Selinda

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On roule depuis une journée à bord la voiture qu'on a volé devant la supérette, en se relayant chaque heure. Les fenêtres sont grandes ouvertes et le soleil descend sur l'horizon. Aelie est au volant, le bras en dehors. Elle fronce les sourcils et rabat le clapet au dessus de sa tête. Elle est plutôt jolie en fait : elle aurait eu sa chance dans le mannequinat si elle n'était pas si petite. Je respire profondément et regarde par la fenêtre le paysage défiler devant mes yeux :
- Tu crois qu'elles pensent à nous ? demande Aelie.
- Aucune idée.
- Ta sur pense sûrement à toi non ? Elle doit s'inquiéter.

- Franchement, j'en ai aucune idée...

La conversation s'acheva sur ma phrase.

Nous trouvâmes finalement, un petit motel miteux sur le bord de la route. Nous fîmes escale sur le parking. En descendant de la voiture, Aelie souleva un problème :

- On peut pas dormir dans le motel. Comment on paiera notre nuit ? A moins que tu n'ais de l'argent sur toi ?

- La voiture s'impose alors ! Elle est pas inconfortable donc la nuit devrait bien se passer.

- Tu crois qu'on peut au moins aller leur demander des couvertures ?

- On est des criminels alors pourquoi demander ? Allons les piquer directement ! fis-je dans un clin d'il.

Nous nous dirigeâmes prudemment vers l'arrière du motel et repérâmes une échelle qui courait le long du mur et desservait les deux étages à la manière des immeubles new yorkais. C'en était presque trop facile. Convaincues par une fenêtre du dernier étage, une chambre de bonne en apparence vide nous réussîmes à briser la vitre et pénétrâmes à l'intérieur. La porte donnant sur le couloir à l'extérieur était bloqué comme si la chambre était inoccupée depuis longtemps. Toutefois, elle était dans un bon état. Un petit lit, une toute petite salle de bain et une petite coiffeuse. La tentation était trop grande : nous nous regardâmes et nous fîmes un grand sourire.

- Est-ce que finalement, la Range Rover s'impose ? On a une petite chambre douillette et une douche ! Allons chercher nos sacs et installons nous ici quelques jours ? Laissez retomber un peu l'affaire, se planquer ?

- C'est l'Univers qui nous envoie cette planque ! fait Aelie en levant les bras vers le ciel.

On est redescendu à toute vitesse en oubliant d'être discrètes. On a couru à la voiture, attrapé nos affaires et remonté les escaliers en quatrième vitesse, toutes excitées.

Une heure plus tard, alors qu'Aelie occupait la salle de bain, je m'étendais sur le lit, une boîte de conserve au maïs finit à mes côtés. Exténuée, je m'endormais enfin après trois jours de fuite.

Passé et regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant