-Tu n'as rien dit quand je suis rentré dans le lit. dit-il
-J'étais fatigué et je n'avais pas la force de me battre avec toi.
-Ah.
-Et tu n'es pas rentré dans le lit, tu t'es collé à moi.
-Tu ne t'es pas dégagé.
-C'est vrai.
Nous finissons un repas long et embarrassant, chacun paye sa part, je vois qu'il me reste environ une trentaine de minutes avant la reprise, alors nous décidons d'aller se poser sur un banc.
-C'était stylé.
-De ?
-Le repas.
-Ah oui.
Je ne regarde que ses lèvres, si fines mais si belles. Nos lèvres se rapprochent doucement, sans un mot. Quand un klaxon d'une voiture nous surprend et nous arrête avant de se toucher, nous reprenons nos esprits et je m'excuse en lui disant qu'il faut que je parte.
Tout est si bizarre entre nous, aucun de nous ne discute vraiment, il y a beaucoup de blanc, on se comprend par le regard, on s'observe sans aucune parole. Cette situation me met dans le malaise à chaque fois, j'ai l'impression que c'est ambigu, alors que ça ne devrait pas l'être, pourquoi suis-je tombé sur lui ? N'aurai-je pas pu faire mon stage tranquillement sans me faire d'amis et ne pas avoir de vie sociale ? Non il faut que je me trouve le premier bipolaire de service. La journée s'achève enfin et moi en même temps, je suis extrêmement fatigué mais Aria me propose d'aller faire juste un tour au groupe. Mais juste un tour est égal à toute une soirée entière avec elle, je sens que je vais rentrer à pied. La petite routine, on rentre tout le monde s'installe, fume, parle, déconne, sauf moi, je reste là, à les regarder. Vers vingt-deux heures, je décide de partir et fais part de ma décision au groupe qui d'ailleurs n'en a totalement rien à faire, seul Ken me poursuis. Il doit faire zéro degrés tellement il gèle. Il m'impose de me raccompagner. Nous sommes enfin arrivé devant le seuil de la porte.
-Bon, passe une bonne nuit, à bientôt, dis-je.
Nos lèvres se rapprochent encore une fois, doucement mais surement, mais cette fois-ci, personne ne nous interrompt, et ses lèvres touchent les miennes, je n'ai jamais encore embrassé quelqu'un de ma vie, sa bouche s'ouvre pour que ça langue accède à la mienne, et ceci dit qui s'épouse parfaitement à ma langue et qui n'est pas désagréable.
Après ce long baiser, il part sans dire un mot ni même me regarder, je rentre dans ma chambre toute chambouler et m'adosse à la porte d'entrée. Je reçois un message de Ken.
-C'était idiot, ce foutu baiser.
Jade ton coeur? Il est passé où ? Je le cherche et je reviens quand je l'ai trouvé. Ferme là, foutu subconscient.
Je decide de ne pas répondre.
Mon réveil sonne, et me donne un mal de crâne intense. Il ne faut pas que je le croise, ni que j'en entende parler. Je prends un cachet suivi d'un grand verre d'eau. Je m'habille en jogging. Cette journée s'annonce être la pire de ma vie. Toute la journée, la seule question que je me suis posée est "pourquoi ai-je fait ça ?" Moi qui embrasse un garçon totalement opposé de mon caractère, totalement opposé de ce que ma famille espère avoir. Et totalement opposé à ce que je voulais avoir. Mais je me fais des films, c'été juste un bisou de rien du tout, nous ne sommes pas compatibles.
Un jour, deux jours, trois jours, une semaine passe sans nouvelles de lui, je ne vais pas aux soirées que me propose Aria tous les soirs, je suis dans mon lit, je bouquine et relis mes cours. Mais ce soir, je suis déterminé à y aller, bouger un peu mes fesses de ce lit qui va finir par prendre la forme de mon popotin.
Je rentre dans l'appartement, comme à son habitude remplit de fumée.
-Une revenante, crie Sneazz.
-Oui, je vous ai manqués ? dis-je en rigolant.
-Non.
Tout le monde nous regarde, un par un, examinant mon expression à ce qu'il vient de dire.
-Tant pis.
Ken rentre dans la cuisine, j'y vais alors à mon tour.
-Qu'est-ce qu'il te prend là ? Je peux savoir ? dis-je à voix basse.
-Monte.
Je monte alors dans sa chambre.
-Alors ?
-Il ne me prend rien.
Tu m'embrasses et tu me recales, y a-t-il un problème de bipolarité dans ton cerveau ?
-Je ne suis pas bipolaire, et ça ne voulait strictement rien dire du tout.
-Alors tu as cru, que ma bouche c'était open bar ?
D'un coup, je sens des mains sur mes joues et ses lèvres sur les miennes.
Mais que se passe-t-il ?
Son baiser est long et chaleureux, ses mains son glacée, et ses lèvres humides. Il finit par me lâcher.
-Je sais pas ce que je fous, bordel, dit-il nonchalant.
-Ne refait plus jamais ça si tu ne ressens rien pour moi, je ne suis pas ce genre de fille Ken, tu n'as pas le droit de faire ça, si nous sommes justes mais.
Il me regarde et sort de la chambre en vitesse. Je me retrouve comme une pimbêche assise sur le lit.
Une vingtaine de minutes plus tard, il revient dans la chambre, je suis toujours assise sur le lit à fixer la porte. Il s'approche vers moi et me cours dessus pour m'embrasser, je tombe, le dos sur le lit, les jambes qui touchent le sol. Il m'embrasse, encore et encore, je le repousse.
-Mais ? dis-je perdu.
-Je ne sais pas dans quoi je m'embarque.
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"Elle m'a dit si tu me quittes je pars avec toi"
FanfictionElle, issue d'une famille bourgeoise, un papa médecin et une maman avocate, elle est en pleines études pour devenir journaliste. Elle a 22 ans, et habite Paris. Lui, issue d'une famille aisée, un papa fonctionnaire dans l'action sociale et une mama...