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D'abord je ressentais un sentiment de vide tellement réel que j'étais saisie d'une peur horrible. C'est comme ça que j'allais finir mes jours? Mourir dans le vide morne de mon esprit?

Certaines fois, je plongeais dans des sommeils si long que j'en perdais la notion du temps. Les médecins ne cessaient de me dire qu'à ce rythme là, mes jours pouvaient bien être comptés.

D'autres fois, les souvenirs étaient si vifs, si douloureux, si persistants, qu'ils apparaissaient chaque nuit, chaque instant, chaque seconde dans mon esprit. J'en suis venue à essayer de me donner la mort pour les oublier.

Il y avait des jours où je me reveillais en sursaut, cherchant automatiquement la présence de quelqu'un que j'aimais à en mourir dans mon ancienne vie. Ma mémoire revenait alors, et je subissais des crises horribles face aux souvenirs des mots que j'entendais en boucle "Tu me fais pitié... sale de l'intérieur... trainée...".

Je murmurais souvent le nom d'Ahjussi dans mes sommeils comatiques, les psychologues tentaient de m'arracher des informations sur ce nom, sans aucun succès.

Un an que ce calvaire a duré, un an où je me retrouvais fréquemment à l'hôpital les veines ouvertes. Un an m'a pris pour me ressaisir... grâce à une rencontre anodine.

***

Je me promenais dans les couloirs vides de l'hôpital, tentant d'organiser mes pensées lorsqu'elle m'interpella.

- Qu'est-ce-qu'une jeune belle fille comme toi pourrait-elle faire à l'hôpital? Cette robe de chambre est d'une laideur!

C'était une femme d'environ cinquante ans, d'une allure impressionnante: ses cheveux étaient tressés de manière difficile et ses habits semblaient avoir été repassés mille fois. Je l'observais sans un mot, ne voulant pas discuter avec qui que ce soit. Pourtant malgré mon mutisme, elle me suivit.

- Appelle moi Olivia, dit-elle en me tendant une carte de visite qui m'intéressait peu.

- Tu sembles avoir une belle carrure, malgré tes cernes. Tu dois être assez jeune aussi? La vingtaine si je ne me trompe pas.

Soudainement, à force de m'observer, elle sembla percuter.

- Ah! Tu dois souffrir de dépression. Tu es bien faible pour devoir te retrouver ici.

Elle toucha un point sensible, qui me décrivait en une seule phrase: Je suis faible. Mais que me voulait-elle? Je continuais mon chemin sans lui adresser un regard.

- Serait-ce une peine de coeur? Non... le mal doit venir de plus loin. Des personnes t'ont fait du mal?

Je m'immobilisais suite à sa question. Tous ces souvenirs que je combattait avec des médicaments remontaient à la surface.

- C'est donc ça?

Je m'effondrais en larmes, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps.

- Allons allons, il faut cesser d'être une faible pleurnicharde chérie. Pour survivre dans ce monde il ne faut pas avoir de sentiments! dit-elle en me relevant. Je suis sûr que tu dois avoir enduré beaucoup de choses. Je vais t'aider d'accord?

Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire, mais sa présence me rassura. Elle me parla des heures et des heures, sans que je ne saisisse un seul de ses mots. Je répétais en boucle dans ma tête; Pour survivre, il ne faut pas avoir de sentiments.

***

Olivia me rendait visite tous les jours. Elle allait et venait, ne cessant de demander aux médecins quand est ce que j'allais sortir. Elle faisait parti du décor de ma chambre maintenant. Ses remarques sarcastiques me reveillaient peu à peu du brouillard dans lequel j'étais plongé depuis un an.

Elle tenait une agence de mannequin, à ce que je venais de comprendre. Elle passait des tests de santé obligatoire à certaines filles de l'agence lorsqu'elle m'a aperçu. Elle me répète encore aujourd'hui que mon allure l'avait directement fait penser à un paquet d'argent. Selon elle, j'avais certains critères pour intégrer son élite de première classe.

Ça l'arrangeait fortement que ma famille ne ce souciait plus de moi, déçue par mes échecs répétés. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi.

Je lui avais raconté brièvement ce qu'il c'était passé dans mon ancienne vie à Séoul et elle m'avait simplement rétorqué:

- Veux-tu te venger?

J'ai longuement réfléchi à cela. Maintenant que j'avais retrouvé mes esprits, je pensais connaître la réponse.

- Plus que tout.

Elle m'avait fait à cet instant là un sourire qui trahissait son contentement.

- Bien. Ce qu'il nous faut d'abord c'est oublier, supprimer, cette pauvre, faible et pleurnicharde Jasmine du passé.  Gagne de l'argent, obtient toi un statut, devient une des personnalités les plus connues. L'argent et le succès sont la clé pour ta vengeance.

C'est de cette manière, que j'avais laissé tombé tout détail appartenant à l'ancienne moi, l'ancienne Jasmine.
Je me plongeais dans le domaine de la mode et du mannequinat, sous les ordres de l'agence d'Olivia. Mon mauvais caractère à sûrement été un élément clé pour mon ascension. Je suis très vite devenue une fille haïe comme admirée de tous, mais connue internationalement avant tout, sous le nouveau nom d'Ambre DaSylva.

Le destin de Jasmine [JUNGKOOK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant