☆ Chapitre 3 et Chapitre 4 ☆

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III.

J’étais à la bourre de dix minutes.

Quand je suis entrée dans l’hôtel, j’ai repensé aux mots de Mme Birmigan. L’endroit était tellement prestigieux que j’en suis restée bée. C’était la première fois que je venais ici. Quand j’ai gravi l’escalier dont le sol brun chocolat me servait presque de miroir tant il était luisant, je me sentais vraiment comme une princesse dans son palais. Et puis lorsque je suis parvenue dans le hall, un groom m’a délicatement souri. Mignon, mais sans façon.

Oui, je n’ai pas oublié ma trêve anti-rancard.

Il s’est approché de moi et a désigné mon manteau :

—Puis-je vous débarrasser de cela ?

J’ai rigolé, amusée de la situation et j’ai délicatement enlevé mon  pardessus.

—Très certainement.

Je le lui ai tendu et je suis partie. L’entrée était déserte mais on entendait des bruits de couverts cliqueter et des personnes rires et discuter avec verve. Sans doute là où le brunch avait lieu.

Du coin de l’œil,  j’ai repéré deux gars me mater avec admiration. A croire que j’étais la nouvelle star que New-York se devait encore de présenter sous les projos ! Manquait plus que le tapis rouge.

J’ai continué à marcher comme si je savais où je me rendais alors que ce n’était point du tout le cas ! Le hall super immense avait ce même sol rutilant châtain précis. J’ai avancé jusqu’à la grande rosace au milieu et j’ai regardé autour. Je me trouvais entre deux grands escaliers et il y avait dans les coins, des sièges en voltaire pour le confort, et quand, impressionnée, j’ai levé le regard vers le plafond, mes yeux se sont arrondis. Si vous aviez vu la sorte de gros lustre montgolfière qui menaçait de me tomber dessus avec sa structure ambrée et ses pampilles de cristaux et de verre !

J’en restais sur le cul.

La voix guillerette de Susane m’a stoppée dans ma contemplation.

—Fascinant, n’est-ce pas ?

Elle m’a lancé un de ces sourires heureux : j’ai vu toutes ses dents en live !

—Oui, en effet, me suis-je avancée vers elle alors qu’elle venait aussi en ma direction.

Elle m’a fait la bise et à reculer pour m’examiner :

—Dis donc, tu as fière allure !

J’ai souri encore une fois. Ça faisait des lustres que je n’avais pas entendu quelqu’un me lancer ça – sauf quand j’allais travailler. Mais comme l’avait dit Megan, il y a fort longtemps que je n’avais pas remis le nez dehors.

Je lui ai retourné le compliment.

—Toi aussi, tu es resplendissante.

Elle s’est accordée à mon bras. Susane faisait le même taillage que moi. Mais sans les escarpins, de nous deux, c’était moi la plus grande. Elle était vêtue d’une robe cocktail blanche en mousseline (sans doute une création Versace) et était montée sur des talons Louis Vuitton.

Ses cheveux blonds avaient subi un brushing remarquable.

Susane avait du chic, vraiment. Pour une femme de 51 ans, elle avait la classe.

Mais Manhattan, c’était ça. Le luxe, la gloire et l’argent.

Susane avait tout ça. C’était une femme très admirée ici. Elle menait calmement sa vie depuis déjà un demi-siècle, et sa fille qui ne se faisait – heureusement – pas remarquer, vivait dans un loft luxueux, derrière Central Park. Seul hic, son job. Mais Megan et moi s’étions arrangées pour que Susane n’en demande pas sur le sujet. C’était la chose à contourner d’urgence lors d’une conversation avec la mère Summers.

BREF, j'ai une touche !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant