Installées à une table dans le MacDonald, je mange une frite alors qu'Audrey me fixe. Je hais ça. Je sais qu'elle veut qu'on parle, mais je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de ressasser les mauvais souvenirs. Pourtant, je sais qu'on va devoir parler, qu'on va devoir avoir cette fameuse discussion. Je le sais pertinemment.
— Je sais que tu meurs d'envie de parler, alors vas-y.
— Tourne la page. Je sais que c'est difficile, je ne dis pas le contraire, mais il faut que tu tournes la page, Maggie. Ça fait deux mois.
— Il me manque tellement, Audrey, avouai-je. Si tu savais à quel point Max me manque. Je ne pensais pas que tout pourrait se terminer comme ça. Je pensais que la pire chose qui pouvait arriver était que nos chemins se séparent et qu'on prenne des routes différentes. Mais je ne pensais pas que tout prendrait fin ainsi. Pourquoi a-t-il pris la voiture ce soir-là ? Demandai-je, m'énervant légèrement. Hein, pourquoi ? Il ne pouvait pas se contenter de regarder son fichu match de foot à l'appartement avec une bière à la main ? Non, il a fallu que Tim ait des places pour ce match et qu'ils y aillent ensemble. Si Tim n'avait pas eu ces places, Max serait encore en vie.
— Tu en veux à Tim ?
— Non, je ne lui en veux pas. Je sais qu'il ne voulait pas tout ça. Il ne voulait pas le perdre le contrôle de la voiture, je le sais bien, mais lui, il a eu la chance de survivre.
— Tu devrais aller voir Tim, déclare-t-elle soudainement.
— Je ne pense pas que ce soit une excellente idée.
— Au contraire, c'est une des meilleures choses que tu puisses faire.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je n'ai pas envie de m'énerver sur Tim et lui dire des choses atroces. Je sais que je pourrais m'emporter et remettre la faute sur lui, alors qu'il a tout fait pour reprendre le contrôle de la voiture. Il avait eu des places pour aller voir le PSG et l'OM au stade de France alors il avait proposé à Max de venir avec lui. Étant un grand fan de football, il avait accepté et ils s'étaient retrouvés au stade ce soir-là. Le PSG avait gagné et mes deux amis étaient complètement fous de joie. Ils avaient pris la voiture pour rentrer, mais Tim qui conduisait a perdu le contrôle de la voiture et ce qui dut arriver, arriva. Ils ont culbuter une autre voiture où se trouvait un homme de la quarantaine à bord. Il a survécu, Tim aussi malgré les nombreuses égratignures et son poignet fracturé. En revanche, Max a fait une hémorragie interne et est décédé sur la route de l'hôpital.
— Je sais que tes cauchemars ont recommencés.
— Ce n'est même pas cette soirée-là que je revis, mais mon agression, avouai-je.
— Tu es vraiment étrange, tu le sais ça ? Je hoche la tête, un timide sourire aux lèvres. Je préfère largement quand tu souris.
— Tu sais, je veux vraiment réussir à tourner la page, mais j'ai l'impression de ne pas avancer.
— Tu as avancé, Maggie. La preuve, tu as fais le ménage chez toi, tu es sortie, tu manges de la mal-bouffe qui va te faire reprendre du poids et tu souris. Pas beaucoup, mais un peu, déclare-t-elle, posant son gobelet sur la table. On va aller faire les courses juste après. Il faut qu'on remplisse ton frigo d'aliments non-périmés.
Après avoir terminé de manger, nous quittons le MacDonald et retournons à la voiture. Audrey conduit jusqu'au centre commercial et nous y pénétrons, un cadi dans les mains. Nous parcourons les rayons, prenant de légumes, des fruits, de la viande et toutes bonnes choses. Alors que nous arrivons dans le rayon où se trouvent les yaourts, mon amie prend la parole et me demande si je travaille toujours au café. Je lève seulement les épaules. Je ne sais même pas moi-même. Je travaillais dans un café en plein centre-ville de Paris depuis un peu plus de six mois. J'avais trouvé ce travail qui me servait à payer le loyer de l'appartement, mais lorsque Max est décédé, j'ai arrêté d'y aller. Les premiers jours, ma patronne m'avait appelé et m'avait dit de prendre ma semaine pour me remettre sur pied et digérer le drame, mais je n'y suis jamais retournée après. J'aurais peut-être dû, mais je n'en avais pas la force. Je sais que ça ne pardonne pas tout, j'en suis consciente, mais après deux semaines sans y aller, je me suis dit que si je m'y repointer, ma patronne m'aurait dit que c'était trop tard, alors je suis restée chez moi. Grave erreur.
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REVIVAL » a.griezmann
Fanficrevival → renaissance #160 dans FanFiction 9 aout 2016 - 27 septembre 2016