Minuit passé [Terminée]

Minuit trente-deux

Elle s'appelle Annabelle se dit Bastien, quel beau nom, il n'aurait pas pu trouver mieux comme prénom pour que cela lui correspond. Car oui, sous ces sourires enjoliveurs, ces cheveux rouges comme l'éclat d'un rubis, il la trouve non pas de toute beauté, mais d'une pureté semblable au revers de la vie.

Il est allongé à ses côtés, et observe les quelques étoiles filantes osant se montrer tout en l'écoutant parler, il lui lance quelques regards peu discrets, fasciné par l'innocence que dégage chaque parole prononcée. Il sent que par les étoiles, elle est passionnée. Alors, il se surprend à faire un vœu, habituellement il n'en fait jamais, n'étant pas superstitieux, il n'y a jamais cru. Et pourtant, le temps s'est comme suspendu lorsqu'il a souhaité que ce moment ne s'efface jamais, lorsqu'il a juré qu'il ne se séparerait plus de son amie étoilée.

Il se sent différent à ses côtés, comme si les astres les avaient enveloppé et emmené ailleurs, dans un monde meilleur. Où tristesse, chagrin et douleur n'existe pas, où espoir, rêve et bonheur prospère en roi.

Quelques minutes à peine qu'ils sont là, et c'est comme s'ils se connaissaient déjà. Bastien l'écoute parler d'elle alors qu'il boit une bière, puis finit par recracher le liquide amer, lorsqu'Annabelle évoque le souvenir de son enfance. Bastien a vécu la même chose et sait ce que cela fait de ne pas avoir eu, dans son existence, beaucoup de chance.

Le mur protecteur qui les entourait vient alors de s'effondrer, celui qui les empêchait jusqu'à maintenant de faire face à la réalité, laisse ses portes grandes ouvertes aux souvenirs. Il ne s'agit pas des plus beaux, mais bien des pires. Ceux qu'on ne peut arriver à faire taire avec de simples mots, ceux qui résonnent chaque soir tels des échos.

Alors, après avoir pris une grande inspiration, il décide de se livrer à elle, et de lui raconter sa vie de petit garçon. Annabelle l'écoute attentivement. Il commence par le commencement, le jour de son avènement sur cette Terre, l'absence pesante de son père, puis le jour où celui-ci disparaît de nuit, le jour même du sixième anniversaire de son petit. Bastien finit par évoquer la triste vérité, son père ne l'a jamais aimé. Il a fait preuve de lâcheté en abandonnant femme et enfant, qui pourtant, l'avaient aimé.

Annabelle verse une larme, consciente à cet instant que Bastien vient de baisser ses armes. Mais il ne lui a pas tout dit. Il n'en a pas encore fini avec ce passé qu'il traîne depuis toujours derrière lui, comme un poids, celui d'une vie...