Eowyn

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Ce matin, il pleut des cordes sur la prison. Les gouttes claquent contre les vitres et les lumières clignotent sans arrêt. Je reviens du réfectoire. La pendule accrochée au mur blanc immaculé du couloir, indique qu'il est 9h du matin. Mes yeux me piquent encore à cause du manque de sommeil.
Je suis un peu perdue, en ce moment. Surtout que le départ de Selinda et Aelie a mit un sacré bazard dans cette prison. Cette fugue, c'est comme si on s'était toutes faites arracher un petit bout de nous-même. On a trouvé une famille de substitution, ici. On s'entend toutes bien (à quelques exceptions près...). Mais c'est tout de même dur. Si on est là, c'est qu'on a pas fait qu du bien autour de nous...

Je tourne l'angle du couloir mais je m'arrête soudainement. Deux voix familières discutent en chuchotant. Je me colle contre le mur et observe la scène qui se déroule dans un coin reculé du couloir : ma mère et Aslan discutent frénetiquement. J'ai l'impression d'observer une discussion intime. Ce qui me gêne énormement. Leurs corps sont proches comme si ils souhaitaient que leurs messes basses ne s'échappent. Ils semblent vraiment proches, ce qui me répugne un peu : Aslan est à peine plus vieux que moi ! Je sais que ma mère est seule depuis bien longtemps et que la solitude doit commencer à lui peser mais il n'empêche que je dois afficher une mine de dégoût. Ils se rapprochent encore plus puis le gardien lui murmure une bêtise à l'oreille qui l'a fait éclater de rire. Finalement, leurs lèvres s'amarrent l'une à l'autre et je repars, arrivée à un stade où je ne peux plus encaisser.

Passé et regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant