16 - Chapitre

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          Assis dans la chambre du plus jeune, une tasse de thé dans une main et un livre d'Apollinaire dans l'autre, l'angoissé lit calmement alors que le jeune à la gueule de bois se remet doucement, observant son aîné d'un œil attendri ; quel gentilhomme !

          Le premier sent le regard du second, mais ne dit rien : il fait semblant de ne pas l'avoir remarqué ; il aime bien trop quand ses yeux se posent sur lui de cette façon, seulement, ne se doute-t-il pas que ce même être sait ce qu'il en pense, et n'a de cesse de lui porter cette attention car, lui aussi, aime cette scène de son point de vue ? Non, bien sûr que non -le passionné de littérature n'en a aucune idée, car il est ainsi : un peu aveugle quant à ce qui est éprouvé à son égard.



          C'est un nouveau jour qui se lève, et Adjil panique dès le réveil : où est-il ? Il met quelques secondes avant de s'en rendre compte ; il se trouve dans la chambre de son ami, après s'y être endormi la veille. Celui-ci a déposé une main légère, comme en harmonie avec l'atmosphère, dans les cheveux de son aîné. Ce n'est d'ailleurs pas ce dernier qui s'en plaindra. Il songe à se lever durant une seconde, mais se ravise bien vite : il aime trop ce réveil pour ne pas le faire durer. Alors il ferme les yeux, profitant pleinement de cette délicate sensation tandis que la main de son ami se mouve légèrement dans son cuir chevelu, lui provoquant des frissons de bonheur. « On dirait que ça te plaît », rit doucement Sully. Adjil sourit et marmonne pour toute réponse, ce qui ressemble bien à un ronronnement. Le cadet laisse ses lèvres s'étirer à leur tour, alors que sa main vient frôler la joue de l'endormi, le faisant rougir.

          « Quelle douce sensation », remarque intérieurement Sully avant de mettre une petite claque à Adjil, les yeux brillants de malice. Celui-ci se lève alors d'un bond, « Nm t'es fu ! » grogne-t-il, tandis que le blagueur rit aux éclats. L'endormi se jette sur son vis-à-vis, lui chatouillant les côtes pendant qu'il rit  de plus belle avant de lui donner un coup de coussin. Adjil se sent quelque peu sonné, et Sully en prend avantage en les retournant, se plaçant au-dessus de lui. Il lui embrasse la joue et lui susurre quelques mots au creux de l'oreille, puis il part comme il a démarré la bataille, armé d'un sourire en coin, sous les yeux ébahis du plus vieux.

AdjilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant