20. La Vallée de l'Archange

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Alors le voyage en avion se prolongeait, Vassili avait glissé dans le sommeil sans même s'en apercevoir.

À son réveil, il eut la désagréable surprise de sentir le contact d'un matelas rugueux en lieu et place du confortable fauteuil dans lequel il s'était endormi. L'angoisse lui serra aussitôt la gorge, alors que son esprit tentait de se remettre en marche.

Il ouvrit les yeux, mais la pénombre était trop dense pour qu'il puisse voir où il se trouvait. Et s'il était de retour à l'orphelinat? Les dernières heures en compagnie de Monsieur V n'auraient été qu'un rêve? Une cruelle plaisanterie?

Vassili tenta de se calmer. Sa bouche était sèche, et quelque chose d'autre que le noir d'encre qui l'entourait l'angoissait. Il mit plusieurs secondes à comprendre ce que c'était: le silence. Aucun bruit. Une absence totale de son telle qu'il n'en avait peut-être jamais connu. Le minuscule appartement qu'il partageait avec sa mère, puis l'orphelinat dans lequel on l'avait placé après sa mort étaient des endroits toujours bruyant, quelque soit l'heure du jour et de la nuit...

Sa respiration lui semblait assourdissante, et il avait terriblement soif.

Le petit garçon se redressa sur le lit et repoussa le drap qu'on avait posé sur lui, avant de commencer à tâtonner à la recherche de lumière. Ses doigts rencontrèrent rapidement un premier mur sur sa droite. Il s'attendait à du béton, mais il eut la surprise de découvrir une surface de pierres fraîches et rugueuses. En tâtonnant de l'autre côté du lit, Vassili finit par trouver une table de nuit en bois et, après quelques secondes d'exploration supplémentaire, un fil électrique. Fébrile, il suivit le câble jusqu'à un interrupteur qu'il pressa sans hésiter, mais la lueur électrique qui venait de jaillir de la lampe l'aveugla.

Quand sa vision fut revenue à la normale, il découvrit une petite pièce au plafond voûté à l'ameublement spartiate: outre le lit et la table de nuit, il n'y avait qu'une armoire, un bureau et une chaise. Une grosse porte en bois massif semblait être le seul accès vers l'extérieur; il n'y avait pas la moindre fenêtre.

Enfin, il remarqua qu'on avait déposé ses chaussures sur le sol dallé de pierre, juste à côté de l'armoire à laquelle sa veste était pendue à un cintre.

Vassili se leva et frissonna. La température de la chambre était plutôt fraiche, et il décida de commencer par récupérer ses affaires. Une fois mieux couvert, il se dirigea vers la porte qui, contrairement à ce qu'il craignait, n'était pas verrouillée.

Derrière le battant, il découvrit un couloir de pierre sans fenêtre, presque un tunnel. Celui-ci était éclairé par une ampoule tremblotante et donnait sur plusieurs autres portes en bois, semblables à celle de la chambre qu'il venait de quitter.

Le petit garçon hésita quelques instants sur la marche à suivre.


-Y a quelqu'un? lança-t-il d'une voix mal assurée.


Il n'avait pas parlé très fort, mais cela avait suffit à perturber le silence des lieux, et il regretta aussitôt d'avoir ouvert la bouche.

Saisit par une soudaine bouffée de claustrophobie, il se mit en marche d'un pas rapide. Au bout du couloir, il découvrit un escalier en colimaçon, qu'il grimpa quatre à quatre. En fait, Vassili courait presque quand il déboucha soudain à l'air libre. Il cligna des yeux à cause de la lumière du soleil et regarda autour de lui, surpris par le décors.

Il venait d'arriver dans une galerie couverte de forme carrée, qui entourait un petit jardin soigneusement entretenu. C'était sans aucun doute possible un bâtiment ancien, avec des colonnades en pierres apparentes et des chapiteaux soutenant des arcs élégants, ornés de bas reliefs chrétiens délicatement sculptés, mais usés par le temps.

CHERUB Agent Double - 1 - Opération MidasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant