Chapitre vingt et unième : Courir pour ne pas te perdre...

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On ne connait jamais réellement les personnes que l'on côtoie.

Mais elles peuvent avoir eu un passé douloureux.

C'est seulement à la fin que l'on se rend compte de leur véritable apparence.

Comme l'on dit, méfiez-vous, les apparences sont trompeuses.

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[Point de vue Rebeka]

On sortait à présent de l'hôpital et toutes mes pensées allaient vers Anna. En levant les yeux, je la vis, là devant moi. Ses yeux gonflés, signe qu'elle venait de pleurer, me fixaient. Ce regard était... éteint comme si elle avait perdu tous ses espoirs.

-Est-ce à cause de moi que tu as pleuré?

-Je...tout à l'heure, j'ai fait tomber mon téléphone... je viens juste le récupérer. Ne faites pas attention à moi.

-Oh arrête tes conneries! crachais-je

J'avais conscience que lui crier à nouveau dessus n'allait rien arranger mais je ne savais pas moi-même quoi faire. Toutes ces années sans l'avoir vue et maintenant la voilà devant moi n'osant même pas poser un regard sur moi.

-Regarde-moi...Anna...

Je l'ai toujours appelé par son prénom...du moins depuis que notre garde lui a été enlevée.

-J'ai des choses importantes à faire, je ne vais pas te déranger plus longtemps...

On aurait dit qu'elle cherchait comment m'appeler.

-Rebeka, fini-t-elle par me dire.

Cela me fendit le cœur. Oui il s'agissait de mon prénom, celui qu'elle et mon père m'avaient donné mais jamais encore elle n'avait été aussi triste en le prononçant. Toute ma détermination s'envola. Je glissai ma main dans ma poche et en sortis un téléphone, le sien.

-Tiens, j'espérais...

-Je te souhaite une belle vie, longue et heureuse.

Mes yeux s'ouvrirent sous la surprise. Ses paroles m'anéantirent. Comment pouvait-elle me dire cela. Je ne voulais pas lui montrer ma douleur alors je souris faussement. Elle se retourna et s'en alla la tête haute. Pendant qu'elle s'éloignait, une larme roula tout doucement sur ma joue. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas versé de larmes. J'avais tellement mal. Cependant mes pleurs redoublèrent. Je venais de tout perdre. Derrière moi quelqu'un applaudi : Kezïa.

-Bravo très chère. Veux-tu des mouchoirs peut-être ?!

- Fous-moi la paix !

Oh que non ! Mais qu'est-ce qui te prends ?! Je croyais que tu voulais retrouver ta mère, que tu l'aimais...

-Mais JE L'AIME !!

-Ah bon tu es sûre ? On ne dirait vraiment pas. Peut-être que tu devrais commencer par le lui montrer parce que je ne crois pas qu'elle le sache. Non en fait tu sais quoi ? J'en suis absolument sûre. Elle n'en a aucune idée.

Mon regard ne quittait pas Anna, de dos, qui partait loin de moi. Plus elle marchait, moins je la distinguais. Bientôt elle ne devint plus qu'une silhouette dans la foule. Et moi je demeurai, figée, là.

-Alors tu es toujours là ? Va retrouver notre mère, dépêche-toi sinon tu vas le regretter toute ta vie Beka ! cria mon frère.

Ce fut comme un déclic. Je me mis à courir à toute allure.



Kezïa & Rebeka Où les histoires vivent. Découvrez maintenant