XI - (seconde partie)

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Tommy s'empara d'une clé de frappe et la balança violemment contre la bécane.

Mike se releva en vitesse, etonnament vif pour ce physique pataud et regarda médusé le jeune homme qui était apparu de nulle part. Il coupa le moteur, éteignit la radio.

- T'es totalement con sale bâtard !

- Ferme ta gueule enculé. C'est quoi cette putain d'histoire de came ?

- Occupe-toi des tes affaires. Sais pas de quoi tu parles.

- Espèce de connard. Où est ma mère ?

- J'en sais rien. D'ailleurs, si tu la vois, dit à cette grosse pute de rentrer à la maison. Y'a du ménage à faire. Dis lui qu'elle à intérêt à rentrer au plus vite sinon elle va prendre cher.

Les regard de Tommy était tombé sur le ceinturon de l'homme. Des taches de sang étoilaient le cuir imprimé de Colts.

Ça ne fit qu'un tour. Tommy était en ébullition, une colère montait en lui, lui faisait vibrer le bide, descendait dans ses jambes qu'il sentait là, sous lui ; conscient d'un coup de son corps, de ses extrémités qui se faisaient présentes à son esprit sous la violence du sang balancé avec fureur par son coeur douloureux. Ses billes se rétractaient sous la préconscience de la baston qui arrivait, des coups qui s'échangeraient. Pas de plaisir, juste l'envie de redonner à ce bâtard ce que sa mère avait reçu, de redonner à cette enflure de confédéré ce que son peuple antique avait souffert. Lui qui n'avait pas été élevé dans l'esprit revanchard des peuples soumis et exterminés, dont la culture indienne était un non-dit honteux sentait se déchaîner en lui un flot d'injustices centenaire, un subconscient transmis par sa mère, les réminiscences des discriminations silencieuses. Si Tommy n'avait pas grandi dans un environnement indien, trop douloureux pour sa mère qui avait tout fait pour s'échapper de la grandeur passée de son peuple, il avait pris conscience de ses origines sous les regards haineux de ses congénères. Ce tourbillon l'emportait à présent.

- Donne-moi le nom et l'adresse de ce fils de pute de dealer.

- Occupe-toi de ton trou de balle sale merdeux !

- Dernière chance !

- Va te faire foutre.

Tommy s'avança, Mike aussi. Les poings, serrés se lancèrent dans des courbes chaloupées. Le goût du sang, encore, toujours. C'était maintenant le goût de l'injustice. Les deux hommes se tabassaient dans une danse bien éloignée de la grâce des combats d'Ali, dans des mouvements brutes de la violence, dans le déchaînement de la haine. On s'échangea des coups, les peaux s'irritèrent à craquer puis s'ouvrirent dans des flots sanguins. Chacun jouait sur ses forces, la puissance du corps monstrueux de l'un , la vivacité de la jeunesse pour l'autre. Les coups, ravageurs contre les piqûres placées. La baston était épuisante, il fallait se défendre, encaisser, penser à trouver l'ouverture et frapper, frapper, frapper. Contrairement à ce que l'on peut croire, l'intelligence est mère de victoire. Celui qui pense, analyse en se battant, celui qui trouve le moment approprié pour décrocher une bonne mandale, celui là, l'intelligent sort vainqueur, toujours. Ça ne rata pas non plus cette fois.. Mike était un bourrin, un mec qui se bat comme une poche avinée. Un porc. En cinq minutes il était essoufflé, sur les rotules, avant de se retrouver étalé par un Tommy vif et affûté.

Le pied sur le poitrail de mi-molle, Tommy, dont les gouttelettes de sang mouillaient le marcel cria :

- Tu vas cracher enfoiré ?!

Trash AmericaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant