Chapitre 3.

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« Eh oui, ma puce... C'est le seul moyen. Les abdos n'aident pas à enlever la graisse.

-Mais !Je n'ai pas de graisse ! Je fais que 50 kilos, pour 1m56 ! Et en plus, c'est mes muscles qui prennent tout...

-C'est trop quand même...

-Bon ! Ça suffit ! J'en ai marre d'entendre ça... Je vais m'entraîner ! »


Je partis vers la poutre, les poings serrés. Je sentis que quelqu'un me suivait, et je m'énervai :

« Rhaa, c'est bon, Patrick hein ! Je ne veux pas maigr... Raphaël ?Hey ! Ça va ?

Ses yeux verts émeraude me fixaient.

-Oui, ça va, merci. Et toi ?

-Ça va, ça va... Juste, excuse-moi, pour...

Il posa un doigt sur ma bouche.

-Ce n'est pas grave, Noémie. Tu ne pouvais pas savoir... Tu peux juste venir derrière les tapis ?

-Mais ton père ne regarde pas...

-Je préfère ne pas prendre de risques. Je n'aime pas qu'il m'observe, en étant avec toi.

On alla derrière les tapis. Ses lèvres tendres s'approchèrent des miennes. Elles se collèrent, et on s'embrassa langoureusement, on avait tous les deux les yeux fermés pour profiter de ce plaisir... Enfin réunis ! Cela faisait si longtemps qu'on ne s'était plus embrassés.

Il me prit par le cou, je fis de même. On était sur un petit nuage,quand Patrick cria :

-Héoh ! On arrête de roucouler, et on vient s'entraîner !

On arrêta vivement de s'embrasser, et je posai mon regard sur le torse de Raphaël.


Il aperçut mon regard, et me demanda :

-Ils sont beaux, hein ?

Confuse et honteuse, je baissai la tête, et regardai mes pieds.

Il me prit par les joues avec ses mains bien chaudes et douces, et se rapprocha de mes yeux. Nos regards se croisèrent intensément, longuement.

-C'est juste que... Tu transpires, et que... On dirait que tu as pris des tablettes...

Je rougis.

-Mon père me fait courir tous les matins avant d'arriver ici. C'est pour ça que je transpire. Et le ventre... Ben, je ne sais pas. C'est avec le temps.

-Hé ! Les amoureux ! Je vous ai déjà dit de ramener votre fraise ! Maintenant !

Il a le don de m'énerver lui, des fois...

Raphaël posa un tout petit baiser sur mes lèvres, et on sortit des tapis encourant.

-Voilà, voilà ! On est là.

-Bon. Vous allez commencer par dix tours de piste, et...

-Quoi ? Mais c'est abusé ! Je viens de courir !

-Et moi je viens de m'échauffer !

-Raphaël, tu n'as pas couru longtemps, Noémie, tu n'es pas assez bien échauffée, et ça fait déjà plus de deux heures !

-Non. Juste deux heures.

-Arrête de râler, et échauffes-toi ! »

Je soufflai, et je courus suivie de Raphaël.


Après dix, voire douze tours de tapis, on dû faire les battements, les équilibres, les roues, les rondades, les flips, les sauts de mains,les souplesses, les saltos, les roulades placement du dos, les sauts.


On se mit par terre, on étira nos épaules, on fit des pompes, des placements du dos, des ponts, des chandelles, des trépieds, des équilibres, de l'équilibre sur un pied, du renforcement, et du gainage sur coudes, sur une main, sur une main et un pied, et voilà.

On passa sur les agrès. Sur la poutre, on fit des roues, des rondades, des flips, des sauts de mains, des ATR, des sauts.


Moi, sur les barres asymétriques, je fis des soleils, des saltos, lâcher la barre, reprise en main, tour complet, sorti en salto tendu décalé.


Après, Patrick nous montra de nouveaux enchaînements. Et il n'a pas arrêté de me crier dessus. Disant que je n'étais pas bien sur la ligne quand j'atterrissais, que ma « révérence » n'était pas assez au point, mes jambes pas assez tendues, pas assez souples,que je ne l'étais d'ailleurs pas assez, et il remit cette histoire de poids sur le tapis :


-Noémie, Noémie ! Ça ne va plus ! On dirait un hippopotame ! Non mais franchement ! Tu crois que tu auras des chances de faire les Championnats ? Je ne sais même pas si tu seras acceptée pour tenter.

Ces paroles me blessèrent plus que toutes les autres au monde.

-Tu veux faire quoi pour que je sois plus souple ? Me tirer sur les jambes ? On m'a toujours dit que j'étais élastique ! Et sinon, oui, on dirait un hippopotame ! Tu sais pourquoi ?Parce que je suis énorme ! Je n'ai jamais rien su faire de bien, sauf ressembler à un cochon desséché ! Aller, ça suffit pour moi, aujourd'hui. Je m'en vais. »

Je rassemblai mes affaires, j'étais prête à partir, quand Raphaël me retint :

« Nono... Il n'a pas voulu dire ça pour te blesser. Il est stressé c'est tout.

-Stressé pour quoi, hein ? Ce n'est pas lui qui va passer les Championnats ! Ce n'est même pas lui qui va m'entraîner, criai-je.

-Il tient à toi, Nono... Il veut que tu réussisses.

-Oui, mais je n'y arriverai pas s'il me traite comme ça, soufflai-je.


Je partis sans rien ajouter, le sac sur le dos, mes rollers aux pieds. Mes larmes commencèrent à descendre près du carrefour. Étais-je si grosse que ça ? Je ne comprends pas.

« Maman... ? Saurais-tu m'éclairer ? Un jour... peut-être ? Ce serait bien... Je ne sais plus quoi faire. Et imagine comment je vais convaincre papa. Déjà quand j'avais treize ans, pour faire une compétition c'était la panique, et l'interdiction, alors pour le championnat de France ? Qu'est-ce que ce sera ? »Dis-je seule dans la rue, les joues rouges, et les yeux remplis de larmes.

J'arrivai chez moi, posai mes affaires, et mis mes chaussons aux pieds.

Il était midi. Dans six heures, il sera temps pour moi de partir, et aller chercher mon frère.


A partir de ce midi, il faudra absolument que j'arrête de manger des chips, du chocolat, des bonbons, du sucre, des frites, trop de viande... Il faudra que je mange seulement les légumes, fruits, et féculents. Plus de pain non plus. Plus de goûter. Même si on m'oblige, je dirai que je ne peux pas. Tous les jours, il faudra que je cours au moins une heure. Comme d'habitude, deux heures de gymnastique au moins par jour. Maintenant, une heure de renforcement, de musculation, de stretching, par jour.



C'est bon, j'ai pris ma décision : Il faut que je maigrisse !

La Gymnastique, une passion. Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant