36 - Chapitre

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ʞ ɔ ɐ b ɥ s ɐ l ɟ


         Je suis enfin en weekend, et je suis tout bonnement ravi, me sentant le plus heureux des Hommes : cette fin de semaine, je vais la passer avec Sully. Je sors précipitamment de mon cours, rangeant mes affaires dans mon sac, salue rapidement mes quelques amis, puis je me rue vers la sortie de la fac, où Sully m'attend déjà, un petit paquet en main. Je lui saute au cou et l'embrasse, puis lui en offre un à mon tour : lui, a désormais une chaîne ornée d'une petite bague autour du cou, et moi une gourmette contenant son prénom, une inscription au dos indiquant : ton doux amour.  Je vis définitivement ma meilleure vie.


          Je fais à manger, Sully m'embrasse la nuque, me provoquant un frisson général, je retourne les nuggets dans la poêle avant de lui murmurer « Comment peut-on aimer quelqu'un à ce point ? » Il ne répond pas, se contentant de sourire, la tête posée sur mon épaule.


          Je nous sers, il sourit encore, et je n'oublierai ce visage pour rien au monde. Son téléphone sonne, il s'excuse et disparaît quelques minutes ; puis il revient, enthousiaste :


« - Devine quoi, mon amour !

- Qu'est-ce qu'il y a ? souris-je à mon tour.

- Anatole et Romane ! Elles, elles ... tente-t-il, l'excitation ne le laissant pas finir alors que je fronce les sourcils.

- Elles quoi ?

- Elles se sont remises ensemble ! Explose-t-il, semblant plus heureux que jamais. C'est génial, non ?! Après tout ce temps, elles ont enfin compris qu'elles sont faites l'une pour l'autre !

- Quoi ? demandé-je d'une voix blanche. Aurai-je mal entendu ?

- Mais non, c'est super, tu ne crois pas ? Insiste-t-il, alors que je ris nerveusement.

- Super ? Super ? rétorqué-je, commençant à m'emporter. Tu trouves ça super, toi, que ma soeur laisse une chance à cette connasse de la détruire, encore une fois ? Tu trouves ça super, tous ces mois pendant lesquels elle souffrait tellement, et ne voulait rien dire à personne ? Tu trouves vraiment que c'est super ?

- Elles s'aiment, tu sais ? Reprend-il, plus calmement. Elles ne se feront plus de mal.

- Mais qu'est-ce que t'en sais, toi ? Ca y est, elle se confie à toi, tu crois connaître toute sa vie, passée, présente et future ? Tu crois pouvoir faire le psy ? Mais réveille-toi, bon sang ! M'écrié-je, sans savoir pourquoi je le fais, ni comment arrêter. Oh, et puis merde ! Mange et sors de chez moi. Je ne veux plus te revoir, c'est bien clair ?


          Il ne bronche pas et se lève, il attrape ses affaires, se dirige vers la porte, me jette un dernier regard et s'en va, le plus vite possible. La porte à peine fermée -avec une douceur inattendue, je m'écroule et frappe le sol, les remords -ou les regrets ? me dévorant déjà, de l'intérieur.

AdjilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant