Le Refuge.

Chapitre 14 ~ Peur.

PDV Bastien

Ce matin, j'ai entendu Juliette se lever mais, tellement fatigué que je me rendors sur le moment. Le lit s'enfonce, ce qui me réveille légèrement, une main vient gracieusement et légèrement me caresser le dos ce qui me procure des frissons, cette main appartient à Juliette évidemment. Une journée qui commence bien. Je suis réveillé mais mes yeux restent clos, je veux profiter de ce moment, je décide de me mettre face à elle mais toujours couché. Elle décide de se joindre à mes côtés, je sens son regard sur moi. La voix de M. Drew ce fait entendre, Juliette se retourne pour lui faire face mais me regarde quelques secondes après. Elle se rapproche de mon visage, je sens son souffle chaud sur le coin de ma bouche. Ses lèvres se posent sur les miennes, je décide de répondre à son baiser ce qui la surprend mais ne se dégage pas de mon emprise. Le gardien grogne, ce qui met fin a notre échange, quand Juliette commence à se lever que la prends par le bras. J'ouvre à peine mes yeux, mais j'y vois, elle est sublime, comme toujours.

-« Juliette, je... »

-« Juliette on y va. Sinon tu pars au trou. »

M. Drew nous interromps encore une fois, pour changer. Ma brune se lève et pars vers ce bouffon, je souffle, exaspéré. Je me retrouve à présent seul dans la chambre. Comme a peu près depuis deux semaines. On s'habitue. Je renverse mon corps pour me mettre sur le dos et je viens placer mes mains derrière ma nuque.

Je repense a ce que j'allais sortir a Juliette, « Juliette, Je... ». Je quoi ? Je t'aime ? Tu l'aimes alors ? Tout d'abords qu'est ce qu'être amoureux ? Être amoureux c'est faire passer les besoins de l'autres avant les siens, tu penses tout le temps a la personne que tu aimes, tu es heureux quand tu es avec elle ou quand tu pense à elle, tu deviens aussi jaloux. Tu trouves la personne belle en toute circonstance. Tu changes de comportements aussi. Quand tu es amoureux tu le sais. Voilà ce qu'est être amoureux. Je pense a elle, quand le soir nous nous couchons je me sens bien prés d'elle, je suis heureux. Je suis amoureux. Oui je suis amoureux de Juliette. C'est maintenant que tu l'acceptes enfin d'être amoureux d'elle ? Si tu m'avais écoutée plus tôt on aurait pas autant attendu. Ouais, ouais tu avais raison comme toujours.

Mais elle et moi, c'est impossible. Comment réagira-t-elle quand elle découvrira la personne que je suis en dehors de ces quatre murs ? Ce que je fais et ce que j'ai fait ? Elle me regardera autrement, ne voudra plus jamais me voir, et perdre une autre personne qui m'est chère, je ne veux pas revivre ça. Ne dit pas ca avant d'avoir essayé, elle est différente te le sais autant que moi.

Je décide de ne plus penser à ça, il est l'heure de partir en cours et de recommencer la routine matinale qui dure maintenant depuis bientôt deux mois.

Aujourd'hui il ne se passe rien de spécial, normalement quelques personnes sont amenés au trou ou alors vont quelque part qui nous est inconnu. On est deux fois plus surveillé comme deux fois plus sanctionné. Mme. Joe est la pire personne, dés qu'elle entend un léger bruit elle décide de crier et d'envoyer au trou. J'en ai moi-même fais les frais.

Ils nous laissent sortir de plus en plus. En ce moment je suis dehors avec Thomas, Agathe et Benjamin même si il reste plus avec ses copains de son âge, il vient me demander ou est Juliette, je ne peux pas lui dire que je ne sais pas alors je lui réponds qu'elle est retournée dans la chambre dormir ou alors qu'on lui a demandé de faire un autre travail. Il se contente de cette réponse et repars jouer. Je me réinstalle alors sur le banc et regarde mon meilleur ami qui est lui-même entrain de me regarder.

-« Tu ne sais pas ou elle est n'est-ce-pas ? »

-« Non, je ne sais pas. »

Mon ton est sec, je suis agacé de ne pas savoir ce qu'elle fait, avec qui elle est, si elle va bien ou pas. Agathe prend la parole.

-« Et le soir quand elle rentre comment est elle ? »

-« Elle est fatiguée, quand elle rentre elle prend rapidement une douche et va se coucher, quand le repas arrive il faut que je me batte pour qu'elle mange ne serait-ce qu'une petite bouchée de nourriture et elle repart de suite dormir. Face à ça je me sens impuissant. Je ne sais pas quoi faire. Elle ne me parle presque plus. Ce n'est plus la Juliette d'avant. » En pensant à elle je détourne le regard pour regarder son frère qui lui ressemble énormément.

-« Tu tiens beaucoup a elle » Agathe continuais de parler, quand elle dit ceci je me mets à la fixer avec un air me demandant pourquoi elle disait ça, elle rit face a mon incompréhension et reprit « dans ta façon de parler d'elle, tu parles comme si c'était l'amour te ta vie » je brise le contact d'yeux qu'il y avait entre elle et moi « Oh, alors tu l'aimes vraiment ? »

Un silence s'installe, personne n'ose parler, je ne réponds pas a sa question et me lève pour partir de la table.

Je marche vers le grillage et m'assois par terre, je suis dans un endroit ou il n'y a jamais personne, même pas de gardiens. Quelques minutes plus tard je sens une présence prés de moi. Je ne fais pas attention jusqu'à ce que cette personne engage la conversation.

-« tu as peur? »

-« Ouais, Thomas, tu ne peux pas savoir comment c'est effrayant. »

-« Si je le sais. Nous avons tout les deux perdu un être cher, toi Rose et moi ma mère. J'ai tout aussi peur que toi. Aimer est compliqué pour nous, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut se l'interdire. Cette fille est bien pour toi. Ne gâche pas tout juste parce que tu as peur. »

Je réfléchi a ce qu'il vient de me dire. Il a raison ce petit con, mais même si je le veux de toute mes forces, je ne peux pas. Je ne suis pas une bonne personne pour Juliette.

-« Agathe te change beaucoup aussi. Tu deviens intelligent. » Nous rigolons ensemble.

-« Ce n'est pas plus mal. »

-« Je suis heureux que tu es trouvé une fille comme elle. »

-« Merci mec. »

Une brindille se brise. Je me retourne et Thomas fais de même. C'est Agathe, on dirait qu'elle est gênée de nous avoir interrompus, je lui adresse un sourire et lui fais signe de la main pour qu'elle se joigne à nous. Elle se place à côté de Thomas. Je les regarde, il lui prend la mais Agathe la retire de suite.

-« Je suis au courant Agathe, ne sois pas gênée. »

Nous sommes tout les trois assis par terre, tels des jeunes enfants, regardant vers l'horizon.