Neuvième fragment

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Pdv Estelle ;

J'ai passé la fin de soirée avec Evan et Jess. En quittant l'entrainement, j'étais stressée et énervée mais ils ont su me mettre à l'aise. Nous sommes allés nous poser à la terrasse d'un petit café sur les quais de Seine. Le soleil réchauffait agréablement ma peau et mon mojito glacé m'apportait la touche de fraicheur qu'il me fallait. Une cigarette à la main, mes lunettes de soleil sur le nez, je sentais l'été arriver à grands pas.

Jess est une fille incroyable ; elle suit des cours à l'université et travaille en même temps dans un petit restaurant en tant que serveuse. Elle est totalement indépendante. Quand je pense que je taxe encore de l'argent à ma mère, je me sens ridicule.

- Je peux demander à ma patronne si elle embauche, si tu veux, m'avait-elle proposé.

- Ouais ça serait génial ! J'ai vraiment besoin d'argent en ce moment.

Elle m'avait donné le mail de sa patronne pour que je lui envoie mon CV ; mais à pars un stage à Nocibé en 3éme, mon parcours professionnel est aussi vide que mon compte en banque. Je doute sérieusement qu'elle me réponde un jour.

En vérité, je travaille déjà un peu ; je ne peux pas me permettre de n'avoir aucun revenu. Tous les jeudi soir, je pose pendant 2 heures aux Beaux-Arts contre un petit salaire. Ajouté à ce que me verse ma grand-mère en échange de mes « visites », il me permet de m'acheter des fringues de temps en temps et de payer mon loyer. Je suis plutôt à l'aise avec mon corps ; ça ne me dérange pas de poser en culotte-débardeur devant une dizaine d'étudiants armés de crayons et de pastels. Ils ne me voient pas comme une fille à moitié nue, mais comme une silhouette féminine dont il faut rendre les formes, les courbes, les lumières. Je ne suis plus vraiment moi, je suis une femme sans visage, sans identité ; et j'aime cette sensation. Quand, à la fin des séances, je vais voir les desseins que les étudiants ont fait de moi, je me trouve désirable, féminine et sensuelle.

Quant à Evan, j'ai dû me concentrer pour fermer la bouche et éviter de baver devant lui pendant 2 heures. En plus d'avoir une plastique plus qu'agréable à la vue, il est super doué et passionné par la musique. Il est plus âgé que moi ; il va sur ses 25 ans ; et habite à seulement quelques minutes de chez moi. Quand je lui ai fait remarquer que nous étions presque voisins, il m'a offert un sourire tellement craquant que j'ai dû me retenir pour ne pas le prendre en photo.

« Peter, pour toi je me contiens, pas de photos ; si ça c'est pas une preuve de fidélité ! »

Je les ai quittés sur le coup de 22 heure et suis rentré directement chez moi. Après 45 minutes d'embouteillage, j'ai enfin pu poser mes fesses sur mon lit qui ne m'avait jamais autant manqué. Ça fait d'ailleurs une demi-heure que je n'ai pas bougé de là, trop occupée à me mettre à jour dans mes séries préférées.

Je suis allée sur YouTube en rentrant pour écouter le travail de ce « Nekfeu ». Je dois avouer que c'est... pas mal. C'est différent de ce que j'ai l'habitude d'écouter mais si je fais bien attention aux paroles, je suis conquise. Je comprends mieux pourquoi certaines personnes qualifient le rap de « poésie moderne ».

J'ai vu qu'il faisait partie de plusieurs groupes mais je ne suis pas allée voir. Assez de rap pour la soirée.

Vers minuit, je me décide à me bouger pour me faire à manger. Je soupire en ouvrant mon frigo ; c'est le néant. A part un demi oignon, une bouteille de ketchup et du fromage râpé, mon frigo est désespérément vide. Je me résigne à ne pas diner et me prépare une tisane avec du miel, comme celle que ma mère me faisait quand j'étais petite.

Je souffle sur ma tasse brulante et avale une gorgée en faisant attention de ne pas me bruler la langue. J'essaye d'appeler Emily en FaceTime mais elle ne répond pas.

L'amour des étoiles filantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant