REVIVAL » a.griezmann

3. « J'ai l'impression de mourir de l'intérieur »

22 février 2016 — Point de vue de Maggie

J'enfile ma veste et quitte mon appartement en prenant mes clés de voiture au passage. Je ferme la porte derrière moi et descends les deux étages. Je quitte l'immeuble et rejoins le parking où se trouve ma voiture. Je monte dans cette dernière avant de mettre le contact et je quitte le parking de l'immeuble où je lofe. Je roule jusqu'au Karen's Cafee. Après que Karen est acceptée de me reprendre, elle m'a annoncé que je commençais aujourd'hui même. Elle a bien insisté sur le fait que si je faisais un seul faux pas, elle n'hésiterait pas à me renvoyer. Autant vous dire que ce matin, je me suis réveillée une demi-heure plus tôt pour être certaine d'être à l'heure.

Lorsque j'arrive devant le café, il est près de huit heures et seules deux voitures avec la mienne sont garées sur le parking à l'arrière du café. J'entre à l'intérieur et découvre Jack ainsi que Karen en train de préparer le bar. Je m'avance timidement vers eux et Jack avec qui je m'entendais très bien, passe ses bras autour de mon corps avant de déposer un baiser sur ma joue. Il ajoute qu'il est heureux de me revoir et de pouvoir retravailler avec moi. On s'est toujours très bien entendu. C'est certainement avec lui que j'avais le plus d'affinité et avec qui je préférais travailler. On était devenu de bons amis, mais depuis l'accident, on s'est rarement parlé. Deux ou trois fois, je dirais et j'avoue que ça me manque de ne plus lui parler et de lui raconter ma petite vie.

— Je suis tellement content de te revoir, ma petite Maggie ! Comment vas-tu ?

— On fait aller.

— Tu n'as pas l'air d'être au top de ta forme et tu as énormément maigris.

— Je sais, mais je me remets sur pied petit à petit. Ça va mieux depuis quelques jours seulement.

— Et tu es prête à revenir au travail ?

— Il n'y a que comme ça que je pourrais avancer, alors oui.

— Tu sais, je voulais t'appeler plus souvent et venir te voir, mais je ne savais pas si tu étais prête et si...

— Ne t'inquiètes pas, Jack, je comprends parfaitement.

Je lui fais un sourire forcé, mais au fond de moi, je meurs d'envie de lui dire qu'il a bien fait de ne pas me rendre visite, j'étais tellement dans un piteux état et j'en voulais à tout le monde que je suis presque certaine que je l'aurais fichu à la porte et lui aurait crié dessus alors qu'il n'y est pour rien dans l'accident de mon meilleur ami. Jack pose sa main sur mon épaule et nous décidons de préparer la salle pour accueillir les clients qui ne vont plus tarder à arriver. Nous descendons les chaises des tables, passons un rapide coup d'éponge puisque la salle a été nettoyée hier soir. Je pose le torchon et dépose mon regard sur Jack. Ses cheveux bruns ont poussé de quelques centimètres et quelques mèches lui retombent sur le front. Ses yeux verts sont toujours aussi magnifiques. Physiquement, c'est la chose que je préfère chez lui. Il est toujours aussi musclé et son tatouage sur son bras est visible aujourd'hui.

La porte s'ouvrit et laissa apparaître une jeune femme blonde : Kelly. Cette dernière se dirigea vers nous. Elle déposa un baiser sur la joue de Jack avant de m'enlacer fortement. Son souffle contre mon oreille, elle me murmura qu'elle était contente de me revoir. Je lui fis un mince sourire et Jack nous quitta pour aller dans les cuisines. Une dizaine de minutes plus tard, le Karen's Cafee ouvrit et je me plaçai derrière le comptoir avec Kelly afin de prendre les commandes et d'aller les donner à nos deux cuisiniers.

*   *   *   *   *

Je descendis de ma voiture et la verrouillai. Je ne sais pas si venir ici maintenant est le bon moment. Je ne sais pas si je suis enfin prête. Mais si non, quand le serais-je ? Je ne vais pas pourvoir repoussé ce moment pendant des lustres. Il faut que j'avance pour tourner la page et venir ici va certainement m'aider.

Je me trouve devant une vieille porte grise abîmée par le temps. Je souffle un bon coup et passe la porte qui grince. Devant moi, s'aligne des centaines de tombes. Je hais les cimetières. Je m'avance dans les allées jusqu'à tombée sur la tombe de mon meilleur ami. Face à celle-ci, je lis pour la seconde fois de sa mort les inscriptions marquées dessus.

« Maxence Garnier

7 juillet 1995 - 27 décembre 2015 »

Je m'accroupis et reste silencieuse pendant un moment. Il avait seulement vingt ans. À cet âge-là, on n'est même pas à la moitié de notre vie. On profite, on sort, on fait la fête, on étudie, on travaille, on tombe amoureux, on aime, on se fait larguer. On fait des tas de choses à vingt ans, il y a énormément d'événement qu'on traverse à cet âge, mais on ne meurt pas à vingt ans. On ne meurt pas en rentrant d'un match de football. Il s'amusait simplement cette soirée-là et on lui a pris la vie alors qu'il n'avait rien demandé. Il était gentil, généreux, accueillant, souriant, bienveillant, un peu chiant des fois, mais il était l'une des meilleures personnes que j'ai connu depuis ma naissance. Mais comme on dit, les meilleurs partent les premiers.

— Salut Max. Je comprendrais que tu m'en veuilles et aies envie de me foutre un bon coup de pied au derrière. Je le comprendrais parfaitement. Je suis seulement venue à ton enterrement et j'ose me pointer deux mois plus tard, sans fleurs, les mains vides, un léger rire sort de ma bouche. Ça fait mal, tu sais. Ça fait putain de mal. J'ai l'impression d'avoir un énorme trou dans ma poitrine qui ne veut se refermer. Et quand j'ai l'impression qu'il devient de plus en plus petit, on me le ragrandit, en m'enfonçant un poignard. On le tourne en moi et j'ai l'impression de mourir de l'intérieur, avouais-je alors que mes yeux commencent à me piquer. En fait, ce n'est pas qu'une impression. Avant, quand tu étais encore avec nous, je profitais, je m'amusais, mais depuis ta disparition, je suis devenue une véritable loque. Je me trouve moi-même pathétique, mais j'ai mal. J'ai putain de mal et j'ai du mal à avancer. Je sais qu'il le faut. Il faut que je le fasse pour mes proches, pour moi, mais aussi pour toi. Tu me manques tellement, Max. Cette fois, je ne peux retenir mes larmes. J'ai besoin de toi. Il n'y a pas un jour, où je ne pense pas à toi. L'appartement me rappelle tous les moments qu'on a passés ensemble, les bons comme les mauvais. Le Karen's Cafee me rappelle les jours où tu venais me chercher après le travail ou quand tu me rendais une petite visite. Audrey me rappelle les soirées que l'on passait ensemble avec Jack. Tout me ramène à toi. C'est tellement difficile de tourner la page alors que chaque objet, endroit me font penser à toi. Je passe ma main sur mes joues, séchant mes larmes. Au fil du temps, j'aurais certainement moi mal et les souvenirs seront moins douloureux, je pense. La douleur se dissipera, mais quand ? Dans une semaine ? Un mois ? Quatre mois ? Un an ? Des années ? Je veux juste reprendre ma vie et continuer d'avancer. Sans toi, malheureusement. Je voudrais tellement que tu sois encore à mes côtés, qu'on continue nos petites vies tranquilles et monotones sans soucis. Je souffle, fermant les yeux quelques secondes. Je sais, je m'apitoie sur mon sort. J'essayerai de passer plus souvent, je te le promets, Max.

J'essuie d'un revers de manche mes joues et pose ma main sur la tombe froide de mon meilleur ami décédé. Je souffle silencieusement et quitte le cimetière. Ça fait du bien de dire tout ce que l'on pense, même si en venant ici, je prends encore plus conscience que Max ne reviendra pas. Il est mort. Et il faut que je me batte. Non pas seulement pour moi-même, mais aussi pour lui, parce que je sais pertinemment qu'il n'aurait pas voulu que je me morfondre et que je devienne une pauvre fille qui espère qu'il reviendra du monde des morts. Il aurait voulu que je me relève, que je continue ma vie et que j'en profite. Que je profite de ma vie à sa place.

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okay okay, je vais essayer de faire des chapitres plus longs, mais ce n'est pas gagné

normalement, Antoine arrive au prochain chapitre, mais comprenez que je veux correctement mettre en place la situation et que vous découvrez Maggie avant sa rencontre avec notre cher footballeur

breeee, qu'avez-vous pensez de ce chapitre ? Maggie et ses collègues ? leurs relations ? Maggie qui va au cimetière ? son monologue ? vous avez aimé ?

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love ya 💛