Anna
Dès la fin de la vacation, je prétexte un appel de mes parents pour m'éclipser grossièrement. Peu importe, ce qu'en pense mes collègues, je m'en débrouillerai plus tard.
Je file aux toilettes, retouche mes cheveux et vérifie mon maquillage. J'hésite à retirer mon t-shirt sous ma blouse. J'en garde toujours un pour éviter les regards intrusifs des patients.
Non ! Nous ne sommes pas nues sous nos tuniques ! Vous avez déjà travaillé avec une climatisation poussée à fond pour une surchauffe des machines ? Et bien, c'est polaire ! Mais pour l'occasion, ce serait plus pratique sans t-shirt, si jamais il voulait... de moi ?
Je trépigne d'impatience. Ma décision est prise. Je lui faciliterai la tâche et si son souhait s'avère platonique, j'enterrerai ce dilemme gênant à l'insu de tous !
Je m'observe dans la glace. Deviendrai-je une fille facile ? Après tout, s'il me dit quoique ce soit, je pourrais lui retourner le compliment. Lui aussi est un coup facile !
Je longe le couloir vers l'escalier B. Il y a de moins en moins de passage. Cette zone est fermée à la patientèle, car des travaux de rénovation devraient débuter prochainement. Dans la fonction publique, prochainement est tout à fait relatif. Le secteur est fermé depuis déjà six mois.
L'adrénaline excite mes sens, mon pouls s'accélère. Je me sens comme dans un roman de la renaissance, où l'amour courtois allait de concert avec les rendez-vous clandestins. Sauf que là, j'ai un doute sur la courtoisie du rendez-vous.
Nous arrivons en même temps. Ses yeux me déshabillent déjà. Il pose sa main sur mes reins pour m'engager rapidement dans l'escalier désert.
L'endroit est vraiment isolé. Combien de femmes a-t-il déjà emmenées ici ? Qu'importe ! Aujourd'hui, c'est mon tour et je ne le laisserai pas passer !
Lâche la bride Anna ! Tu es venue pour ça ! Mais quelle tension ! Je tremble comme une ado avant sa première fois.
Sa main glisse dans la mienne. Je suis tant bien que mal sa foulée décidée. Ma lèvre inférieure me fait mal. Je dois bien la mordre depuis quelques minutes. Dès que nous en franchissons le seuil, il ferme doucement la porte de l'ancienne salle de consultation.
Ses lèvres s'emparent de ma bouche sans aucune formalité. Sa langue trouve la mienne, s'y mêle dans un baiser affamé. Il presse son torse contre ma poitrine. Ses mains passent sous ma tunique, qu'il me fait retirer. Ses pouces descendent le long de ma colonne, pendant que ses doigts appuient sur mes flancs. Ses mains me contiennent. Je pousse mes seins contre lui. Mon regard se brouille, mes yeux se ferment. J'en veux plus.
Une fois, sur mes hanches, ses doigts plongent dans la chair. Il colle ainsi nos bassins enflammés.
Je sens un souffle d'air sur mes lèvres. Je recouvre la vue un instant. Il a reculé sa tête et son index tire sur mon col pour explorer visuellement mon décolleté.
« Tu bosses comme ça ? » s'étonne-t-il les yeux écarquillés
« Com...comment ça ? » je bégaie
Un sourire franc accompagne son regard mutin, qui ne quitte pas mon encolure.
« Toi, tu es un sacré dérivatif au stress pour les patients ! Surtout avec un soutif rouge ! »
Un trou vient de s'ouvrir sous mes pieds et va encore s'élargir, lorsqu'il verra mes bas ! Quelle cruche !
Dans un élan, je m'efforce de me justifier.
« Non, mais ... » C'est raté.
Il me fixe avec un air franchement amusé et se mord la lèvre.
« Et ça ? Tu l'as mis juste avant de venir ? » Me taquine-t-il en faisant claquer le collant de mon bas sur ma cuisse. Tout en posant un chapelet de baisers le long de ma clavicule, je sens son sourire. Oh ! Que je voudrais fuir !
Ce moment que je rêvais torride s'est métamorphosé en humiliation !
« Tu as un rencart de prévu auhourd'hui ? »
« Tu attends une réponse, là ? Si tu voulais qu'on discute, on aurait pu se voir au café ! »
Son rire contagieux ne s'arrête plus, aucune chance de conserver mon sérieux. Mes lèvres s'étirent elles aussi.
De fines ridules se dessinent autour de ses yeux. Il est vraiment à tomber. Je serai bien incapable de lui résister, même s'il s'amuse un peu trop à mon goût. Il recouvre un instant un semblant de maîtrise avant d'exulter.
« Donc, tu ne vois personne et tu t'es sapée pour moi ! »
Il fallait qu'il le lâche et moi, je suis démasquée et ça me gonfle ! Mais quel con ! Quelle arrogance !
Il m'embrasse tendrement la tempe. Son baiser est empreint de soubresauts.
« Désolé ! Quoique tu penses de ma réaction, tu me plais Brunette ! »
Malgré ses moqueries, sa gaieté m'imprègne et me fait du bien. A la réflexion, j'aurais réagi comme lui.
A chacune de nos rencontres, un courant invisible circule entre nous, juste pour nous.
« Bon. Tu continues de me déstabiliser ou de me chauffer ? » Je lui rétorque, mes yeux noyés dans les siens, une moue déformée par mon bien-être.
« Bonne réponse Brunette ! »
Nos lèvres se joignent à nouveau. Le désir repousse dans un coin la légèreté de notre échange.
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Tant que je pourrai t'aimer (en cours)
RomantikSa vie casanière d'avant, Anna veut mettre une croix dessus. Cette fois, plus personne ne décidera pour elle. Elle change d'hôpital, d'appartement. Sa résolution première : lâcher la bride et rattraper le temps perdu. Elle croise alors la route de J...