Confession

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Neptune. 01 Juillet 2015. Brest.

Je n'ai pas vu Diane depuis quatre jours, soit 96 heures, 5 760 minutes et 345 600 secondes. Qui a dit « plus c'est long, plus c'est bon » déjà, que je lui foute mon poing dans la gueule ?

Deux citations me viennent à l'esprit, réminiscence d'un temps ancien où j'usais mes fonds de pantalons sur les bancs d'école...

La première de Joseph Joubert :

« Imitez le temps, il détruit tout avec lenteur, il mine, il use, il déracine, il détache et n'arrache pas. »

C'est précisément ce que je ressens. Je suis miné, usé et déraciné. Pas à cause de mes soucis actuels ; enfin si aussi, mais surtout, parce que Diane me manque. Depuis, notre dernier SMS rempli de promesses, je n'ai pas une minute à moi, accaparé par tout un tas d'emmerdes qui se multiplient comme les rats à fond de cale. C'est vous dire...

Ce qui m'amène directement vers ma seconde citation :

« Temps : éternel sujet de conversation. Toujours s'en plaindre. » de Gustave Flaubert.

Je grogne, je peste, je réponds par onomatopées. Je ne suis pas efficace. Ce qui rajoute encore un peu plus de choses à gérer et donc plus de temps loin d'elle, là où mon esprit me hurle de tout lâcher et de prendre le premier avion pour aller la retrouver. Je passe mon temps, (oui encore !) à m'auto apitoyer sur mon sort. Bordel ! J'en ai marre d'avoir l'impression constante d'un estomac rempli d'acide. Il faut que je me reprenne. Je dois gérer tout ça avant de la retrouver. Sans quoi, je ne serais pas totalement avec elle. Or, j'ai besoin de savoir que quand je la retrouverai, je n'aurai qu'elle à m'occuper.

Mon téléphone sonne.

Je ferme les yeux en voyant le nom qui s'affiche.

- Salut.

- Salut Capitaine lâcheur.

Je soupire.

- Tu m'en veux ?

- Humm, voyons, je réfléchis.

- Écoute, je suis vraiment désolé.

Je tente de me rattraper... Mais je suis pitoyable.

- C'est un peu court ça. Je croyais que tu avais dit qu'on serait toujours amis toi et moi et quoi qu'il se passe ? Tu m'aurais menti ?

Ton cynique et mordant.

- Putain. C'est la merde en ce moment dans ma vie. Tout part en vrille. Tu dois être au courant non ? Entre ma mère, et le reste... Je suis en train de tourner psycho ! Et c'est effectivement la version courte que je te sers là.

Je fais les cent pas sur le pont du bateau où je crèche pour les quelques jours où je suis à Brest.

- Je serais ravi d'avoir la longue. C'est quoi l'histoire ? Pourquoi tu m'as planté l'autre jour ? T'as rien dit. Ce n'est pas dans tes habitudes. Je finis vraiment par me demander si ça n'a pas à voir avec...

- Non, je coupe. Non, ça n'a rien à voir avec toi, ni avec... Notre situation.

- Tu es sûr ?

- Certain.

- Donc, si tu ne me parles pas, c'est parce que... ?

J'hésite. Est-ce que je peux lui raconter ça ? Je ne suis pas bien certain de la réaction que ça pourrait provoquer...

- Putain, tu as été là pour moi quand j'en avais besoin. Je sais que tu n'es pas particulièrement du genre à t'épancher, mais on se connaît depuis qu'on est gosse toi et moi. Tu sais que tu peux tout me dire.

Fire Crush - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant