille à l'heure à cause de l'effort.

Un petit quart d'heure plus tard, elle se décide à se lever. Et passe devant moi sans aucun commentaire. Je lui emboîte le pas et c'est ainsi que notre journée commence.

Passé et regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant