Dans les coulisses du tournage de Prison Break (saison 1)

Chapitre 5 - La révélation - 27 décembre 2004 (2/3)

Allumage des chauffages de la loge, grand mug de thé vert menthe. Tout est presque normal en ce froid matin à Joliet. Tout sauf Went, que je sens particulièrement tendu. Il s'efforce d'être souriant, mais je vois bien que quelque chose cloche. Je n'ai pas envie de le brusquer, alors j'attends qu'il me parle, comme il l'a écrit dans son mail.

Alors que je commence à préparer les calques pour le tatouage, il pose sa main sur mon bras.
« - Lucie, il faut que je te parle de quelque chose. Je ne sais pas par où commencer. Ca me travaille depuis plusieurs semaines déjà, et encore plus depuis ... Depuis qu'on s'est embrassé.
J'arrête ce que je suis en train de faire et prend ses mains dans les miennes. Il a l'air réellement mal à l'aise ; c'est la première fois que je le vois comme ça face à moi. D'un regard, je l'encourage à continuer.
- J'ignore si tu le sais, si quelqu'un t'a mis au courant ou si la rumeur est arrivée jusqu'à toi mais ... Je suis gay. Je ... Je n'ai jamais été attiré par les filles. Jamais. J'ai bien eu quelques expériences mais rien de concluant. Depuis mon adolescence, mes vraies histoires n'ont concerné que des hommes.
Les yeux grand ouverts sous le coup de la surprise, je reste muette. Puis les rouages se mettent en route dans ma tête, et avant même de réfléchir je lui réponds précipitamment :
« - Oh oui bien sûr, pas de soucis. Je ne savais pas, mais je comprends. Ce baiser était juste une ... une erreur de parcours ?! On peut oublier ça et continuer comme si rien ne s'était passé si tu préfères.
- Non ! Non, justement. C'est bien ça le problème ... »

Je ne suis plus sûre de comprendre. Ok, Went est gay. Mais il m'a embrassé. Et  il ne veut pas oublier ça. C'est moi qui disjoncte ou tout cela est très bizarre ?!

Il se prend la tête entre les mains en soupirant. Je m'approche encore davantage de lui et murmure le plus honnêtement du monde ce que je pense de lui .
« - Hé Went, je suis là. Je me fous que tu sois gay, hétéro ou un peu des deux. Tu es mon  collègue, mon partenaire et même bien plus que ça maintenant ... J'adore te peindre le corps tous les matins et j'ai encore plus apprécié notre baiser. Mais si tu penses que tout cela ne mène à rien, alors je comprends. Je n'ai pas envie de te perdre ni de gâcher la jolie amitié que nous avions jusqu'alors. Quel que soit ton choix, je le respecte et je ne t'en veux pas. Mais j'ai besoin de savoir à quoi m'en tenir, d'être fixée sur nous deux, sur ce que nous sommes et sur ce que je suis pour toi.

Il lève les yeux vers moi, ses prunelles bleues au bord des larmes.
- Non, tu ne comprends pas. Moi-même je n'arrive pas à savoir ce que tu représentes pour moi. Enfin j'en ai bien une idée, mais c'est beaucoup trop. Lucie, en trois semaines tu as remis en cause presque 20 ans de ma vie. J'étais persuadé d'être gay. Et je le suis toujours d'ailleurs. Aucune femme ne m'attire. Aucune ! Mais toi ... Dès la première fois que je t'ai vue, j'ai senti que tu étais différente. C'était ... physique ! Tu m'as plu dès le début. Au fil des jours j'ai appris à te découvrir et ça a été de plus en plus fort. Mes sentiments pour toi dépassent le simple stade de l'amitié. C'est à la fois un bonheur et une souffrance. Parce que tu as fait voler en éclats tout ce que je pensais connaître de moi-même. Tu représentes l'inconnu et ... J'ai peur putain ! Ça me dépasse et je flippe comme un gosse face à tout ça. »

Cette fois, je n'hésite plus et le prend dans mes bras. Les mots me manquent face à cette déclaration absolument inattendue, alors je dépose un baiser sur ses lèvres en guise de réponse.

« - Went, je ne te ferai pas de mal. Je veux juste prendre soin de toi, être là pour toi. On ira où tu veux et au rythme que tu désires. Je ... J'ai envie d'être avec toi, auprès de toi. De partager ta vie ! Tu n'es pas le seul à être un peu dépassé. Mais je n'ai pas peur. J'ai confiance en toi. Alors laissons les choses se faire naturellement, ne brusquons rien. Je ne sais pas où cela nous mènera, mais je suis sûre d'une chose : je n'ai pas envie de passer à côté. »