Quatorzième fragment

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Point de vue Estelle ;

Elle s'est assise sur les marches en pierre grises de l'entrée. Je m'approche doucement. J'ai la respiration un peu irrégulière ; ça fait dix minutes que je la cherche partout.

- Je ne savais pas que tu voyais les choses comme ça.

Elle ne sursaute même pas ; je ne dois pas être très discrète.

- Tu aurais dû m'en parler, j'ajoute en m'asseyant à côté d'elle. Je suis ta meilleure amie, tu sais que tu peux tout me dire.

- J'avais honte.

Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire par là.

- Oui, je sais que c'est étrange mais j'avais honte de penser cela. Tu es toujours là pour me soutenir, me dire que je suis géniale, que je fais du très bon travail, et moi qu'est-ce que je fais ? Je te jalouse bêtement.

Sa voix est triste. J'espère qu'elle ne va pas pleurer ; je ne sais pas comment gérer ce genre de situation. Je déteste voir les gens pleurer. Elle évite mon regard et fixe résolument le bitume.

- Crois-moi, tu es la fille la plus talentueuse que j'ai jamais rencontrée, je lui assène avec force. Tu as travaillé dur pour être là où tu es aujourd'hui ; dans la meilleure école de musique de France ! Tu peux être fière de toi ! Non, mieux, tu dois être fière de toi, je lui dis en lui tournant la tête de façon à ce qu'elle me regarde. Tu ne dois pas être jalouse de quiconque. Laisse ça aux petites pétasses prétentieuses sans talents. Tu es beaucoup trop intelligente et douée pour ça.

Je vois de la gratitude dans son regard et cela me réconforte. Je ne suis pas une meilleure amie si nulle, après tout.

- Merci, elle ajoute simplement. Je suis encore désolée d'avoir agis comme une amie de merde. Je suis désolée de t'avoir menti.

Elle se lève en se frottant les bras, un peu gênée. Je lui prends la main et lui dis en souriant ;

- Allez viens, on sèche cet après-midi. Je dois déjeuner avec Peter, tu peux venir si tu veux, et après on ira faire les boutiques toutes les deux.

- Avec quel argent ? elle demande en riant.

- Tu n'inquiètes pas on trouvera bien. J'ai eu ma paye des Beaux-arts la semaine dernière. Et je dois bien avoir un ou deux vieux trucs à ma grand-mère que je pourrais vendre sur eBay. Elle ne le saura jamais.

- Je ne pense pas que quelqu'un veuille acheter les vieilles robes de ta grand-mère ! Je suis désolée mais elle a des gouts de chiottes.

- Je suis d'accord avec toi. Mais bon, l'espoir fait vivre !

Nous rions un peu ensemble. On commence à remonter la rue vers la brasserie ou Peter m'attend pour déjeuner. Il est adossé à la façade d'un immeuble et regarde son téléphone. Il est très beau avec sa veste en jean et son skate à la main ; très « Bad boy » à l'américaine. Quand Emily l'aperçoit, elle se tourne vers moi.

- Je n'ai pas trop envie de tenir la chandelle entre toi et Roméo, alors je vais vous laisser tous les deux, ok ? On se retrouve dans deux heures chez moi.

Elle me plante un baiser sur la joue et s'en va. Elle habite juste à cote d'un énorme centre commercial ; l'idéal pour aller dévaliser les magasins. Dommage que l'on soit aussi fauchées.

Je suis assise avec Emily à la terrasse d'un café. Je sirote distraitement un thé vert glacé pendant qu'Em est penchée sur son téléphone. Mes pieds me lancent ; je n'aurais jamais dû troquer mes baskets confortables contre des sandales. Faut dire que faire les magasins ça crève.

L'amour des étoiles filantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant