34 - Chapitre

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          Je me roule une clope, exténué. Je passe ma vie à faire des choses en rapport avec la fac : je me lève et me prépare pour y aller, je suis un cours, j'en recopie un autre, je lis un livre sous le conseil ou la demande d'un prof, je dors pour être en forme à la fac le lendemain. Au final, cela fait cinq jours que je regrette mes propos envers Sully, qui n'a donné aucune nouvelle depuis -ce que je comprends, et je n'ai toujours pas pu lui en parler. À ce rythme, il sera trop tard, quand je le pourrais enfin. D'ailleurs, peut-être l'est-il déjà ?


Je consume ma barre de nicotine en quelques bouffées -doux poison m'ayant enveloppé, et me dirige vers le distributeur de café, soupirant en voyant un étudiant immobile devant celui-ci, semblant se demander ce qu'il va prendre aujourd'hui. M'entendant probablement arriver, il se tourne vers moi et m'offre un sourire gêné en guise d'excuse, y ajoutant :

« - Je suis dés-(puis, fronçant les sourcils : ) tu serais pas Adjil, toi ?

- Si, et je suis aussi en manque de caféine ainsi qu'en quasi-retard, donc est-ce que tu pourrais te dépêcher, s'il te plaît ? répliqué-je, tentant de contenir la colère m'envahissant, en raison du stress et de son attitude.

- Tu es un sombre connard, grogne-t-il alors que sa mâchoire se contracte, ses yeux devenant de plus en plus sombres.

- Hein ?

- Sully. »


          Le temps s'arrête, je ne percute pas tout de suite, mais son poing le fait pour moi : une douleur apparaît dans ma joue, je tombe, et quatre ou cinq autres coups semblent me finir, alors que je comprends enfin ce qu'il m'a dit. Abasourdi, je l'entends articuler : « ça, c'est pour lui. »


          C'est qui, ça, encore ?


👊


« - Allô ?

- Ouais, Sully ?

- A..Adjil ?

- Ouais, murmuré-je d'une petite voix.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- ...

- T'es là ?

- Ouais, je... je voulais juste te dire que-

- Allô ? Je t'entends pas. Bon, quoi qu'il en soit, je dois aller en cours. Je te rappelle.

- ...

- Au revoir, Adjil. »


          Je soupire ; il a raccroché, et mon coeur se serre douloureusement dans ma poitrine, ma gorge s'asséchant subitement, j'ai envie de pleurer, mais rien ne coule. Qu'est-ce que j'ai fait, bon sang ? Je me suis laissé tomber au sol, je suis adossé à un mur, et je me sens le plus minable des Hommes.

AdjilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant