XI - Orphelin

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Je marchais vers chez moi, encore sous le choc des atrocités que je venais de commettre. Comment avais-je pu commettre autant de meurtres de sang-froid. Je les avais tous tués, un sourire aux lèvres. J'avais adoré. Moi qui pourtant n'es pas une personne de nature violente par mes habitudes. J'avais fait couler le sang de dizaines d'adolescent. Certes j'avais toutes les raisons du monde d'avoir envie de leur faire du mal, mais de là à leur ôter la vie...

Jamais je ne me serais cru capable d'enlever la vie à autrui. De plus, j'étais totalement troublé par la façon dont je les avais réduits à n'être que des cadavres sur le sol. Je n'étais pas fou, j'avais crié dans leur tête, je leur avais littéralement coupé le souffle, j'avais fait éclater une vitre en morceaux, je m'étais mis à survoler le sol et je leurs avaient tranché la gorge sans même les toucher.

« Je suis quoi à la fin ?! BORDEL DE MERDE !! »

La seule réponse qui me venait était que j'étais un monstre. Je n'étais définitivement pas normal. Quel humain sur cette terre serait capable de ce genre de choses... Je savais déjà que je n'étais pas totalement humain à cause de mon « don », mais maintenant, c'était totalement une atrocité que j'étais devenu.

Je n'avais maintenant plus qu'une envie, rentrer chez moi, me cacher dans mes couvertures et pleurer jusqu'à en mourir de déshydratation... Arrivé, je m'étais lancé dans mon lit et mis ma tête sous mon oreiller.

Quelques minutes plus tard. J'entendais ma mère commencer à paniquer dans ma chambre.

« Mon fils est un meurtrier ! Je ne peux pas croire que tu as réellement fait tout ce que l'on m'a dit au téléphone. Ludovic ! Tu m'écoutes quand j'te parle !! »

Décidément je ne pourrais jamais être en paix. Je n'avais vraiment pas envie de parler de ça, et surtout pas à elle.

« Je t'ai mieux élevé que ça ! Comment j'ai fait pour élever un meurtrier, pourquoi ?! Qu'ai-je fait de si terrible pour mériter ça !? »

Visiblement, elle s'inquiétait plus pour son orgueil de mère que pour moi, et ce qui s'était passé. Elle n'avait que ce mot en bouche, meurtrier.

« Je veux que tu sortes de cette maison ! Je ne veux pas de meurtrier sous mon toit ! Sors d'ici et ne reviens plus jamais ! »

Je me suis levé et lui ai adressé un regard. J'avais les yeux tout boursoufflés de rouge. J'avais encore des larmes qui coulaient par-dessus les plis enflés sous mes yeux.

« Ne te considère plus jamais comme mon fils ! Ce n'est pas vrai que j'ai mis au monde un meurtrier !! »

C'en était trop de sa part...

« Je ne me suis jamais considéré comme ton fils ! Tu n'es pas ma mère ! Effectivement, tu n'as pas mis un meurtrier au monde ! PARCE QUE TU NE M'AS PAS MIS AU MONDE ! »

Je lui avais dit cela en lui donnant un regard des plus enflammé. Je pouvais littéralement sentir sa peur se manifester de partout. Elle avait la chair de poule, ses poils blonds sur ses bras étaient redressés comme des flèches, pointant vers le ciel. Elle en pleurait. Je ne pouvais pas savoir si elle pleurait de peur que je la tue, ou si elle pleurait parce que je lui avais remis la vérité dans la face. Je ne suis pas resté pour le savoir.

J'ai quitté la maison et je suis allé me réfugier sous le saule. C'était le seul endroit où je savais que personne ne viendrait me déranger. Je voulais être seul.

J'avais maintenant perdus mon seul amour, ma fausse mère, et ma dignité. J'avais enfreint mon principe le plus fondamental : ne blesser personne, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

J'étais livré à moi-même, seul dans un monde où je n'étais désormais plus le bienvenu. J'étais seul contre tous. La seule envie que j'eusse désormais, c'était partir, partir loin, très loin. Je ne laisserais derrière moi rien de plus qu'un sentiment de soulagement. Je n'avais plus rien qui me retenait... J'aurais aussi bien pu crever et la seule chose que les gens auraient pensé c'est « bon débarras ».

Peut-être qu'en fait, c'était justement le bon moment pour partir. Partir pour de bon je veux dire. Personne ne me pleurerait. Personne.

« Encore là toi ? »

Elle me regardait avec un sourire. Je l'ai regardée s'assoir encore une fois à côté de moi. Cette fois, elle me regardait moi, et non le vide.

« Je ne pensais pas que tu survivrais à ta journée sans la personne que tu aimes. »

Elle avait lancé ça, encore avec son large sourire, tout en riant. Elle avait ensuite replacé ses long cheveux d'un noir que je qualifierais d'écarlate. Dépendamment de l'orientation de la lumière, ses cheveux passaient du noir au rouge vif. C'était... captivant.

« Je n'en dirais pas autant de mes camarades de classes... »

Elle me regarda d'un air surpris. Elle semblait plutôt confuse. Je dis confuse puisque je n'arrivais pas à lire en elle non plus, mais rendu au point où j'en étais je n'étais plus surpris.

« J'ai fait des choses que tu ne pourrais même pas imaginer... Des choses, atroces... »

Son air se solidifia et elle prit un visage de marbre.

« Il arrive parfois que l'on fasse des choses peu recommandables sous l'effet de la colère. »

Elle avait dit cela comme si elle arrivait à me comprendre... Comme si elle avait fait des trucs horribles aussi.

« Même si je voulais expliquer, je n'y arriverais pas. Tu devrais t'en aller avant que je recommence... Je ne me contrôle pas... »

Je parlais pourtant de trucs horribles. N'importe qui aurait pu comprendre ce que j'avais commis par les mots que je prononçais. Elle semblait comprendre, mais elle n'avait pourtant pas peur. Peut-être justement que le fait que je ne puisse pas lire en elle voulait dire qu'elle était différente aussi...

« Je n'ai pas peur de rester, je sais que tu ne me feras rien... »

Elle avait accompagné ses paroles d'un sourire gêné. Je rêve ou je lui plaisais ?

« Tu devrais... Je viens de tuer une vingtaine de personne il y a à peine une heure... Qui sait si je ne vais pas recommencer ? »

Elle arrêta de sourire. Son regard devint glacé. À vrai dire, c'est plus elle qui me faisait peur à ne pas avoir peur de moi. Était-elle pire ?

« Viens, je t'emmène chez moi... »

Avant même de pouvoir dire quelque chose, elle me prit par le bras et d'un coup, nous fûmes transportés dans un tout autre endroit...

Les 3 Royaumes - La Grande ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant