De retour dans sa baraque pavillonnaire pourrie, bannière étoilée hissée et pelouse minutieusement taillée, McConnan enfila son équipement sport.
Il consistait en un slip kangourou en coton, un marcel auréolé unicolore blanc et des chaussettes sport à bande horizontale unique – noire – mettant en valeur l'élastique à virgule.
Sa préparation était un long rituel qui ne changeait jamais : il s'agissait pour lui d'un moment tout aussi jouissif que l'acte lui-même, l'introspection du sportif avant la compétition, l'attente euphorique du voyageur à l'aéroport avant le départ tant attendu. Lorsqu'il enfilait son slip en coton où une rayure verticale de merde séchée zébrait le délicat tissu, il repensait au sentiment de contentement qui l'avait envahi jusqu'à le faire s'oublier dans un éclat fécal liquide. Il s'était oublié de plaisir à la vue de la poitrine de la femme. Ses organes sexuels contrariés, son plaisir se manifestait par des coliques aiguës qui mouillaient ses sous-vêtements. Il se chiait dessus de plaisir.
L'immonde marque du fond de son slip et les souvenirs qu'elle lui remémorait lui donna l'envie de rechercher dans son carnet « d'artisanat pratique » le récit de sa découverte. Plus qu'un carnet, il s'agissait plutôt d'un album, un scrapbook où s'entremêlaient récits d'expériences, photos, schémas, commentaires pour l'amélioration technique et rendu graphique.
Il ouvrit le carnet à l'entrée « petit scalp » qui se trouvait entre « Fricassée de lobes » et « déco-cutter » puis relut patiemment sa description de l'acte quasi chirurgical, l'esthétique en moins. Ca avait été l'un des premiers tourments qu'il avait infligé à la femme qui se trouvait maintenant dans son sous-sol miteux, et il n'en était pas peu fier.
Il avait prit la femme après l'avoir vue entrer dans la baraque de meth-head de Park Street. Il l'avait suivie et interpellée alors que cette dernière s'était introduite dans l'appartement vide pourtant barré des sceaux rouges des scellés du bureau du Shérif Ducan. Ca avait été toute une scène :
- Madame, que faites-vous ici ? Et les scellés ?
La femme, qui avait entendu le député monter les escaliers d'une respiration forte et courte l'attendait à l'entrée de la cuisine. Cependant elle ne s'attendait guère à voir un représentant de l'ordre, et encore moins un député aussi mal charpenté pour le job. Quand il la vit, il remarqua une légère surprise sur son visage mais pas le dégoût habituel que son aspect produisait chez ses congénères. La surprise était donc double.
Comme il l'avait supposé en la voyant entrer dans le bâtiment, la femme était effectivement une pute, et pas des beaux quartiers, ce qui expliquait en partie se réaction ; elle en avait vu d'autres... Des gros dégueulasses en tout genres, des putains de tordus aux déformations physiques et mentales abominables ; des hommes à l'herpès congénitale qui boursouflait les sexes à les rendre difformes et dont la maladie s'étendait jusqu'aux cuisses qui s'infectaient ; les vésicules pleines de pus et de virus éclatant dans les charges vide-couilles des pervers enfin assouvis. Des putains de manchots qui la fourraient avec leurs moignons putrides, des amis bienveillants qui venaient offrir leur premier coup à des trisomiques découvrant leurs capacités corporelles, des nains qui se vidaient sauvagement dans l'espoir de se délester des injustices vécues, des gothiques-dark side-vampire qui se tripatouillent devant la femme indisposée, des tétras baveux poussés vers le plaisir par leurs femmes militantes de l'assistance sexuelle, des prêtres aux couilles rétractées jouissant dans un torrent d'insultes, de plaisir et de culpabilité ; des femmes aux organes répugnants tombant sur le bas des cuisses, des visages cassés, coupés, fissurés, griffés, amputés, scarifiés, tailladés, crevassés, fendus, ou défigurés.
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Trash America
Mystery / ThrillerDans une Amérique en dislocation, un jeune homme, Tommy Beau, tente de se sortir d'un monde violent , celui d'un ghetto où la loi du plus fort prévaut. Abandonné par ce qui lui reste de famille, il ne survit qu'à la force de ses poings et de ses con...