chapitre 2

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Tandis que le livreur s'éloignait de la porte, je la refermai l'air perplexe.
Pourquoi me parlait-il donc de mon grenier ? Comment savait-il même que j'en avais un ? Et par dessus tout qu'elle était cette chose que je devais à tout pris trouver ? ?

J'entendis la porte du bureau de maman claquer.

- J'ai entendu la sonnette, les pizzas sont par-là ?
- Oui. Elles sont sur la table.
Je les désignais du doigt.
- Génial, je meurs de faim !
Elle se frotta les mains avec appétit. Tandis qu'elle se dirigeait vers la table maman me jeta un coup d'oeil.Voyant que je ne réagissais pas elle demanda :
- Tout va bien ?

Sa question me ramena à la réalité. Je secouai la tête pour retrouver mes esprits.
- Oui oui. Ça va.

Je pris place sur une des chaises de la cuisine avant de reprendre la parole.

- C'est seulement que le livreur était assez étrange. Il m'a dit quelque chose. Il ne semblait pas lui même...
- Qu'est qu'il t'a dit ?
- Il m'a parlé du grenier. De quelque chose qui s'y trouvait...

Maman me regarda sceptique et tandis que je la fixais, un sourire se dessina sur son visage.
- Quoi ? ?
- Est-ce qu'il semblait comme... possédé ?
- Maman ne te moque pas de moi, soupirai-je !
- Oh non je ne me permettais pas!

Elle me jeta un regard en coin.

- Ça me rappelle seulement John. Tu te souviens il y a quelques années ? Il était rentré dans la maison en criant qu'on le poursuivait. Il nous avait fait une peur bleue !

Je souris :
- On avait regardé à travers chaque fenêtre de la maison pour vérifier qu'il n'y avait personne !

Elle acquiesça.
- Et ensuite il nous avait dit qu'on ne pouvait pas le voir car il n'était pas réel... C'était un esprit ! Il a dit qu'il voulait le capturer pour s'emparer de son âme !

Je riais :
- Je m'en souviens comme si c'était hier !
- Et tu y as complètement cru! Il s'était approché de toi par derrière et d'un coup, avait pris une voix tellement roque !! Il avait braillé qu'il était un démon et que John était parti pour toujours, et tu t'étais sauvée de la maison en hurlant ! A peine franchit la porte il s'était mis à rire !

Elle pris un air compatissant.

- Ce fut un des plus beaux moments de ma vie...!

Je lui décochais un regard vilain !

Sur ce coup, là je n'avais pas été très fière de moi ! Quand je m'étais retournée et que je l'avais vu rire... J'étais rentrée toute honteuse !
Et je ne lui avais plus adressée la parole pendant une semaine !

John a toujours été comme ça. Depuis le collège. C'est ici qu'on s'est rencontré.
Il avait glissé un mot dans mon sac. "Involontairement". C'était une déclaration d'amour, adressée à un garçon.
Je n'aurais pas dû la lire mais la curiosité avait eu raison de moi !
C'était vraiment très poétique ! Comme il n'y avait pas de destinataire sur l'enveloppe, j'avais été contrainte d'aller lui redonner sa lettre en personne. Il ne m'avait même pas blâmé quand il avait su que j'y avais jetée un coup d'oeil. ..un gros même.

Il m'avait ensuite expliqué qu'il n'osait pas avouer ses sentiments. Quand je lui avais demandé si je pouvais aider, il m'a dit d'aller voir ce garçon en personne pour lui déclarer ma flamme ! Et il fallait que ça à l'air convaincant ! Pour vérifier s'il était bien gay sois-disant !
Et stupide comme j'étais, je n'avais pas hésité !
Pour ma défense, je venais d'entrer en cinquième...!

Comme vous pouvez vous en douter, bien sûr, ce garçon n'était non seulement pas gay mais en plus il avait une copine, une des filles les plus populaires de l'école. .. et bien sûr John le savait...

