Chapitre 2 - Le quotidien - Décembre 2004 (2/2)

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Il n'est même pas encore 6 heures du matin quand nous arrivons à Joliet. Tout est calme, ce qui contraste avec l'habituelle fourmilière qu'est le plateau de tournage en journée. Seuls les vigiles et leurs chiens sont présents, mais c'est plutôt rassurant tellement le lieu paraît menaçant en pleine nuit. Wentworth me dépose et part garer la voiture. Comme chaque matin, on se croirait dans un frigo dans la loge de maquillage ! Alors comme chaque matin, j'allume à fond tous les radiateurs. Pauvre Went qui va devoir se mettre à moitié nu alors qu'il ne fait même pas 14 degrés !

Quelques minutes plus tard, Wentworth entre à son tour : « Waou, il fait toujours aussi froid ici ! Thé vert menthe pour madame. » dit-il en me tendant un énorme mug de voyage. Trois semaines ensemble et nous avons déjà nos petits rituels ! Sans plus attendre, je me mets au travail.

La mise en place du tatouage de Michael Scofield est assez complexe. Il est composé de plusieurs morceaux de calques collés un par un sur le corps de Went. Une fois le dessin reproduit sur la peau comme une décalcomanie, je remplis chaque partie avec de la peinture à l'eau. Ça paraît simple mais en réalité, pour la reproduction du tatouage entier, cela peut prendre jusqu'à cinq heures ! Sans parler des 45 minutes supplémentaires pour retirer le tout à la fin de la journée ! Heureusement, selon les scènes tournées, le tatouage n'a pas besoin d'être toujours totalement montré. Par exemple si Went porte un tee-shirt, seuls les dessins pour les bras sont appliqués. Comme c'est le cas ce matin.

Went prend place sur la chaise face au miroir. Il frissonne dans son débardeur blanc. Très pudique, il m'a même confié être presque complexé. Comme chaque matin, nous discutons de tout et de rien. Le tournage, sa famille, la mienne, notre passion commune pour les films d'horreur et les sucreries ... Parfois nous n'échangeons pas un mot pendant plusieurs minutes. Mais c'est alors un calme tranquille qui s'installe, loin du silence gêné quand deux personnes ne savent plus quoi se dire. Dans ces moments, je sens son regard posé sur moi à chaque instant. Je focalise alors toute mon attention sur mes dessins, essayant de me convaincre que je suis ici pour le boulot et uniquement pour ça. Tomber amoureuse est absolument inenvisageable pour le moment, encore plus d'un acteur qui deviendra sans doute d'ici quelques mois une star mondiale !

Peu à peu, le jour se lève et Joliet s'anime au-dehors de la loge. Quelques personnes passent leur tête par la porte pour nous dire bonjour, Katy arrive pour s'occuper du make-up d'autres acteurs. Notre bulle d'intimité se dissipe.

Parfois je ne revois pas Wentworth avant la fin de la journée. Je le croise de loin mais je suis rarement directement sur les scènes de tournage, toujours occupée à revoir le détail d'un make-up ou d'un effet spécial (les affreuses blessures des prisonniers de Fox River, c'est aussi mon boulot). Je fais même office de costumière à l'occasion. C'est fréquent dans le milieu, il faut savoir être multifonctions. Mais j'aime tous les aspects de ce premier job et je mesure chaque jour la chance que j'ai d'être ici, surtout quand je sais que certains de mes camarades d'école galèrent à Pôle Emploi.

Lorsque je retrouve Went le soir, c'est alors notre second moment privilégié. Je le débarrasse de sa carapace d'encre pendant que l'on se raconte nos journées. Parfois nous dînons ensemble, avec Katy et Dominic, l'acteur qui joue le rôle du frère de Michael Scofield, avant de rentrer à l'hôtel.

En trois semaines, une petite routine s'est installéedans ma nouvelle vie à Chicago. Et sans que je ne m'en rende compte, Wentworthest doucement entré dans ma vie. Et pour être tout à fait honnête avecmoi-même, je n'ai pas du tout envie de le voir en sortir. 

Dans les coulisses du tournage de Prison Break (saison 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant