8 - Chapitre

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           Les deux sœurs finissent par partir sous les coups de 17h, alors que mon frère s'époumone toujours, nous injuriant de façon de plus en plus créative « Rideaux de grand-mère, seins pourris, cancers du sternum » sont les trois dernières insultes qu'il ait utilisées.

         Quand je le libère enfin, son poing s'abat immédiatement sur ma mâchoire, avec une telle force que ma tête pivote d'elle-même sur le côté. Je hausse les épaules, ignorant ce geste; c'est probablement mérité. C'est à cet instant qu'il me murmure froidement à l'oreille « Je sais pertinemment qu'elle était là. Vous auriez dû me forcer à sortir plutôt que de m'enfermer ici, me laissant ainsi entendre sa voix. » Je n'ai pas le temps de répondre qu'il passe déjà son chemin, se dirigeant vers les escaliers. Je reste abasourdi quelques secondes avant de le rejoindre au rez-de-chaussée.

          Je le trouve alors, fermant la porte d'entrée : il vient de partir. Je demande à Sully où il est parti, mais celui-ci affirme ne pas savoir, ajoutant qu'Anicé lui-même a dit ne pas savoir quand il rentrera. Voyant mon air inquiet, il se met en tête de me rassurer, puis me propose que nous allions nous aussi faire un tour. J'accepte sa proposition, espérant que cela puisse me changer les idées.

🌅

          Nous sommes actuellement assis sur un banc, dans un parc, à regarder les gens. Il est 19h, et nous n'avons pas encore mangé par pure fainéantise, mais aussi parce que nous n'avons pas faim. Nous décidons de mettre de la musique, Sully pose la tête sur mon épaule pour mieux apprécier cette douce association de sons, il ferme les yeux et je l'observe longuement ; j'aime le voir ainsi, si calme, serein, si innocent. Il semble en plein dans son monde et je crois que rien n'est plus beau à voir. Après plusieurs minutes, je regarde le ciel, aimant le coucher de soleil et chaque sensation de ce soir. Je fais attention à bien mémoriser ce cliché parfait ; je voudrai le vivre éternellement.

          C'est alors qu'une image bondit dans mon esprit, telle un screamer « Sans réponse sous dix jours, je bloque ton numéro.» Pourquoi avoir besoin de le préciser ? C'est idiot ; on ne se connaît pas, je ne vais pas pleurer pour ça, d'autant que je lui ai bien fait comprendre que je n'ai que faire de cet être, se tenant derrière son écran. Ce qui me frappe le plus, néanmoins, reste l'arrogance dont il est fait preuve dans chaque message ; je déteste ce trait. C'est probablement pour cette raison, que mes doigts effleurent le clavier de mon téléphone et tapent une réponse d'eux-même.

📨 Qu'est-ce que
c'est censé me
faire ?

✉️Je ne m'attendais
pas à une réponse
si rapide.

📨 Une telle
arrogance,
je n'aime
pas ça.

✉️Oups.

📨 Comment as-tu
eu ce numéro ?

✉️ Je te l'ai dit :
je ne te connais
pas.

📨 Alors
comment ?

✉️ Tu es bien
curieux/se.
Plus tard.

          Ces mots m'agacent tant que ma jambe se met à bouger toute seule. Je jure, serrant mon téléphone dans ma main : je ne peux pas le briser, cela coûterait bien trop cher. Mon ami dormant probablement, je n'ai aucun moyen de me lever pour aller passer ma colère, en marchant ou frappant quelque chose, qu'importe. Je soupire et décide donc de juste me concentrer sur le paysage et Sully, espérant que cela apaisera mon esprit embrumé de ces mots, de cette arrogance surtout, faisant brûler le feu de ma colère.

AdjilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant