FIGHT FOR US 1

Chapitre 8 (*)

Lucie

Le trajet jusqu'au lieu du combat est calme. Personne n'ose parler. Je suis un peu mal à l'aise à cause de notre conversation précédente, elle s'est si mal terminée et a jeté un froid, j'ai l'impression. Je me rends compte que Smith et moi, nous ne sommes pas si différents l'un de l'autre, finalement. Je pense qu'il a dû vivre des choses affreuses durant son enfance, ou dans son adolescence. Sinon pourquoi aurait-il des cicatrices et des brûlures aussi apparentes ? Il n'a pas pu se les faire lui-même. Sur le dos, c'est impossible.

Ces cicatrices, ces traces qu'il arbore comme une malédiction, me font penser aux miennes. Quand je pense à mes traces que j'ai sur le ventre — discrètes tout de même — j'ai une boule qui s'installe dans ma gorge. Oh... Et celles qui s'étalent sur mon dos ou sur mes poignets. Je déteste mon corps, il me donne envie de vomir, tellement il est immonde. Mais je vis avec, comme le fait Smith. Sauf que moi, tout le voisinage m'a cru folle en les voyants de leurs propres yeux. Une période que je veux oublier.

Après dix minutes de route, nous ne sommes toujours pas arrivés, à mon plus grand désarroi. Aussitôt, j'en profite pour fermer les yeux, pour que le temps passe plus vite. J'éprouve un besoin presque urgent de me dégourdir les jambes et de sortir de cette voiture. J'aime marcher, j'aime courir. Mes footings manqués se font ressentir sur mon corps.

Je soupire en me calant bien sur mon siège, de sorte à être à l'aise pour mon petit somme.

Je suis en train d'écrire quelques réflexions personnelles pour l'école, au parc, un endroit qui m'apaise et qui m'inspire par la même occasion, lorsqu'un jeune homme vient s'asseoir près de moi. Il me sourit, l'air charmeur. Il est plutôt mignon, avec ses cheveux bruns qui virevoltent à cause du vent, et ses yeux d'un bleu profond. Je lui souris timidement, avant de reprendre mon écriture.

Du coin de l'œil, j'arrive à voir qu'il m'observe toujours. Je ne sais pas où me mettre.

— Je m'appelle Alban, et toi ? me demande-t-il subitement, gentiment.

Alban Milton, l'un des rois du lycée ? Impossible.

— Hum... Moi c'est Lucie.

Je relève la tête, c'est bel et bien lui. Ma voix n'est pas assurée, mais j'essaie de ne pas m'en préoccuper.

— Je t'ai déjà vu au lycée. Tu écris quoi ?

— On doit faire un projet pour la classe de Terminale, demain.

Il rigole et se penche un peu plus vers moi, en espérant lire ce que j'écris. Mais c'est peine perdue, puisque je referme de suite mon livre, en le regardant me lancer un sourire narquois. Il ne va être facile à éviter, celui-là !

— En fait, je le savais. On est dans la même section toi et moi, ricane-t-il.

Je reste de marbre, bouche bée, refoulant mes injures pour moi-même. C'est bizarre qu'un mec aussi apprécié dans mon lycée, vienne m'aborder. Surtout qu'il s'agit là, de notre troisième année dans ce lycée. Il avait tout le temps pour venir me parler, mais non, il a choisi de venir m'aborder un vendredi, avant les grandes vacances. Tant mieux, on ne se reverra plus après.

Je souffle un bon coup, en me donnant du courage.

— Alors pourquoi tu me l'as demandé ?

— Je voulais venir te parler, c'est tout ! Histoire d'être gentil, siffle-t-il.

— Le dernier jour de cours de l'année ?