20. Lucie

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J'ai dû courir une bonne heure avant de trouver un taxi, acceptant gentiment de faire toute la route jusqu'à Phoenix. Il faut dire qu'on est pas très loin de chez moi, exactement à 31 km. Mais je ne sais pas, ce soir les taxis ne sont pas tellement gentils avec moi. Peut-être que je n'ai pas la tête de la ville, ou que je parais bizarre avec mon mascara qui a légèrement coulé. J'en sais foutre rien !

- Quelle rue, mademoiselle ? me demande subitement le chauffeur.

- Déposez moi dans la Rue 21, je rentrerais à pied en suite.

- Pas de problème, mademoiselle !

Après cette courte pause de parole, le chauffeur - un homme d'une trentaine d'années, continu sa route, en veillant à monter le son de sa radio. Il se trouve que le match de la NBA contre les Australiens, à lieu ce soir, d'après ce que commente Jim, le présentateur de la radio. Très peu pour moi ! Je préfère de loin regarder les J.O. avec nos beaux américains et nos belles américaines, qui nous ramènent le plus de médailles rentables, chaque années. Tout au contraire de mon père, qui adore regarder la boxe et le catch à la télévision, tard le soir. Quant à ma mère, elle s'enferme dans sa chambre chaque soir, pour se cacher de tout le monde. Elle me fait de la peine, même si elle se sent constamment obligée de faire partager sa peine, en me rabâchant mes erreurs que j'ai faite avec Alban. Je sais pertinemment qu'elle ne le fait pas exprès, mais ça fait mal d'entendre ce genre de chose.

Parfois, j'ai l'impression qu'elle me déteste, en me disant des choses pareilles. Qu'elle m'en veut, pour des raisons qui me sont inconnues.

- On est arrivés, mademoiselle. Pour la course, ça nous fera vingt dollars ! s'exclame t-il, en me souriant.

Ce que j'avais loin d'avoir prévu, c'est que l'argent était malheureusement loin de moi. Je lui ai alors sourit gentiment, en posant doucement ma main sur la poignée. Puis dans un geste rapide j'ai ouvert la portière, sans même prendre la peine de la fermer, et j'ai couru encore.

- Oh, revenez ! Espèce de voleuse !

Pendant que le froid attaquait mes poumons et mon corps tout entier, j'ai pensé à Smith. Seulement l'espace de quelques secondes. Et la seule question qui trottait dans mon esprit était celle ci : Est-ce que je le reverrais un jour ?

Il est vrai que j'étais en colère par rapport à son mensonge. Mais tout compte fait ce n'était qu'un demi mensonge, que j'ai tout à fait compris. Il avait raison. Si j'avais su dès l'instant où il est rentré dans son appartement, soûle, que j'avais été choisi pour une raison précise, ma première réaction aurait été de fuir.

Et c'est ce que j'ai fait, maintenant, en l'apprenant de sa bouche. Je suis partie de Mesa, pour retourner dans ma ville natale, tout simplement pour revoir mes parents. Je sais bien que la chose, la plus raisonnable pour moi, est de rejoindre mon appartement, pour prendre une bonne douche et oublier tout ça. Mais c'est impossible. J'ai encore ce besoin de me sentir protéger, cette chose que me rendait bien Smith, avec son allure imposante et ses sourires rares. Même si celui ci m'énervait parfois, j'aimais être en sa compagnie, puisque rien ne pouvait m'arriver. En tout cas, c'était mon impression !

Lorsque j'arrive devant la porte de la belle demeure de mes parents, j'observe tout autour de moi, essayant de sentir le moindre bruit. Mais rien. Je sonne donc, pour voir mon père derrière la porte. Je lui souris nerveusement, pendant qu'il me détaille de la tête aux pieds, les yeux grands ouverts.

- Salut papa, je souffle lentement.

- Rentres, tu vas attraper froid, m'intime t-il en plaçant sa main au creux de mon dos.

FIGHT FOR US 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant