BREF, j'ai une touche !

[ PARTIE II ] Chapitre 11.

XI.

Durant le trajet en direction de Springfield, personne n’avait parlé. Du moins, ne m’avait parlé.

Et je n’y tenais pas, car je n’étais pas certaine d’être en mesure de répondre à quiconque. Les questions affluaient, nombreuses, de plus en plus.

Miles et Megan s’étaient appropriés la banquette arrière, comme un couple de divas. J'ignorais si oui ou pas, Liam s’était interrogé au sujet de notre amitié, mais je voulais savoir si on était au stade « Ne nous causons plus, tu veux. » mais c’était un peu inutile, ç’avait déjà commencé. 

Il continuait de conduire sa Land Rover comme si de rien était, occupé à rouler et rouler et rouler. 

Je me souviens avoir beaucoup dormi, et beaucoup écouté ces deux chansons : Breathe Your Love – Jasmine V & Wonderwall – Oasis.

Je n’avais besoin que de ces trois éléments : le chauffage, ma musique, la paix. 

Puis, plus rien. J’avais sombré dans les méandres du sommeil.

Le bruit de l’impact me réveilla en sursaut. Secouée, je regardai autour de moi. Toujours cette atmosphère i-tech, tendance, siège en cuir crème, tableau de bord jamais égalé et blabla. Mon frère, Megan et Liam avaient désertés. Je me retournai vers ma vitre où je pouvais apercevoir Megan se jeter sur Miles dans la neige, non, excusez-moi, elle était à califourchon au-dessus de lui, se munissant de neige dans chaque main. Deux boules de neige se sont aplaties sur le pare-brise, me faisant de nouveau détourner le regard vers la source. Le tireur en question, c’est Liam.

Pourquoi lui ?

Furibonde, je suis sortie de voiture après m’être chaussée de mes bottes, de m’être vêtue de mon gilet en motifs de flocons de neige et de mon écharpe. J’avais mis un pied dehors, premier pas sur la Lune.

Liam m’a vite reconduite au coffre de la Rover où se superposaient les valises de tout un chacun. 

―L’on dirait que notre marmotte s’est réveillée ! s’est-il enjoué.

J’ai roulé des yeux et l’ai flingué de mon regard de marmotte pas très d’humeur.

―T’es sérieux ? Un moment tu restes silencieux comme une tombe, et là, tu joues la radio. 

Liam haussa des épaules et prit ma valise alors que je lui répétais que je pouvais me débrouiller seule mais monsieur voulait montrer quel gentleman sommeillait en lui. 

Avant de ranger la voiture dans le garage du chalet, on devait d’abord la décharger, comme avait dit l’hôte de la maison.

L’hôte de la maison… 

―Tu fais ça pour impressionner ta belle ? ai-je continué de suivre Liam dans ses allés-retours avec ses valises deux tonnes.

Après avoir déposé la dernière valise devant l’entrée de la grande porte, il s’est redressé, le regard ferme :

―Arrête, tu n’y aies pas du tout.

La voix qui menace, oula, je l’avais bousculé, c’est certain.

―Ça va vous deux ? 

Megan avançait en direction de nous, avec Miles, main dans la main. 

―Ouais, avons-nous râlé en chœur avec Liam.

Ils s’arrêtèrent aux marches du perron où je les rejoignis pour examiner le chalet dans lequel j’allais passé deux jours de mon existence. Le froid se faisait dûment ressentir, on était en assez haute altitude, à vrai dire.