Chapitre 18

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Je fais ma valise, il est l'heure de partir. J'ai reçu une feuille pour dire que j'étais qualifiée, il faut que je retourne à Paris avec mon équipe, et s'entraîner encore plus pour la finale. Mon père et Fabrice s'agitent encore dans toute la maison. Quant à moi, je finis tranquillement mon sac, la boule au ventre, la gorge serrée. J'ai le stress qui commence à monter, alors qu'il y a encore une semaine voire deux pour pouvoir s'entraîner avant de passer au Championnat.

Arrivée au train, mon père me serre doucement de peur de me briser, car il est persuadé que j'ai perdu beaucoup de poids. Malgré tout, il ne fait rien de plus, de peur que l'on se crie dessus, ou que ça me porte la poisse pour la compétition ou même que j'abandonne.

Je regarde par la fenêtre, les écouteurs dans les oreilles avec la musique de mon sol qui passe en boucle. J'ai les larmes qui commencent à monter, cette musique que j'ai depuis mes treize ans,que j'avais pour ma toute première compétition. Les souvenirs refont surface, Tristan, Raphaël, mes blessures, mes chutes, mon amour pour maman, et surtout mon régime qui tourne à l'anorexie.


***


Une fois arrivée à Paris, j'ai le cœur encore plus lourd que dans le train. Je suis en train de m'éloigner petit à petit de mes parents,de ma bonne santé. Pour pouvoir faire de la gymnastique, ma passion ? Est-il vraiment nécessaire d'en arriver là juste pour réaliser un rêve, ou pour faire une passion ? Je n'en suis plus si sûre à présent. Ce n'est pas la solution, et je le sais au fond de moi. Nous pouvons arriver à réaliser nos rêves, sil'on y croit et si l'on s'en donne les moyens, mais jamais en mettant notre vie trop en danger, à en mourir... Si je continue, la gymnastique va me tuer, comme elle a tué maman, et on ne se souviendra pas de moi. Mais malgré tout, je n'arrive pas à m'arrêter...


Je vais dans ma chambre, où je trouve Diane qui me serre dans ses bras.Elle me dit tout un tas de choses : « Tu m'as manqué, jet'aime ». Qui sont sans importance pour moi, maintenant, et je n'y prête pas du tout attention. J'ai comme un casque coupe-son sur mes oreilles.


« Demain, il va falloir que tu t'habilles chaudement, on va courir !

Je l'écoute sans vraiment l'écouter, si bien qu'elle crie :

-Noémiiie !

-Oui, je t'ai entendu ! Dis-je sur la défensive.

Elle me regarde d'un air absent et hautain.

-Tu es sûre que ça va ? On dirait que tu as perdu trente kilos, et je ne parle même pas de ton humeur. Il faudrait peut-être que tu arrêtes de...

-Non ! Vociférais-je.

Elle recula choquée.

-Ne me demande pas d'arrêter, c'est toi qui m'a poussé à devenir comme ça !

-Ne rejette pas la faute sur moi, s'il te plaît. Je faisais ça pour t'aider.

-Ah bon ? Eh bien, tu vois, ça m'a bien aidé, merci beaucoup.

-Arrête, tu es bien contente d'être arrivée aussi loin. Et si tu n'es pas contente, mange, ne suis pas mes conseils.

-Mais Diane, te rends-tu compte de ce que tu dis ? Demandais-je amèrement.

Elle haussa les épaules, désintéressée.

-Tu me demandes de revenir à un régime alimentaire « normal »comme j'avais avant, alors que j'en ai adopté un autre tout à fait différent, et... je... je l'aime, je suis accro. Avouais-je d'une petite voix frêle.

La Gymnastique, une passion. Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant