Onzième fragment

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Pdv Estelle ;

J'ai plutôt mal dormi ; j'ai fait des rêves ultra bizarres. J'étais déjà réveillée quand mon réveil a sonné. J'ai pris une douche bien froide histoire de me rafraichir un peu ; c'est ça l'inconvénient d'habiter sous les toits il fait toujours hyper chaud. J'ai dû me pencher sous la douche pour éviter de mouiller mes cheveux et ruiner mon superbe lissage. Résultats ; je me suis cognée au moins 5 fois le coude et j'ai le visage tout rouge. Super.

Je m'habille des premières affaires qui sortent de mon armoire. Je dis bien sortent parce que clairement, mes fringues ont une volonté propre ; j'ai beau les plier, les empiler soigneusement, les classer par couleur, par taille et par matière le lendemain c'est toujours Verdun dans mes tiroirs. Aujourd'hui je suis plutôt satisfaite ; j'ai les cheveux lisses et le visage bronzé ; je ressemble à quelque chose, et comme ma grand-mère se plait à me le rappeler, c'est loin d'être toujours le cas.

Je jette un coup d'œil à ma vieille montre en cuir que j'ai depuis le lycée ; je suis en avance. Je m'affale dans mon canapé et allume mon téléphone. Hier j'ai envoyé un message à Emily, plutôt énervée. J'avais prétendu de ne rien savoir.

A Emily ;

Tu ne m'as pas dit ; il y avait qui à la soirée de Ken ?

En deux secondes top-chrono elle m'avait répondu ; c'est ça l'avantage d'avoir une meilleure amie avec le téléphone glué à la main.

De Emily ;

Bah il y avait pleins de gens que je ne connaissais pas et des amis de Ken ; ils étaient sympas mais rien de fou. Tu n'as pas loupé grand-chose. D'ailleurs tu t'es mis à l'appeler Ken ! Je croyais que tu voulais dire que Nekfeu.

Devant tant de mauvaise foi, j'avais décidé de ne pas répondre. Je n'avais « pas loupé grand-chose » ? Mais elle se foutait de ma gueule, en plus. J'avais ouvert son message pour qu'elle ait la petite notification « vu » mais j'étais tellement énervée que si j'avais répondu, je pense que je l'aurais insultée et ça aurait été moche, très moche.

Je souffle de lassitude ; je vais devoir m'embrouiller avec elle et je n'aime pas vraiment ça ; à chaque fois qu'on s'engueule ça prend toujours des proportions énormes et on arrête de se parler quelques jours. 99% du temps on s'adore mais dès que l'une commence à souler l'autre, ça part en freestyle. J'adore Emily et je lui dois beaucoup mais elle est super susceptible et moi très rancunière, alors forcément c'est un cocktail explosif.

Je dois aller la chercher en voiture vu que je suis la seule à avoir le permis mais je n'ai vraiment pas envie de la voir pour l'instant. Non seulement elle « oublie » de m'en parler mais en plus quand je lui demande franchement - ou presque- si elle a vu Steve Arnold, elle me dit que non. J'ai son message bloqué en travers de la gorge.

Je sors de chez moi en retard ; même quand je suis prête en avance je trouve toujours des choses à faire bien plus importantes qu'aller en cours ; me refaire une manucure avec mon nouveau vernis bordeaux, par exemple. Je descends les escaliers de mon immeuble en courant et manque de rentrer dans une vieille dame qui passe devant moi. Je me rue dans le métro et envoie un SMS bidon à Emily.

A Emily ;

Ma voiture ne démarre pas. Dsl je ne peux pas venir te chercher. Je prends le métro

Rassurez-vous, ma voiture marche très bien. Je n'ai juste aucune envie de rester une demi-heure enfermée dans l'habitacle de ma petite Peugeot avec Emily.

Je mens comme je respire, c'est une deuxième nature chez moi. Quand j'étais petite et que je faisais des conneries, je faisais croire à mes parents que c'était la faute de mon jumeau ou qu'il m'avait forcée à le faire. Quand j'étais une jeune ado rebelle, je disais à ma mère que j'allais dormir chez Emily alors que je sortais en boite avec mes amis plus âgés. A force de pratique, je suis passée maitre dans l'art du mensonge. Je mens à ma grand-mère quand je lui dis que j'aime sa nouvelle robe, je mentais à ma professeure de danse quand je lui disais que, oui j'ai bien fait mes étirements, je mens à la caissière du Franprix quand je lui dis que le compte y est, que j'ai bien compté alors qu'en fait non. De toute façon, c'est eux qui me volent les premiers ; 5 euros le pot de Nutella, mais pour qui se prennent-ils ?

L'amour des étoiles filantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant