XXI - Plume Par Plume

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Mes ailes... Cette folle voulait me couper les ailes, et pas qu'au sens figuré, au sens propre. Elle voulait que je la laisse m'enlever la seule chose qui me restait de mon ancien statut d'Ange.

« Tout, mais pas ça je t'en prie ! »

Rien ne faisait plus mal pour nous que de se faire enlever les ailes. C'était comme si l'on vous plantait des centaines de couteaux dans le dos pour le restant de vos vies et que jamais la douleur ne s'estompait. C'était une souffrance éternelle.

De plus, lorsque l'on se fait couper une aile, c'est comme si l'on vous coupait un bras ou une jambe. Non seulement la douleur est affreuse, mais par la suite on ressent un manque, on essaie tant bien que mal de bouger le membre manquant, mais la frustration fait son apparition lorsque l'on se rappelle ne plus avoir la partie du corps en question.

« Que pourrais-tu m'offrir d'autre qui vaudrait autant à mes yeux ? »

J'avais beau chercher, rien ne valait plus que des ailes de mon rang, malgré qu'elles soient désormais noires. Ayant été bannis de mon royaume, mes ailes passèrent du blanc doré au noir. Encore une fois, je ne pus m'empêcher de penser au fait que si mon père n'avait pas banni son fils du royaume, je ne serais pas dans cette galère.

« C'est bien ce que je pensais, tu n'as rien de mieux à m'offrir. »

Elle fit un très large sourire avant de s'approcher de ma cellule pour détacher mes fers. Elle me tint par le bras d'une poigne forte. Elle m'attira jusque dans la demeure géante où j'avais vu Ludovic. Je ne comprenais pas ce qu'elle avait derrière la tête.

En entrant dans le hall, je vis des dizaines de Démons assis sur des sièges. Il y en avait trois sur l'étage supérieur où était assis Ludovic et... Lilith. Je le savais... mais comment était-ce possible ? Mon père avait juré l'avoir tuée de ses propres mains. Mais là n'était pas le moment de se poser des questions, je devais me préparer au pire si tous étaient conviés.

Je fus positionné en plein milieu de la salle, tous les regards fixés sur moi. Tandis que mon regard ne se portait que sur lui. Kira s'avança pour prendre la parole.

« Nous sommes réunis en ce jour pour lui faire payer le prix dont nous avions convenu afin qu'il puisse pénétrer ici pour voir notre prince. »

Elle en prenait un plaisir fou, de même que tous ceux qui étaient présent. J'espérais tout de même que Ludovic n'y prenne pas plaisir.

« Ses ailes sont le prix à payer pour partir d'ici vivant. »

Elle me prit par le bras et ouvrit ses deux grandes ailes d'un noir encore plus sombre que le mien. Malheureusement, il était sous l'emprise d'un charme qui lui faisait voir ce que Lilith voulait qu'il voie.

Elle me souleva du sol et m'attacha à des chaines reliées au plafond de l'immense bâtiment. J'étais attaché par le cou, les bras et les jambes de façon à ce que je sois placé en étoile.

« Dévoile tes ailes ! »

Je fus obligé de suivre son ordre. Ça ne me tentait pas de perdre mes ailes, mais je ne voulais pas qu'elle emploie des moyens plus fort pour me faire sortir mes ailes.

Mes deux ailes sortirent et aussitôt elle me les attacha aussi à des chaines afin que je ne puisse plus les cacher sous l'effet de la douleur. J'étais pris au piège.

« Nous allons maintenant procéder au paiement. »

Elle fit glisser sa main droite sur mes plumes avant d'en attraper une. Je sentais déjà que la douleur serait atroce. Je ne m'attendais tout de même pas à une telle horreur. Je ne pus m'empêcher de crier comme un forcené lorsqu'elle se mit à tirer.

« Calme toi mon chou, je n'en ai même pas arrachée une encore. Je sens que je vais bien m'amuser... »

Je n'osais pas imaginer ce que ça allait être lorsqu'elle allait réussir à en arracher une. Elle venait de lâcher ma plume afin de les caresser.

« Je dois avouer, que tes ailes sont extrêmement douces, essaie de pas trop saigner, je n'aimerais pas abimer ces jolies plumes. »

Soudain je senti une douleur tellement puissante que j'en perdis la force de crier. Tous mes muscles brûlaient, mon sang bouillait en moi, je sentais que mon âme se déchirait.

Lorsqu'elle en arracha une seconde, un cri si puissant sortit de mes cordes vocales que les vitres explosèrent. Je sentais mon âme éclater.

Quand ce fut le tour de ma troisième plume, mon cri fit trembler les fondations même du bâtiment. Je sentais mon âme se désintégrer.

Durant le paiement, des centaines de plumes furent arrachées, me volant à chaque fois un cri et une partie de mon âme. À chaque fois qu'elle m'arrachait une plume, je sentais mes muscles se déchirer, ma chair se détruire de l'intérieur et mon sang se propager partout à l'intérieur de moi.

Le supplice dura énormément plus de temps que ce que j'aurais imaginé. Je ne pensais pas avoir autant de plumes, 738 plumes... 738 fois sentir tout son être se briser.

Lorsque finalement mes deux ailes furent dénudées, ce fut le moment de me les couper. Chaque aile coupée me donnerait autant de douleur que si l'on m'avait arraché toutes les plumes de mon corps d'un coup.

Elle sortir une lame faite pour la coupe d'ailes. Celle-ci couperait mes deux d'un seul coup, me causant la douleur la plus intense jamais ressentie. Le contact froid du métal sur mes ailes et mon dos me fit frissonner.

« Aller finissons-en. » lui dis-je.

Lorsqu'elle me les coupa, je senti mon corps exploser. Un cri tellement perçant sorti de ma gorge que les murs du hall explosèrent et se mirent à léviter autour nous. Tous se levèrent prêt à m'attaquer. Du sang jaillit alors des plaies dans mon dos. Un liquide doré aussi pur que la lumière des cieux tourbillonnait autour de moi.

Quelques instants plus tard, j'étais au sol, au bord de la mort. Les pierres tombèrent au sol dans un violent vacarme et mon sang se mit à pleuvoir de partout.

« Je ne m'attendais pas du tout à ça, et son sang...doré ?! »

Lilith s'était levée.

« Achève-le ! VITE ! »

Kira se précipita vers moi, mais une vive lumière m'enveloppa et la projeta au loin. Mon corps se mit à flotter doucement sous les yeux ébahis de tous. Derrière moi se trouvait mon père, ainsi que le grand conseil et tout le peuple des cieux étant apte à se battre.

Je fis emmené derrière la ligne des soldats du peuple des cieux, à l'abri du danger qui se profilait. Lilith, Kira et le reste du peuple du bas-monde regardait les yeux grands ouverts les Anges qui se tenaient devant eux.

Ludovic lui, prenait finalement conscience de ce qui se passait vraiment...

Les 3 Royaumes - La Grande ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant