Lucie
Mes parents m'ont encore et encore rabâchés leur discours sur le grand amour, ou sur le célibat endurci. Ils m'ont même reproché d'être célibataire depuis trop longtemps. Enfin, c'est surtout ma mère. Elle aime m'envoyer des piques à tout-va.
Il est vrai que de ne pas avoir un homme à qui dire « je t'aime » le matin, à vingt-trois ans, est une chose grave. C'est pour ça que je déteste venir voir mes parents. Ils me reprochent tellement de choses, que je finis par m'étouffer dans leur marée de critique. Ils veulent absolument que j'aie le même discours qu'eux, la même vie également. Mais ils n'ont toujours pas compris que je suis bien toute seule. En plus, en ce moment je n'ai pas vraiment besoin de compagnon. Mes études de psychologie me prennent beaucoup de temps. Ce n'est même, si j'ai le temps de sortir avec mes amies. Bon OK, je veux bien avouer que rester seule dans son appartement, avec pour seule compagnie : des livres, peut paraître bizarre ! Mais c'est comme ça que je fonctionne.
Et surtout pas après la tragédie que j'ai vécu.
De plus, je pense qu'ils n'ont pas nécessairement de conseils à me donner. Bien sûr, mes parents s'aiment depuis longtemps, mais parfois, je les entends se disputer. Continuellement pour la même chose. Cette chose qui a brisé quelque chose en eux, quelque chose en moi. La mort. C'est toujours comme ça. Cette foutue chose par laquelle n'importe quel être humain passe, finit par nous enlever un bout de notre âme à chaque départ d'un être cher.
J'émets aussi une autre hypothèse sur la cause du malaise qui berce souvent cette maison. Malheureusement, le drame qui a touché notre famille en est aussi à l'origine en partie. Ma mère a cessé de travailler depuis, alors qu'elle se plaisait dans son travail d'aide-soignante à domicile. Maintenant, elle traîne à la maison, broyant du noir, l'humeur toujours maussade et mauvaise. Mon père s'agace. Lui, c'est différent, cela dit. Il a perdu son travail, il y a quelques années lorsque l'entreprise pour laquelle il travaillait à fait faillite. Cependant, il a remonté la pente en cherchant un travail. Un travail à domicile, d'opérateur de saisie informatique pour de grandes entreprises. Ce qui fait qu'il reste sans cesse à la maison. Ils sont tous les deux constamment sur le dos de l'un et de l'autre. Je soupçonne cette cohabitation sept jours sur sept, certainement tout aussi responsable de leurs désaccords qui font valser les murs de la maison. Bref... c'est ça aussi l'amour : les disputes.
Alors que je suis tranquillement en train de lire dans la grande bibliothèque de mes parents, ma mère m'interpelle au loin. Je descends aussitôt les grands escaliers, en ronchonnant silencieusement, pour la voir aux pieds de ceux-ci. Je l'interroge du regard, pendant qu'elle me fait signe d'ouvrir la porte d'entrée. En levant les yeux au ciel, le plus discrètement possible, j'exécute sa demande. Lorsque je tourne la poignée de la porte, je tombe sur Julien, le fils des voisins. Il me sourit nerveusement, puis rentre à l'intérieur de la maison.
Pourquoi ne suis-je pas surprise par sa venue ? C'est encore un coup de mes parents. Un coup bas pour que j'envisage de trouver un bon fils de famille qui sera à mes côtés dans ma vie future. Enfin, c'est ce que veut ma mère. Mon père, je n'en sais trop rien.
— Mes parents sont au jardin, si tu souhaites les voir !
Je lui souris gentiment, en laissant mes yeux rencontrer les siens. L'un d'eux tressaute légèrement, qui trahit sa nervosité. Il n'y est pour rien, le pauvre. Ce n'est qu'une marionnette que ma mère manipule.
— Merci, Lucie.
Prête à remonter dans la bibliothèque, où le vent frais apaise mes muscles, ma mère m'arrête brusquement, en m'appelant pour la deuxième fois.
— Qu'est-ce que tu fais, ma chérie ?
Je soupire, avant de lui répondre franchement. Je n'aime pas son air innocent.
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FIGHT FOR US 1
Roman d'amourJEU DE COMBAT Il veut la retrouver, c'est son objectif premier. Pour ça, il est prêt à tout sacrifier, jusqu'à se lier aux hommes les plus dangereux. Les combats illégaux, la boxe, les boissons alcoolisées, les coups d'un soir, sont des choses que...