Passé et regrets

Vitalie

Je suis sur les nerfs depuis la fuite d'Aelie : chaque personne qui m'adresse la parole récolte un regard noir, je fais des cauchemars terribles si j'arrive à dormir et j'ai failli me faire envoyer en isolement par le Sergent. Il faut que j'apprenne à me maîtriser, ça fait longtemps que j'avais pas péter les plombs comme ça. Je ne crains que ça empire avec le temps et l'absence d'Aelie.

Aslan ne me lâche pas d'une semelle, il a dû consulter mon dossier... Ce dossier et ce passé que j'ai jusque là réussi à dissimuler au reste des prisonnières. Ce dossier qui dit que je suis dangereuse. Plus que toutes les filles de cette prison. Ce passé que je tente d'oublier mais qui ressurgit lentement et dans lequel je m'enfonce.

J'ai peur de moi-même.

J'avance dans le couloir, suivi d'Aslan dont les bottes résonnent lourdement dans le couloir. Arrivée à l'entrée des douches collectives, je réussi enfin à lui fausser compagnie. Il s'adosse à côté d'Ahodren et du nouveau, Milio, je crois.

La salle de bain est d'un jaune criarde, la peinture se détache des murs, le sol et carrelé et des miroirs situés au dessus des lavabos sales, il en manque trois. Le bruit de la douche qui coule derrière deux rideaux tirés m'indique qu'effectivement, Eowyn et Syara s'y trouve. L'une des deux fredonne.

L'eau coule de manière désordonné sur mon dos. Le savon glisse le long de ma joue. Je frotte frénétiquement ma peau comme pour effacer mes idées noires. Comme si le savon allait me faire tout oublier.

Mon reflet me fixe dans le vieux miroir : mes yeux noirs et fatigués, mes cheveux corbeau et ternes, ma peau tanné et couverte de petites particularités : des tâches de dépigmentation. Je commence à me brosser les dents quand Eowyn sort de la douche dans une serviette rapiécée, les cheveux trempés. Un sourire barre son visage. Elle s'essore les cheveux.

- Dis donc, t'as mauvaise mine ! C'est Aslan qui t'en fais baver ? C'est un vrai con, je suis bien placée pour le savoir. Hower l'a obligé à me surveiller comme un chien de garde pendant les deux dernières semaines parce que je me suis foutue d'Ahodren.

- Ahodren te traite correctement malgré le fait que vous soyez pas les meilleurs amis du monde ? demandais-je, curieuse. La conversation avec Eowyn m'empêcher de penser à Aelie dehors.

- Il essaie de pas être trop désagréable... dit-elle, un sourire imperceptible. Je m'attendais à ce qu'il soit plus imbuvable que ça quoi !

Elle clôt la discussion en remontant sa braguette de pantalon. Elle sort de la salle de bain, les cheveux encore mouillés mais semble peu sans soucier.

Syara écarte le rideau et s'approche de moi doucement.

- Tu tiens le coup ?

J'explosais en sanglot.