FIGHT FOR US 1

Chapitre 7 (*)

Smith

Assis sur mon lit, les poings serrés et l'esprit en miette, j'observe le soleil qui baisse dans le ciel de notre belle Arizona. Mes interrogations et mes devoirs se bousculent dans ma tête.

Comme des tourments.

Comme des flashs qui n'en finissent pas.

Ça s'accroche à ma poitrine, pour en faire un boucan. Mes perceptions changent.

Je dois à tout prix mettre fin à ces combats, qui ne font que perturber Lucie, et qui par la même occasion ne m'apportent pas beaucoup d'aide pour ma mère. D'accord, l'argent gagné ajoute pas mal, mais j'ai l'impression que cette pratique nous éloigne. Et parfois, je ne sais pas du tout quoi faire.

Ma mère va extrêmement mal. Entendre le médecin qui prend soin d'elle depuis le début de son combat contre le cancer, me dire qu'il ne lui reste que très peu de temps, me fait perdre la tête. Je ne pense pas pouvoir supporter le fait que je vais perdre ma mère dans quelques années, ou peut-être dans quelques mois. L'idée m'est insupportable. J'ai conscience de ne pas avoir été un enfant de cœur, mais j'ai vainement tenté de protéger ma mère, quitte à prendre les coups. Cet enfoiré de Frank n'est même pas là pour voir sa femme avant de mourir. De toute façon, je pense qu'il n'aurait pas sa place. L'enfer qu'il nous a fait vivre, s'arrête il y a quelques années plus tôt. Et honnêtement, je préfère que ma mère meurt dans la tranquillité que dans l'agitation et les pleurs que ce connard pourrait lui causer.

Soudainement j'entends frapper à ma porte. Je souffle un bon coup, avant de finir par l'ouvrir. Lucie me regarde de ses grands yeux clairs, sans jamais oser s'approcher, ni même entrer à l'intérieur de ma chambre. Je lui souris timidement, puis sans plus attendre, pars vers la cuisine, où je vois une assiette de pâtes chaudes qui m'attend. Aussitôt, je me retourne vers Lucie, et je ne peux m'empêcher de rigoler. Celle-ci me dévisage, l'air de ne pas comprendre.

— C'est ce qui s'appelle de la vraie cuisine !

Je prends place autour de la table. C'est à son tour de me sourire timidement, tout en triturant ses doigts.

— Ma mère me faisait des pâtes lorsque j'avais une épreuve sportive, avant.

Elle rigole.

Son sourire est tellement symbolique et rare, que je savoure ce moment. Lucie est une jolie femme, je ne l'oublie pas. Je me demande toujours pourquoi ils ont pris une fille comme elle ? Ils ont toujours pris des putes ou des salopes — pardon pour mon vocabulaire, mais c'est ce qu'elles étaient et elles l'assumaient très bien — comme le recommandait chacun de mes adversaires. Je soupçonne Carter d'y être pour quelque chose. Pour l'instant, je ne sais rien, mais je ne tarderai pas en apprendre plus, avec l'aide de Paul.

Voilà maintenant plusieurs années que ça dure, et jamais je n'aurais pensé voir une fille aussi douce et innocente que Lucie, arriver ici, dans la fosse aux lions. Elle a beau aimer les sautes d'humeur, chez elle, se cache un côté souffrant et figé dans le temps. Je ne sais pas pourquoi elle se comporte comme telle, au toucher d'un homme par exemple, et quelque chose me dit qu'elle a dû être victime de quelque chose de grave.

Aussi, elle ne m'a jamais sauté dessus. Elle aurait pu me sauter dessus, se jouer de moi, comme toutes ces filles qui l'ont déjà fait, mais elle est différente. Sacrément différente et dans le bon sens du terme.

En me rappelant qu'elle faisait du sport avant, je lui pose la question, curieux.

— Tu faisais du sport ! Quel genre ?

Elle se prépare une assiettée pour elle et vient s'asseoir près de moi.

— Je faisais de l'athlétisme. Courir a toujours été mon univers, se confie-t-elle.