Kezïa & Rebeka

Chapitre vingtième : Tu n'as pas honte ?

[Point de vue de Kezïa]

A ce moment, je n'avais pas réfléchi, j'avais bondi hors de mon lit et giflé Rebeka de toutes mes forces.

-N'as-tu pas honte de parler ainsi à ta mère ?!! Je ne peux pas te laisser te comporter de cette façon. C'est toi qui me dégoutes !

-Merci jeune fille de prendre ma défense mais je pense que je devrais partir. Je pense avoir perdu ma fille depuis le jour où on me l'a arrachée des bras.

-Ouais fais donc ça, dégage ! Tu n'apportes qu'horreur et dégout à mes yeux.

J'étais abasourdie. Comment une fille pouvait-elle dire cela à sa mère ?! Mes mains me démangeaient à nouveau alors que je voyais la mère de Rebeka pleurer toutes les larmes de son corps. Elle s'enfuyait en courant. Quant à Jason, il s'approcha de Rebeka et la regarda sans rien dire avec froideur. Ce genre de regards m'aurait glacé le sang avant mais là, je savais que je devais faire quelque chose.

-Tu comptes la laisser partir comme ça ? N'as-tu jamais voulu revoir ta mère au moins une fois ?

-Je n'ai pas de mère.

C'était les mots de trop, je m'approchai d'elle et m'apprêtai à la gifler mais sachant que cela ne changerait rien, je me ravisai. A la place je sortis un carnet de mon sac.

-Si tu n'aimais pas ta mère, je pense que tu n'aurais pas écrit sur elle.

Son carnet entre mes mains, elle ouvrit sa bouche puis la referma. Une larme roula sur sa joue.

-Je sais ce que tu ressens. Tu t'en veux car tu considères que c'est de ta faute si les autorités t'ont enlevé à ta mère n'est-ce pas ? Tu voulais donner un cadeau à ta mère pour la consoler mais tu devais le voler. Tu n'as pas hésité et tu as dérobé du pain. Ils ont retiré la garde de ton frère et toi à ta mère puis tu as été séparée de ton frère. Ce n'était pas de ta faute.

Ses pleurs doublèrent. Après avoir lu son carnet, j'avais enfin pu comprendre cette Rebeka qu'on pensait arrogante et détestable. Mais en réalité cette fille est réellement affectée.

-Et aussi, tu me détestes parce que je suis la seule à t'avoir tenu tête, car je voulais te comprendre. Tu ne voulais tout simplement pas que l'on sache quel cœur brisé se cachait sous ce visage froid. Au fond, toi et moi sommes identiques ; fragiles. Et tu ne supportais pas de voir ton propre reflet en moi. Finalement, ce n'est pas à ta mère que tu en veux réellement mais uniquement à toi. Espèce d'imbécile, qu'attends-tu pour retrouver ta mère?! Tu as entendu pourtant qu'elle t'avait cherché toi et ton frère pendant toutes ces années non ? Alors redonnez-vous une chance, ne vois-tu pas qu'elle a autant souffert que toi ?!

Depuis un moment, elle avait cessé de pleurer. Un sourire amical arborait ses lèvres. Jamais encore je ne l'avais vu sourire ainsi.

-Espèce d'idiote tu es encore faible, pourquoi tu te lèves ?

Je ris à sa réflexion.

-Merci Kezïa...

Je n'aurais jamais cru entendre ses mots sortirent de sa bouche un jour. Mais ils étaient bien réels. Elle les avait prononcés. Rebeka venait de me remercier. Je savais qu'elle le pensait alors je me permis de la prendre dans mes bras. Curieusement elle resserra son étreinte. J'étais face à une Rebeka plus que différente. Peut-être qu'en réalité, elle a toujours été ainsi.

-Alors ? Tu ne comptes pas la rattraper ?

-Non.

-Hein ? nous écrions-nous tous en chœur.

-Elle reviendra.

Nous la regardions d'un œil interrogateur. Elle rit à notre expression mais pointa du doigt un portable au sol.

-Elle a fait tomber son téléphone.

Nous rîmes tous. Cela ne pouvait pas mieux tomber. Je me tournai vers Jason qui me dévisagea étonné.

-Alors comme ça tu nous as caché qu'elle était ta sœur ?!

-Comment tu sais que c'est de moi qu'on parlait ?

-Bin en fait...je l'ai écrit dans mon journal.

-Je savais que vous étiez proches mais j'étais loin d'imaginer que vous aviez un quelconque lien de famille.

Jason soupira.

-J'allais vous le dire de toute façon.

-Je suis désolée Kezïa pour tout et même à toi aussi Mathilde. J'ai mal agi avec vous.

-C'est déjà oublié ! Allez rentrons tous. Je peux sortir aujourd'hui. Je vais enfin pouvoir quitter cet hôpital.