quatrième fragment

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Pdv Estelle :

Cela fait environ 25 minutes que je tourne dans le quartier pour trouver une place de parking. Emily, assise sur la banquette arrière, pourrait m'aider mais elle est trop occupée à stresser pour me prêter attention. Elle se ronge les ongles. Je trouve ça dégoutant. Elle est en train de ruiner sa manucure.

- Em, putain, fais pas ça dans ma voiture.

- Mais tu ne comprends pas, je stresse à mort. Peut-être qu'ils ne vont pas aimer notre musique, peut-être qu'en fait ils se sont trompés, qu'on a pas gagné. Peut-être qu'ils vont ...

- Ta gueule Emily ! Tu vas me faire stresse avec tes conneries. Notre chanson est bien alors arrête de t'angoisser. Et aide moi à trouver une place sinon on va être en retard.

Elle se redresse un peu en marmonnant dans sa barbe. J'entends quelques injures mais je préfère ne pas relever. Quand elle est stressée Emily peut-être extrêmement susceptible. Je fais encore une fois le tour du pâté de maisons quand Emily se met à crier et à gesticuler sur la banquette arrière ;

- Une place, une place ! A gauche Estelle !

Je me gare et sors de la voiture. J'attrape mon sac à main qui contient les papiers et notre démo. Je consulte mon GPS une dernière fois ; le rendez-vous est à une centaine de mètres, sur une rue piétonne. Le trottoir en pavé me fait regretter d'avoir sorti mes talons hauts pour l'occasion.

En 5 minutes, nous arrivons devant un vieux bâtiment à la façade propre. Les balcons sont soignés et fleuris par des jardinières de toutes les couleurs qui embaument la rue. Je sonne à l'interphone. Au bout de quelques instants une voix résonne ;

- Oui ?

J'hésite un peu.

- Bonjour, c'est Emily Lio et Estelle Hernandez. On est là pour les entretiens. On fait partie des gagnants du concours pour le Festival Lada...

- Montez, me coupe la voix. Troisième étage, deuxième porte.

La lourde porte en bois s'ouvre pour nous laisser passer. Le hall d'entrée est impressionnant ; en pierres grises et très haut de plafond, il me donne l'impression d'être minuscule. Ça y est je commence à stresser. J'attrape la main d'Emily et la serre très fort contre la mienne. Elle ne fait aucun commentaire et se dirige vers l'ascenseur. Nous montons les étages et sortons au troisième. Je repère vite la deuxième porte et sonne. Une plaque en argent, accrochée au mur, annonce ; « Mr. Lambert, expert de l'évènementiel ». La porte s'ouvre et nous nous engouffrons à l'intérieur. Une femme en tailleur stricte s'écarte pour nous laisser passer puis disparaît dans l'appartement. Je serre contre moi mon sac à main ; l'immensité du cabinet dans lequel nous venons d'entrer me donne la chair de poule. Tout est blanc, en passant par le sol, les fauteuils, jusqu'aux stylos posées sur les tables, blanches elles aussi. Seules les affiches du festival, placardées au mur, brisent la blancheur des lieux. De grandes fenêtres laissent entrer la lumière du jour.

- Ouah ! Ça fait mal aux yeux putain, grimace Emily.

Je lui donne un coup de coude dans les côtes.

- Aie !

Elle fronce les sourcils. D'un geste du menton je lui désigne le bureau au fond de la pièce. L'homme au costume bleu de la publicité est assis sur un grand fauteuil en cuir blanc derrière une table en verre. Quand Emily réalise qu'il a surement dû entendre sa remarque, elle rougit et baisse les yeux, confuse. Elle ne semble pas se décidée à s'avancer vers lui la première alors je prends mon courage à deux mains et m'approche de lui.

L'amour des étoiles filantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant