Lys Royal

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Marjorie. Même Jour. Même endroit.

Je pose ainsi deux heures et passe, pas moins de huit ensembles. Le thème cette année est... fleuri. Et c'est le moins que je puisse dire. Après le « Lila Noir », je porte" l'Iris d'Eau", "la Rose Innocente" et j'en passe et des meilleurs. Ces ensembles sont, ceci dit, magnifiques. Mon œil averti remarque immédiatement tout le soin apporté par leur créateur. Ce sera encore sans conteste une grande collection.

Alors que je finis le shooting en "Lys Royal", Pandora, la directrice de casting de Victoria's Secret fait une entrée remarquable et remarquée.

- Marjo, Darling ! Je n'y ai pas cru quand on me l'a dit. Tu es époustouflante. Phénoménale. Tu vas faire décoller la collection !

Maddox se décide à éteindre les projecteurs qui m'inondaient de leur lumière crue. On me tend une main et je peux enfin descendre du décor.

- Cet ensemble est fait pour toi Darling, me dit-il.

Je baisse les yeux sur le soutien-gorge en demi-coque de satin blanc brodé de perles et sur le tangua assorti. Je porte également un demi-corset qui imite les pétales du lys en s'évasant en deux longues pointes qui tombent en corolle sur mes cuisses. Ces deux dernières cachent habillement le porte-jarretelles qui maintient mes bas blancs. Je porte également des sandales à lanières argentées et aux talons de quatorze centimètres au moins.

- C'est vrai, pas mal.

Pandora éclate de rire.

- Tu as toujours été difficile, Marjorie. Permets-moi de te l'offrir celui-là. Pour te remercier de nous avoir dépannés.

- À charge de revanche Pandora. Je veux les photos avant la publication. Je file. Je suis en retard.

J'attrape mon jean et mon top que je fourre dans mon sac Gucci, j'enfile mon peignoir. Inutile de me rhabiller, vu la prochaine séance d'essayage... Je m'extrais de la foule non sans signer une dizaine d'autographes et file au pas de course pour rejoindre le dernier étage où m'attend une vieille amie. Elle est première main chez Dior et m'a promis une robe de rêve pour le mariage de Joe et Richard. Je devais la rejoindre à son atelier personnel il y a deux heures déjà. J'emprunte les couloirs arrières réservés au personnel et attends devant l'ascenseur.

L'appareil met du temps à arriver. Je soupire. Enfin, au bout de ce qu'il me semble une éternité, le Ping retentit et les portes s'ouvrent. J'entre d'un pas décidé, appuie sur le bouton du dernier étage et remarque enfin, l'homme qui est déjà à l'intérieur.

Un mètre quatre-vingt-cinq ou dix, bien bâti, les cheveux couleur miel, les yeux verts, bronzé, la mâchoire carrée, les traits fins et durs mais bienveillants, il est magnifique sans conteste. Habillé d'un simple jean brut et d'un polo noir faisant ressortir sa musculature fine et déliée, cet homme a tout pour me plaire. Il hoche la tête lorsque je rentre dans la cabine et me détaille sans aucune gêne. Je le laisse faire, intriguée.

Son regard n'est ni concupiscent, ni obscène. Il m'observe comme un homme le fait quand une femme lui plaît vraiment : avec douceur, violence, désir et envie. Il ne paraît même pas surpris de voir une fille à moitié nue prendre l'ascenseur de service des Galeries Lafayette. Je m'adosse conte la paroi en croisant une cheville sur l'autre. Un pan de mon peignoir s'ouvre et lui offre une vue imprenable sur ma cuisse gainée de bas blanc...

Il esquisse un sourire et arque un sourcil. Il s'adosse également et croise ses bras. Je remarque à ce moment-là, son odeur. Une odeur de sel marin et de grand air. Une odeur à la fois musquée, fraîche, et virile. Il passe une main dans ses cheveux...

Mon Dieu ses mains...

Fortes et larges. Des mains de manuel, habituées à travailler.

Immédiatement, je m'imagine cet homme à genoux devant moi. Je l'imagine lui ordonner de me faire tout un tas de choses avec ses doigts si épais... Peut-être même l'autoriserai-je à utiliser sa langue et...

Ouh là Marjorie, on se calme ! Repos Soldat !

Je me rappelle à l'ordre. Ce n'est ni le lieu, ni le moment de laisser Huntress prendre le dessus.

Pourtant, je sais reconnaître les signes et il y a bien longtemps – trop même je dirais que cela ne m'était pas arrivé. Cet homme me plaît et me fait fantasmer. Mon corps a immédiatement réagi à sa présence. Le sien aussi d'ailleurs en sens inverse. Ses muscles se sont légèrement tendus, sa respiration imperceptiblement accélérée, et, son odeur corporelle a envahi la cabine... Un mélange grisant de phéromones et de testostérone qui me met l'eau à la bouche...

- Cet ascenseur est bien long, me dit-il dans un français parfait avec un accent méditerranéen toutefois.

Je me redresse et fixe des yeux l'écran digital qui annonce les étages, quand soudain tout devient noir et notre montée s'arrête brusquement.

Perchée sur mes talons de quatorze, je bascule en avant et lui tombe littéralement dans les bras. Il me retient avec force et douceur et la chaleur de son corps m'enveloppe immédiatement. Ses mains descendent sur ma taille et en font quasiment le tour, quand il me repose gentiment sur mes pieds.

- Tout va bien mademoiselle ?

Toujours cet accent qui m'évoque la chaleur des épices et du soleil, l'âpreté de l'huile d'olive et le chant des cigales...

Soldat Marjo, on se recentre !

- Oui, merci.

- Ça ressemble à une panne de secteur général. Il va falloir s'armer de patience.

Je resserre la ceinture de mon peignoir. Une lumière de sécurité s'allume dans un recoin de la cabine et nous offre un peu de clarté. Mais une clarté trouble, qui donne à son visage parfaitement ciselé un air mystérieux et conquérant. Je ne peux m'empêcher d'évaluer la marchandise...

Déjà parce que je suis du monde de la mode – et mon Dieu, bien des hipsters tueraient pour avoir son physique d'Apollon – et ensuite, parce que Huntress est vraiment très, très intéressée par ce superbe spécimen de mâle. Il a quelque chose. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce que c'est, mais il a quelque chose...

C'est comme si le Grand Artisan de l'Univers avait créé un chef-d'œuvre de puissance et de retenue. De force et de douceur. De bienveillance et d'agressivité. Il est l'équilibre parfait des sept vertus et des sept péchés capitaux...

Pour un peu, je deviendrais presque croyante... Presque...

Je passe une langue gourmande sur mes lèvres. J'ai faim.

- J'ai l'impression que nous allons être bloqués ici pour un moment, me dit-il. J'espère que vous n'êtes pas...

Il fronce les sourcils en cherchant le mot qui lui échappe.

- Claustrophobe ? je propose.

- C'est ça ! dit-il en claquant des doigts et en m'offrant un sourire éblouissant.

Waouh !!! Crise d'hystérie intérieure dans 3, 2, 1...

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Fire Crush - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant