[ PARTIE II ] ☆ Chapitre 7 ☆

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                                                                       “It will be okay…”

C’est la première fois depuis milles ans que je m’ennuie au boulot. Chose super anormale, en passant. Personne à qui parler, dossiers classés minutieusement par ordre alphabétique, ordre d’adresse, par date. 

Plantes arrosées jusqu’au rebord des pots. Vitres en verre astiquées, pas la moindre poussière en vue. 

Et malgré l’occupation forcée, je me sentais seule au monde. Megan était sans doute dans son bureau de rédactrice en train de concocter le meilleur papier jamais écrit au monde. 

Quant à Liam, il était au tribunal durant toute la matinée. 

Je ne voulais pas déranger Susane. Depuis qu’elle avait pris la grosse tête pour devenir comme toutes les grosses mégères friquées, je l’évitais au plus. 

Je ne pouvais pas parler à Miles… Miles… était-ce réellement mon frère ? Mon frère, un dealer ? Mon frère un cacheur de troubles ? MON frère ?

J’aurai aimé parler à Austin de tous mes tracas mais j’avais déjà envoyé une première lettre assez chargée de cas similaire, je ne voulais pas l’embêter avec une seconde missive. 

Je n’étais même pas sûre qu’il lise ma première lettre… Rester en contact par correspondance, il ne m’en avait jamais parlé. Et puis, c’est un chef d’entreprise… Il doit vraiment être bousculé. Il a bien trop de choses à gérer entre cela, ces parents, les aléas de la vie, Katie, moi… Je suis en trop dans cette liste. Je me serais bien effacée de l’ardoise.

Une voix cuisante m’a réveillé parmi les décombres de mes pensées. Une voix métallique, masculine qui ne cessait d’hurler. 

« OUVRE LA PORTE. OUVRE LA PORTE. JE GELE ICI ! » 

J’ai soupiré en fixant l’interphone. J’étais prise d’un engourdissement dont je ne voulais absolument pas me débarrasser. Je ne voulais pas permettre l’entrée dans le bâtiment à Miles. Qu’est-ce qu’il faisait là d’ailleurs ? Il n’est pas censé desservir tous les morphimanes de la ville ? 

« ALLEZ BRITNEY, JE SAIS QUE TU M’ENTENDS ! »

J’ai claqué des talons jusqu’à la porte d’entrée et ait appuyé furieusement sur le bouton :

—Tu sais pas à quel point j’aimerai être sourde, là, tout de suite ?!

Qu’est-ce qui te prends subitement ? T’es sûre que ça va ? Laisse-moi monter ! Tu m’inquiètes !

Ah oui, mais bien sûr ! Maintenant tu ressens de l’inquiétude pour moi. Ben voyons !

Je me suis appuyée contre le mur, fermer-ouvert les yeux. Je perdais la boule. 

[…]

C’est vrai que j’avais vite changé d’humeur entre hier et aujourd’hui. Maintenant qu’on était sur une piste pour l’affaire d’Anna, le fait que maman ait eu un cancer me turlupinait vraiment. 

Je me suis longtemps demandée si Miles avait pensé à elle, l’avait appelé pour se renseigner de son état, savoir si elle se portait bien… Puis, je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’il avait touché à un sachet de poudre ou je-ne-sais trop quoi et j’ai, dans ma bulle d’irritation, pas besoin de savoir quoique ce soit à ce sujet.

« BRITNEY, OUVRE-MOI ! »

J’ai appuyé sur le bouton permettant l’ouverture de l’entrée en soupirant. 

BREF, j'ai une touche !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant