Chapitre 14 (*)

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Lucie

Comment ai-je pu être aussi stupide ? Comment ai-je pu penser une seule seconde, qu'il pourrait s'ouvrir à moi, ne serait-ce qu'un tout petit peu ? Jamais il ne le fera. Il est tellement fermé sur ses émotions.

Je suis trop conne. Je pense que j'ai été submergée par les sentiments qui faisaient rage en moi, lorsque j'ai vu la haine passer dans le regard de Smith. Une haine encore plus forte que celle qu'il voue à Carter. J'ai voulu bien faire et rester avec lui, parce qu'il partage la même fragilité que moi. Sauf qu'il ne s'en doute pas une seule seconde. C'est bien le problème.

— Flûte !

Je balance un des coussins à terre dans le feu de l'action.

Maintenant, il est parti, et je ne sais pas où, en plus. Je ne sais pas ce qu'il fait non plus, ce qui m'inquiète un peu tout de même.

J'ai seulement eu envie de l'aider, de lui faire savoir que j'étais là s'il avait besoin, mais ça n'a suffi qu'à le faire fuir. Quel merdier !

Alors que je me jette dans le lit, les pensées ailleurs, le portable de Smith se met soudainement à sonner. Quoi ? Il a oublié son portable, par-dessus le marché. Encore mieux.

J'hésite pendant quelques secondes à répondre, mais lorsque je vois qu'il s'agit de l'hôpital, je me précipite dessus. Je décroche. Le stress monte en moi, comme une poussée d'adrénaline.

Est-ce que je fais bien ? Oui. C'est forcément au sujet de sa mère. J'espère que ce n'est rien de grave.

— Allô ?

— Lucie ?

Je reconnais tout de suite la voix de Pénélope, qui a l'air un peu confuse. Je soupire de soulagement, lorsque je vois qu'elle est toujours en vie, contrairement à ce que je pensais. Je croyais que les médecins appelaient Smith, pour lui annoncer le décès de sa mère. Mais non, elle est toujours là ! Dieu merci.

— Oui, c'est moi.

— Je pourrais avoir mon fils, s'il te plaît ?

Je ne sais pas quoi dire. Depuis que j'ai compris l'erreur de mon mensonge, je me sens confuse et extrêmement mal à l'aise en sa compagnie. Cette femme ne mérite pas de faux espoirs, pas durant cette épreuve longue et pénible, qu'elle traverse en ce moment. Je suis vraiment une horrible personne, pour ne pas avoir essayé de lui expliquer la vérité.

Je suis consciente que voir sa mère heureuse l'espace de quelques secondes, touche au plus profond Smith, mais un mensonge est toujours un mensonge.

Je déglutis difficilement.

— Hum, il n'est pas là. Je suis désolée, Pénélope.

En réponse, j'entends des sanglots étouffés de l'autre côté du combiné, me peinant encore plus que je ne le suis. Cette femme a besoin de son fils, ça crève les yeux. Smith a besoin d'elle également, même s'il s'efforce à rester froid et confiant devant elle. L'ennui, c'est qu'il s'est forcément passé quelque chose après l'apparition de son père, pour qu'il soit dans un état aussi désespéré. Malheureusement, Pénélope a dû en subir les foudres aussi.

— Pénélope, est-ce que tout va bien ?

Quelle question débile !

Je me tape sur le front avec la paume de ma main.

— Oui oui. J'espérais juste pouvoir parler à Samuel, mais je rappellerais plus tard. Merci Lucie, de m'avoir dit la vérité.

Je ferme les yeux, pas totalement honnête. Tout à coup, ma peau me démange, mais je reste calme. Après tout, je ne suis pas la seule dans ce mensonge. Smith aurait pu lui dire la vérité, me contredire.

FIGHT FOR US 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant