STOP

Three - Headache..

«J'en étais sûre, t'as la gueule de bois... Putain t'es pas sérieuse! J'ai flippé toute la soirée, t'aurais quand même pu me rappeler, je sais pas moi. En plus je t'ai déjà dit que sortir en semaine, c'était pas une bonne idée, franchement...»

Ma meilleure amie me regarde avec un air de reproche.

«Je dormais excuse-moi, je mens.

– Raconte pas n'importe quoi Luna, j'ai eu Tyler au téléphone ce matin.

– Tu l'as appelé ? je demande choquée.

– C'est pas le sujet, s'indigne-t-elle.

– Écoute Juliet, je suis désolée.»

Elle hoche la tête puis me fixe cherchant à me comprendre et sûrement à vérifier que je vais vraiment bien. Pour seule réponse aux interrogations que son regard me lance, je la serre dans mes bras.

«J'ai besoin d'air, je vais fumer. Je t'appelle plus tard dans la journée, d'accord? je lui annonce.

– Et les cours?

– J'ai trop mal à la tête.

– Et pour le devoir?

– Tiens, je lui réponds en tendant ma copie.

– Ok, je dirai que tu te sentais pas bien. Tu rentres chez toi, hein?

– T'en fais pas, Juliet... et merci.»

Je lui souris. Elle me dévisage pendant que j'aspire une bouffée de nicotine, doucement. Je savoure mon oxygène, observant Juliet qui se dirige finalement vers le lycée.

Des fois, je me demande comment elle fait pour me supporter?

«Je la plains. D'ailleurs t'es flippante à parler toute seule.»

Merde.

«Marilyn, bonjour à toi aussi, j'ironise.

– C'est ça, file-moi du feu», m'ordonne-t-elle.

Je la regarde surprise puis accepte.

«Depuis quand tu fumes? Et puis tu devrais pas rester avec moi, il parait que je suis une idiote pas fréquentable. C'est pas ce que tu m'as dit la dernière fois?»

Elle fait un geste de main semblant rejeter ma remarque et moi par la même occasion.

«Tu ferai mieux de rentrer chez toi, inquiète pas ta pote plus que ça et va montrer tes bonnes notes à tes chers parents, histoire de les rassurer. C'est comme ça que tu fais, non?

– Fais pas comme si t'en avais quelque chose à foutre», je lâche avant d'écraser mon mégot et de tourner les talons.

Je comprendrai jamais cette fille. A vrai dire j'arrive pas à savoir si elle me déteste ou si elle fait comme les autres à critiquer juste pour le plaisir. Bref, je chasse Marylin de mon esprit.

La ville est vide. Alors qu'il n'est que 8h00, le soleil tape sur le goudron chaud. Je me balade, mes pensées divaguent. Les examens de fin d'année approchent, je ne sais pas vraiment si je stresse ou si je ressens juste une envie de réussir. A quoi bon? De toute façon si je n'obtiens pas les résultats escomptés, qu'est-ce que ça change?

Je soupire et plisse les yeux, aveuglée par la lumière du jour. Je crois que j'ai besoin de faire une pause dans le rythme effréné de la vie. Les cours, les amis, l'amour, le travail... il n'y a que les soirées qui nous permettent de nous sentir réellement vivants, de lâcher prise. Tyler et moi, on carbure aux sorties et on aime ça, ça nous aide à nous sentir mieux en plus de l'alcool et des cigarettes. Enfin je crois.

Je passe devant le parc de mon enfance. Alors que les souvenirs m'envahissent, je remarque, qu'assis sur un banc, Tyler fume un joint, des écouteurs plantés dans les oreilles et le regard dépréciateurs des mères qui accompagnent leurs enfants centré sur lui. Je lui fais signe et m'approche.

«Tu sèches les cours maintenant? me demande mon ami étonné. Je croyais que tu devais assurer à l'école pour que ta mère te fiche la paix.

– Trop mal à la tête, mon père comprendra, je réponds d'un ton las avant de m'assoir à ses côtés.

– T'es chez lui cette semaine? Il va s'inquiéter encore plus pour toi, non?

– J'ai l'habitude. Je sais plus quoi faire pour le rassurer, je crois que je vais me tatouer "je vais bien" quelque part, histoire que ça rentre dans la tête des gens, je te jure.»

Il rigole et me tends son joint entamé.

«"Fichez moi la paix" ce serait plutôt cool aussi comme tatouage, je rétorque en tirant une bouffée plus qu'agréable.

– Les débiles de ton lycée te font toujours chier, c'est ça?» me questionne-t-il, un peu inquiet.

Je baisse la tête et opine.

«Les laisse pas voir que ça t'atteins Luna, ils agissent en cons pourtant toi t'es forte, t'es pas ce qu'ils disent. Ils savent que rabaisser. Je suis qu'un putain de toxico selon eux et alors? Je les emmerde clairement.»

Je lui souris, j'aimerai voir le monde à travers Tyler. Ça doit être plus beau, plus facile.

Un silence s'est installé entre nous, pas le genre de blanc gênant, non, plutôt un calme plat dérangé de temps à autre par nos respirations. Ces moments rien qu'à nous durent généralement aussi longtemps que la cigarette le permet. Après il part, laissant un trou immense sur le banc de bois. Il est comme une ombre, il existe, on le voit, il est réel mais personne ne peut l'attraper. Au plus grand regret de ceux qui m'aiment, je lui ressemble. C'est pourquoi les autres finissent tous par abandonner avec moi.

Je vois la vie autour ma bulle, les gamins qui jouent, riant à perdre haleine. Ne s'arrêtent-ils jamais d'être heureux? Leurs parents les regardent, un air doux sur le visage, attendris, le même que je pouvais observer sur la tête des miens. Maintenant ce bonheur est recouvert de fatigue, de profonde incompréhension, d'inquiétude et peut être même de la déception parfois.

J'ai toujours cette forte impression que cet endroit est beaucoup moins beau le jour, quand les autres vivent et pas moi. Ça me donne envie de me cacher pour cesser de me prendre à la figure ce que je n'aie pas. Seule sur ce banc, je ne suis qu'une fille invisible dont les yeux sont perdus... loin, si loin. Mais où?

Ma tête me lance de plus en plus. Je dois rentrer chez moi.

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Voilà un petit chapitre qui présente un peu les personnages. On distingue de plus en plus le caractère de Luna, l'omniprésence de son ami Tyler et du parc dans sa vie, ses sentiments et aussi c'est la première apparition de Juliet et de Marilyn. Qu'en pensez vous?

-Marilyn?

-Juliet?

-Tyler?

-Luna?

xx JIGGLYPUFF