A vrai dire je ne sais même pas comment on est devenu amis, meilleurs amis même. Il avait le dont de m'agacer à chaque minute que je passais en sa présence. Mais étrangement c'est aussi lui qui me permettait de m'évader, de braver l'interdit, et c'était un excellent confident ! Je crois que c'est aussi grâce à lui que je me suis forgée le caractère ! Il m'a apprit à discerner le vrai du faux.

...
- Chérie ?
- Mmh... ? Oh oui pardon, je réfléchissais.
Maman coupait les pizzas. Elle me lança un regard interrogateur.
- Tu penses que c'est encore une de ses blagues c'est ça ?
- Il sait que tu as toujours eu peur de ça. Les sorcières, les possessions, les fantômes... Elle fit un cercle avec ses mains comme si elle mimait quelque chose.

Je haussai les sourcils.
- Oui. C'est sans doute lui... Ce n'est pas comme si ça pouvait être réel...
Pourtant mon instinct me disait que ce n'était pas la fin de l'histoire !

...

Un peu plus tard dans l'après midi, alors que j'étais dans ma chambre occupée à ranger quelques cahiers, j'entendis un chuchotement derrière moi.
Pensant que c'était maman, je commençais à discuter.
- Tu savais que j'avais gardé plein de peintures faites en petite section ? souriais-je , c'est vraiment trop mignon !
Je les ai retrouvées sous tout un tas de papier dans mon bureau.

Je rassemblai les feuilles de papier lorsque mon regard croisa celui de l'horloge. 14h58.
Ça faisait presque une heure que maman était partie !

Je me retournai subitement !
Il n'y avait personne.
Pourtant les chuchotements étaient toujours là...
Je pouvais distinguer plusieurs voix autour de moi.
J'avais beau me tourner dans tout les sens je ne voyais rien ni personne !

Je m'approchai alors lentement du battant de mon armoire et l'ouvris brusquement !
Rien.
Je fis de même pour le reste de ma chambre:
Je regardai sous le lit, derrière la porte, et même à travers la fenêtre mais rien !

Je m'assis sur mon lit.
- Ok... tu es sûrement un peu stressée, tout ça doit venir de ta tête...
Je m'allongeai sur le matelas et fermai les yeux. Essayant de me concentrer sur ma respiration.
Je crois que ça marchait...
je retrouvai mon calme peu à peu.

Soudain je me souvins des paroles du livreur de pizzas " Tu dois aller la chercher. Tu dois changer les choses . "
Je sursautai alors et ouvris les paupières brusquement !
Je sentais une présence. J'en étais persuadée !
Il y avait quelqu'un dans ma chambre et je le sentais !

Je me levais, tremblotante, et appelai :

- Il y a quelqu'un ?

A la place d'une réponse claire, j'entendis les murmures qui reprirent de plus belle !
J'essayais de me parler à moi même pour me rassurer.
- Tout va bien Eli. Personne ne peut te faire du mal...

Je décidai de suivre mon instinct. Je laissai la peur de côté et glissai un pas hors de la chambre.
Je ne voyais toujours personne pourtant je me sentais attirée au fond du couloir. Comme si quelque chose me tirait, comme si quelqu'un m'appelait...
Je me mis à marcher lentement dans cette direction, sans avoir réellement conscience d'où j'allais. Je n'arrivais plus à penser clairement !
Et plus j'avançais plus je sentais comme une courant d'air chaud m'envelopper. Comme si j'étais prisonnière d'une bulle qui refusait de me laisser diriger et qui m'emmenait tout droit vers les enfers ! Toujours plus tandis que j'avançais... !
Et soudain, plus rien !

Je retrouvai mes esprits. Je repris le contrôle de mes mouvements. La chaleur s'atténua peu à peu.
C'est comme si rien n'avait eu lieu !
Mais lorsque je regardai devant moi, la première chose que je vis me glaça le sang !

C'était la porte du grenier...!

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