10 - Chapitre

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           Il se tient dans l'encadrement de la porte, les yeux légèrement écarquillés et la bouche entrouverte alors qu'il rougit graduellement au fur et à mesure que les secondes passent.

« - Tu es vraiment un excellent sculpteur, remarqué-je. Ton talent et ta précision ne cessent d'augmenter.

- M... Merci, bégaye-t-il d'une voix à peine audible. »

          Je ne comprends pas pourquoi il est si gêné avant de ne prendre conscience de sa tenue : les cheveux en bataille, torse nu, seule une serviette enroulée autour de sa taille le vêtit tandis que sa chevelure laisse échapper quelques gouttes d'eau, qui viennent tâcher le sol d'humidité, en s'écrasant contre celui-ci.

           Gêné à mon tour, je bafouille quelques excuses tout en sortant de la pièce, le temps qu'il se change. C'est très rapide et, en moins de deux minutes, il m'invite à rentrer de nouveau. J'acquiesce et nous nous asseyons sur le lit, nous murant dans le silence. Je finis tout de même par lancer quelques mots, le regard fuyant, l'absence de réels sons m'étant présentement insupportable « Tu sais, pour tout à l'heure, je suis vraiment désolé ».

          Il ne répond pas, et je pense à partir quand je sens ses lèvres se presser contre ma joue. Troublé, je tourne la tête vers lui, lui lançant un regard surpris, alors qu'il sourit.

          Sully sourit, et cela demeure la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir sur ce visage innocent, alors je le prends dans mes bras et niche ma tête dans son cou. Je le sens sourire contre ma nuque, et je frissonne ; bon sang, ce que j'aime sa personne.

          Son être tout entier est réconfortant, apaisant, d'une douceur et d'une pureté sans égal. Tout cela le rend si beau, si léger et si tendre. Je pourrait presque en être jaloux, si je ne l'aimais pas tant, si je ne l'admirais pas comme je le fais, parce que, bon sang, Sully est tellement parfait. Si une personne se rapproche, même un peu, de la perfection, sur cette planète, alors c'est lui.

          Je le dis comme je le pense, comme je le crois, comme je le vois, comme je le sais. Il est tout bonnement incroyable, et tellement doué.

❤️

          Nous avons fini par nous séparer, lorsque j'ai senti son corps s'alourdir et sa respiration devenir plus régulière : il s'est endormi dans mes bras, alors je l'ai couché et bordé en prenant bien soin de ne pas le réveiller, puis j'ai quitté sa chambre et rejoint le canapé. Je suis actuellement assis sur celui-ci : je n'arrivais pas à dormir, alors j'ai lancé Mario sur la ps2, et je ne sais pas depuis combien de temps je joue, mais des pas se font entendre quelques secondes avant que Pascale ne fasse son apparition. Elle s'étonne de mon statut éveillé et me salue chaleureusement, me proposant de déjeuner avec elle avant qu'elle ne parte travailler. Il est 6h du matin, et cette heure matinale s'explique du fait que la mère de mon ami travaille en tant qu'auxiliaire de vie à domicile -qui est un métier vraiment sous-valorisé.

          Quoi qu'il en soit, j'accepte son offre et m'installe à ses côtés. Tandis que je mets des tartines à griller et qu'elle se prépare un café, je l'entends me questionner :

« - Alors Adjil, qu'est-ce qui a bien pu te perturber au point que tu n'en trouves pas le sommeil ?

- Comment le savez-vous ?

- D'abord, tu n'as clairement pas la tête de quelqu'un qui ait dormi ou qui soit serein, ensuite tu as mis un jeu auquel tu joues seul sur la console, et enfin je t'ai entendu sortir de la chambre de mon fils tard dans la nuit, alors je t'écoute : que t'a fait ce vilain garnement ? répond-elle, l'air amusé.»

AdjilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant