II

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Rick ouvrit la porte menant à l'arrière-boutique.

- Ici nous serons tranquilles messieurs.

Dans la petite pièce sans fenêtres, éclairée par une unique ampoule tombant du centre du plafond, se trouvait une table en bois massif recouverte de papiers variés qui dégueulaient des chemises à élastiques deux rabats. Au départ, Rick avait mis en place un code couleur : jaune pour les achats, bleu pour les ventes, rouges pour les factures à payer, vert pour l'inventaire. Il avait tenu le vieux con... au moins une année et puis, petit à petit, les papiers avaient commencés à trainer, des jours puis des semaines... Une fois que la rigueur avait manquée, le système avait pété. Maintenant, il y en avait des tas dans tous les coins, factures, prospectus, étiquettes, catalogues, livrets, flyers... Mais, dans la petite pièce de 15 m2 envahie par les papiers qui recouvraient les murs jusqu'au plafond, deux espaces avaient été libérés sur les murs, juste assez pour accrocher un poster d'un trèfle à trois feuilles sur fond blanc – le vieux fou était un « irlandais pur-sang » comme il disait – et le poster d'une playmate aux proéminents seins nus qui avaient dû être allègrement recouverts d'huile de monoï. Le vieux disait que quand il regardait le poster il pouvait sentir l'odeur des gros « boobs » à la délicate odeur de monoï.


Disons que c'était pas de la meilleure impression pour les flics.


Il dit aux Shérif et au député de s'installer. Le Shérif refusa au grand dam de McConnan.


Le député était une grosse merde. Il suait de tous les pores de sa peau ravagée par une acné tardive. Sa gueule avait et était rongée par des problèmes de peau. S'il n'avait pas eu de plaques d'acné purulentes sur le visage, sa face aurait été celle d'un mec qui avait eu la petite vérole. Il était putain de répugnant, sa sueur ruisselait entre les cratères blanchâtres pour venir se fixer entre les plis de son double menton porcin. A chaque mots articulés, qui n'étaient pas si fréquents, – peut être d'une manière inconsciente d'ailleurs – c'était la peur de se faire rincer de pus qui prenait son interlocuteur. Chaque mouvement des lèvres, c'était le risque de voir une plaque de boutons craquer dans une éruption infâme. Le gros porc aux pores malsains cumulait les handicaps avec un malheur qui aurait pu être touchant s'il n'avait pas été aussi immonde. Au-delà de son corps débile et obèse, sa carrure même était un supplice aux yeux. Les pieds rentrés en un V inversé qui supportaient des jambes anormalement maigres pour un bide d'une taille démesurée. Son ventre, point culminant entre de gros seins tombants qui juraient avec les tétons fermes de la playmate et des jambes rachitiques, laissait l'impression d'un déséquilibre permanent. D'ailleurs il n'y manqua pas, à peine rentré dans le bureau que sa bedaine fit tomber une pile de documents qu'il ne prit pas le temps de ramasser. Il se cala finalement dans un coin du bureau où il se mit à tourner avec force la mèche de sa mulette bouclée d'où quelques gouttes de sueur s'écoulaient sur sa chemise orangée.


A côté de lui, le Shérif, dans un autre genre, était pas mal non plus. Lui, c'était le Cowboy, le looser affirmé, fier de l'être, qui gare son pick-up GM de travers parce qu'en fait, il en a rien à foutre car c'est le Shérif. Le genre d'homme qui ne met jamais le pied dans un quartier pauvre, et qui, quand il le fait en profite pour tabasser le premier noir qui passe, histoire de faire le métier. C'est le Shérif de cette Amérique blanche qui n'a jamais accepté l'égalité. Le mec qui file des leçons de morale, raciste comme pas deux et qui, la nuit venue, choisit la pute noire la plus dégueulasse pour se la taper salement en l'humiliant car finalement un noir c'est bon, mais que dans un lit. C'était une crevure en uniforme, une vache à crever.

Trash AmericaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant