FIGHT FOR US 1

28. Lucie

Lorsque j'ouvre la porte de l'appartement, je sens sa présence dans mon dos. Je peux comprendre qu'il soit énervé, mais contre moi, ce n'est pas vraiment à quoi je pensais. Je sais également que le fait d'avoir vu sa mère, a pu le rendre encore plus colérique et à fleur de peau, mais ce n'est pas une raison pour me parler sur ce ton, et m'envoyer un pique en plein visage.

Je me précipite à grands pas, vers la chambre, lorsque j'entends la porte d'entrée claquer. Smith me suit, silencieux, me regardant rassembler mes affaires. Je ne pense pas être capable de rester une minute de plus avec lui, s'il est si irrespectueux à mon égard. C'est donc les mains tremblantes, que je prends ma valise que j'avais caché sous son lit, pour ensuite l'ouvrir. Je plis vaguement mes affaires, avant de les mettre dans celle ci. Mais avant même que j'ai pu la fermer, une main ferme et robuste se pose sur la mienne. Je n'ose pas lever le regard, de peur de perdre tout mes moyens. J'observe alors sa main égratignée, sans jamais ciller.

- Qu'est-ce que tu fais ? me souffle t-il, fermement. Tu comptes te barrer une autre fois, c'est ça ?

Bravo Sherlock, tu as un bon flaire ! J'ai tellement envie de partir tout de suite, et de le laisser encore une fois avec sa colère qui ne cesse de m'exaspérer. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas vraiment le moment. J'ai comme la sensation qu'il va trouver les bons mots, cette fois. Je reste figée, et regarde le mur blanc en face de moi.

- Cette fois, je ne te laisserais pas filer, Lucie. Tu comprends ? Tu dois rester avec moi, jusqu'au bout ! grogne t-il.

Il enlève sa main de la mienne, pour se reculer et fermer la porte. Je lève alors les yeux, pour l'observer, démuni. Il passe ses mains dans ses cheveux, en soupirant grandement. Je reste immobile, le regardant se tordre dans tout les sens, et réfléchir aux prochaines paroles qui vont sortir de sa bouche. Je lâche alors la fermeture de ma valise, le laissant respirer enfin.

- Tu dois rester, sinon je ne vais pas tenir jusqu'au bout, murmure t-il d'une voix presque inaudible.

Je reste muette.

- On est deux dans ce merdier, j'ai besoin de toi.

Je reste interdite.

- Je sais que je suis le parfait connard, sur qui tu rêvais de ne jamais tomber, mais je suis là. Je m'excuse pour tout à l'heure, pour mes paroles, et pour tout le reste, il soupire.

Je suis paralysée à l'idée de bouger, et que tout s'arrête.

- J'aurais aimé que ça se passe autrement, mais tu es arrivé, et tu es là maintenant. Nous devons nous soutenir pendant cette merde. Je veux juste...juste que...tu ne t'incruste pas trop sous les pores de ma peau. Tu me comprends ? il grimace.

Et là,

c'est la chute,

qui m'attend.

Smith s'approche de moi, mais se recule instantanément, en serrant les poings. J'ai l'impression qu'il est aussi perdu que moi. Au bout de quelques secondes, je trouve la force de bouger. Je m'avance vers lui, à petit pas. Je ne sais pas quoi faire, mais heureusement qu'il est là. Heureusement qu'il me prend dans ses bras, à cet instant précis. Je me serre alors tout contre lui, me sentant à l'abri entre ses bras musclés, et ses mains robustes, caressant mon dos. Des milliers de frissons se découlent le long de mon épine dorsale, lorsque nos regards se croisent dans la pénombre de sa chambre. J'arrive à peine à le voir, à cause des volets qui sont seulement entre-ouverts. Toutefois, j'arrive à distinguer la lueur qui brille au fond de ses yeux.

- Je ne partirais pas, Smith. Mais cesse de te faire passer pour quelqu'un que tu n'es pas. Je ne tiendrais pas une minute de plus, si tu restes là, enfermer dans tes pensées, pour ensuite me parler sur un ton froid. Je ne t'ai rien fait, alors je ne mérite pas ta colère, tu ne crois pas ? je lance, d'une voix douce.