VIII - 1er Octobre

35 6 2
                                    

Je m'étais réveillé avec un mal de tête. Une forte douleur la parcourait. Autant une douleur physique que psychologique. Je sentais que quelque chose avait changé en moi. Je peinais à comprendre de quoi il s'agissait. Je ne ressentais rien de différent, mais au plus creux de mon âme, je savais que quelque chose n'était plus comme la veille.

Bizarrement, je pensais encore à Ryan. Mes sentiments d'intolérance envers lui commençaient à devenir de l'acceptance, pour ensuite finir par un manque, un manque cruel d'attention de sa part. Rien que la veille, penser à lui de cette façon m'aurait renversé l'estomac. Et ce matin-là, penser à lui, ironiquement, me renversait aussi l'estomac, mais d'une toute autre façon. Mes battements de cœur accéléraient, mon souffle se coupait, mes joues devenaient rosées et mes yeux brillaient... Étais-ce ça, l'amour ? Aimer d'un jour à l'autre une personne dont on ne connait pratiquement rien, et ce, malgré le fait que cette personne pouvait m'énerver à un plus haut point. Peut-être justement que je refoulais ces sentiments jusqu'alors jamais ressenti pour personne, dans la peur que ce ne soit jamais réciproque. Ce qui m'énervait en lui était peut-être en fait ce qui m'attirait inconsciemment. Faut dire qu'a presque tous les jours, mes pensées se focalisaient sur lui. Je ne l'avais jamais vraiment remarqué, mais... Je pensais presque toujours à lui. Dans mes propos négatifs, je glissais parfois des commentaires positifs sans m'en rendre compte.

Je me suis levé, j'étais dans un état plus que vaseux. Je marchais d'un pas lent, avec la tête baissée et le regard vide. Je ne comprenais pas trop pourquoi j'avais cette mine déconfite. Il n'y avait pourtant rien de malheureux dans le fait d'aimer quelqu'un. C'est vrai, Ryan n'était pas celui que j'adorais le plus, voire même que je le détestais, et voilà que ce matin je me réveille en croyant l'aimer... On devait m'avoir jeté un sort ou quelque chose du genre. Cette simple remarque idiote me fit sourire. J'ai relevé la tête, sans toutefois perdre mon regard vide.

En route vers le lycée, je perdis peu à peu l'envie d'y aller. Il allait être là, le même Ryan que je détestais tant, avec ses manies énervantes et sa voix calme... Une voix agréable à entendre, je dois l'admettre. Et il avait plutôt fière allure... Il était grand, musclé, bronzé, cheveux courts d'un brun pâle, yeux bleus, belles lèvres... Finalement, pas mal tout en lui m'attirait. Encore une fois, j'ai souri. Finalement, ce n'étais pas si mal... et il n'était pas si mal.

Arrivé au lycée, mon sentiment de manque s'agrandit. Le stress de le voir, semblable au même stress que j'avais ressentis lorsque je l'ai vu chez lui en tenue plus qu'agréable pour les yeux, augmentait de plus en plus.

Étant d'un naturel franc et honnête, puisque savoir toujours la vérité nous montre à quel point un mensonge peut détruire une vie, j'allais devoir lui dire ce que je ressentais. Bien sûr que j'avais peur. Surtout que cette fois-ci, je ne pourrais jamais connaître ses véritables intentions. Peut-être était-ce cela qui m'attirait encore plus chez lui, enfin quelque chose que je ne connaissais pas...

Cependant, je ne l'ai pas vu de la journée. Il n'était pas venu en cours, ni même à son entrainement de football. Et quand je demandais où il était, les autres élèves disaient qu'ils ne le connaissent pas. Je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était de ma faute... Je me suis souvenu des dernières pensées que j'avais eu la veille, je ne voulais plus jamais en entendre parler. Et voilà qu'aujourd'hui, c'était comme s'il n'avait jamais existé... À ce moment-là, j'eus une pensée tellement égoïste que j'en eu l'estomac dans la gorge. « Si au moins j'avais continué à le détester, ça ne m'aurait pas dérangé qu'il disparaisse à jamais... » Pourquoi a-t-il fallu qu'il disparaisse maintenant. Pourquoi la vie était-elle si cruelle avec moi...

Après réflexion, je me disais que peut-être, je n'avais que rêvé de lui, et qu'il n'avait jamais réellement existé. Je me devais d'en être sûr... Je me suis donc rendu chez lui, ou plutôt, le chez lui que je m'étais imaginé.

Tout était identique, la porte, les murs, les couleurs, la sœur... Le seul hic, c'était qu'ils n'avaient jamais entendu parlé d'un Ryan Collins. Il n'avait jamais existé...

Je me suis excusé et je suis reparti chez moi. Un énorme gouffre s'était créé dans mon cœur. Un vide que je ne saurais jamais combler. Je n'arrivais toujours pas à comprendre comment j'ai pu passer du détestable au parfait Ryan en une nuit... c'était tout bonnement impossible, qui plus est, il disparait au même moment... en laissant derrière lui une vie inexistante dans ma tête.

Je marchais, depuis bien plus longtemps que je ne le pensais. Je n'étais pas du tout chez moi. J'étais dans un parc. Des arbres à l'allure triste se profilaient un peu partout. Ne sachant que faire, je m'étais assis sous un saule, loin de tout le reste.

Il portait bien son nom ce saule... Le saule pleureur. Son nom ne venait pas du fait que ses feuilles tombent vers le sol comme des larmes, comme tous semblent le croire, mais bien parce qu'il recueille en ses racines les pleurs des gens...

Je pleurai, sanglotai, jusqu'à l'épuisement... Plus rien ne comptait à présent à part ses larmes qui coulaient et le bruit de mes respirations saccadées...

Les 3 Royaumes - La Grande ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant