5. « La vie est un véritable merdier, Maggie »

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Au final, je ne sais as vraiment qu'est-ce que je fiche ici. Qu'est-ce qui m'a poussé à venir frapper à sa porte après deux mois de silence complet ? La dernière fois que je l'ai vu, c'était à l'hôpital, devant la chambre de Max. Des égratignures sur le corps, un peu de sang sur le visage, les yeux bouffis. Voilà de quoi je me rappelle de lui. J'ai complètement oublié le garçon qu'il était avant cet accident.



— Maggie ?

— Je crois qu'il faut qu'on parle, non ?

— Je me demandais si tu allais venir un jour. Il ouvre en grand la porte, me faisant signe d'entrer. Installe-toi dans le salon, tu connais le chemin.


Je marche jusqu'au canapé, traversant le couloir où de nombreux cadres sont accrochés. Tim et Max. Tim et Audrey. Max et moi. Audrey et moi. Tim et moi. Il n'y a que nous trois sur les photographies. Sourires au visage, le bonheur se lisant au visage. Ça fait bien longtemps déjà que plus rien n'est pareil. Je m'installe sur le canapé alors que Tim revient avec deux verres dans la main. De la limonade. Il me connaît sur le bout des doigts. Chose totalement normale pour deux personnes sorties ensemble pendant près d'un an. On avait eu une histoire, mais les choses avaient changé après mon emménagement avec Max. Tim se montrait trop jaloux alors qu'il savait pertinemment qu'entre Max et moi, il n'y avait rien de plus qu'une amitié.


— Tu voulais parler, je t'écoute. Au moins, c'est clair.

— Je suis désolée. Ça n'arrange pas les choses, je le sais, mais je suis sincère. Je ne te remets aucunement la faute sur le dos, je ne dis pas que c'est de ta faute ce qui est arrivé, non, parce que ce n'est pas vrai, mais je suis en colère. Ouais, je le suis toujours. Je suis en colère contre le monde entier de m'avoir pris Max et...

— De nous avoir pris Max, me coupa-t-il brusquement. Tu n'es pas la seule qui a souffert de son décès. Tu es égoïste, Maggie. Pendant ces deux mois, tu n'as pensé qu'à ta petite personne. Les autres ont aussi souffert. La famille de Max, Audrey, moi. Je crois que tu ne te rends pas compte à quel point j'étais mal. C'était moi qui lui avais offert la place, c'était moi qui conduisais sur le chemin du retour. J'ai eu l'impression pendant un mois que tout ça, c'était de ma faute, avoua-t-il, baissant la tête. Et je ne pourrais pas t'expliquer la douleur que ça m'a fait. C'était horrible. J'avais l'impression de crever. Je voulais que ce soit moi qui soit mort, et non Max. Tu n'es pas la seule a avoir souffert, Maggie.

— Je le sais, Tim. Le truc, c'est que Max était mon meilleur ami, on vivait ensemble et il est décédé, comme ça, sans n'avoir rien demandé. Je souffle, jouant avec mon verre. Il était adorable avec tout le monde, alors pourquoi on nous l'a pris ? Pourquoi on nous a fait ça ?

— La vie est un véritable merdier, Maggie.

— Ne me dis pas que c'est ce qui en fait sa beauté, parce que je ne suis pas du tout d'accord avec cette phrase.

— Je ne comptais pas le dire.


On en était arrivé à un point de non-retour. Rien ne pourrait plus jamais être pareil. Plus rien. On ne pourra pas reprendre notre vie et faire comme si rien n'avait changé. Parce qu'il n'était plus là. Parce que cet accident restait marqué dans notre cerveau. Parce qu'on avait tous changé et qu'on est plus les mêmes qu'il y a deux mois.





27 février 2016 — Point de vue de Maggie


Qu'est-ce que je fiche dans cette voiture ? Je ne pense pas que sortir et faire la fête va m'aider, mais d'après Audrey, c'est la meilleure chose que je puisse faire. Sortir et faire la fête. J'aurais adoré avant, mais Max n'est plus là pour me charrier, pour me faire des reproches sur ma tenue ou bien pour éloigner les garçons qu'il ne trouve pas clean. Bien que je le trouvais lourd quand on sortait, maintenant, ça me manque. Tout me manque. Ses yeux, son nez retroussé, sa voix, son rire, son odeur, sa façon d'arquer son sourcil. Tout. Mais je dois avancer, je sais.

REVIVAL » a.griezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant